L'effet de l'implosion de nuages de mélanges poussière-gaz ou poussière-air a été à la base de la création de munitions appelées "bombes à vide". Au moment où ces munitions rencontrent un obstacle, le mélange se pulvérise en formant un nuage d'aérosol qui explose avec un certain retard. La zone de haute pression qui se crée alors frappe le personnel ennemi dans les zones inaccessibles aux munitions à fragmentation traditionnelles.
Le cycle de travaux "Initiation et propagation des ondes de détonation dans un espace ouvert", dû à un collectif d'auteurs de différents centres de recherche de Russie, a été récompensé par le Prix d'Etat pour l'année 2002.
Selon l'un des lauréats, Anatoli Vassiliev, docteur en physique mathématique et chercheur à l'Institut d'hydrodynamique Lavrentiev de la Filiale sibérienne de l'Académie des sciences de Russie, les scientifiques se sont intéressés aux fondements physiques des implosions. De tels systèmes ont été utilisés en Afghanistan et dans d'autres endroits. Ils ont été baptisés "bombes à vide" par les journalistes. En réalité, leur action est fondée sur le principe physique suivant: un certain volume de combustible liquide est dispersé dans l'air, créant un nuage de mélange explosif et composé de myriades de gouttelettes. Reste à provoquer l'explosion.
En fait, les premières explosions de ce type avaient été observées dès le XIXe siècle (coups de grisou dans les mines). On s'était mis à étudier de près le phénomène après l'apparition d'explosifs à base de nitroglycérine. La course aux armes nucléaires avait exercé un impact notable sur ces études. L'arme nucléaire utilise d'autres principes énergétiques, mais les problèmes de l'initiation de l'explosion et des conséquences sont semblables.
Dans un entretien accordé au journal Science en Sibérie, Anatoli Vassiliev a rappelé que les munitions à vide avaient vu le jour comme moyen de se frayer un passage dans les champs de mines. Elles n'étaient alors pas considérées comme une arme antipersonnel, mais uniquement comme un procédé de déminage très rapide. Les démineurs, ont le sait, ne se trompent qu'une seule fois dans leur vie, et les rouleaux compresseurs poussés par des chars s'usent également. L'idée était simple: disperser sur un champ de mines un mélange volatil facile à faire exploser pour détruire pratiquement en un rien de temps tout ce qui y est caché. Cette idée avait été développée dans les années 1970. Puis on s'est rendu compte que d'autres possibilités existaient aussi. Dans des conditions où les bâtiments sont faits d'argile mélangé à de la paille hachée (un obus s'y enlise comme dans une sorte de pâte) et où la terre est creusée de souterrains, l'idée d'un autre emploi pour cette munition s'est imposée.
Mais, souligne le chercheur, se limiter aux applications militaires serait une erreur. Comprendre les principales lois de l'implosion permet de la gérer et de l'utiliser dans différents processus technologiques, dont le recyclage de pneus usés, le nettoyage de dépôts de poussière sur des équipements industriels...