Les satellites russes: toujours moins encombrants, plus légers, moins chers...

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Par Iouri Zaïtsev, de l'Institut de recherche spatiale, pour RIA Novosti
Par Iouri Zaïtsev, de l'Institut de recherche spatiale, pour RIA Novosti

Tendance de la mode spatiale: les satellites "maigrissent", à vue d'oeil. En fait, pratiquement tous les Bureaux d'études russes ont présenté sur leurs stands au récent Salon aérospatial de Joukovski MAKS 2007, en août dernier, des projets de Petits appareils spatiaux (PAS). Car les technologies modernes permettent déjà à ces appareils dont la masse ne dépasse pas quelques centaines de kilos de réaliser des missions dont seuls des satellites de plusieurs tonnes pouvaient s'acquitter dans le passé.

Des microsatellites (d'une masse de 10 à 100 kg) et des nano-satellites (de 1 à 10 kg) sont déjà construits. A l'horizon, on voit se dessiner déjà des pico-satellites, d'une masse de moins d'un kilo même si leur utilisation pratique sur une vaste échelle n'est envisageable qu'à longue échéance.

Certes, ces "bébés" ne remplaceront jamais entièrement leurs "confrères adultes". Par exemple, on ne saurait réduire les dimensions des observatoires spatiaux (car on ne trompera pas les lois de l'optique!), ni encore celles des stations interplanétaires destinées à remplir de vastes programmes de recherche, dont l'acheminement sur notre planète d'une substance extraterrestre.

Le coût peu élevé de la construction et de la mise sur orbite des PAS est un de leurs principaux avantages. Relativement peu chers et facilement adaptables pour réaliser telle ou telle mission, ils peuvent être mis sur orbite par des lanceurs de classe légère. Des fusées lourdes seront en mesure de porter dans l'Espace des grappes entières comportant plusieurs dizaines de PAS à la fois. Le recours aux Petit appareils spatiaux réduira l'ampleur des pertes en cas de pannes au décollage et sur orbite. Compte tenu du prix peu élevé de ces appareils, ceux-ci pourraient former des systèmes entiers de satellites pour réaliser différentes missions de télécommunication, de sondage de la surface terrestre ou de recherche.

Le Programme fédéral spatial russe pour 2006-2015 prévoit - dans le cadre du projet "Petits appareils spatiaux pour la recherche fondamentale" - cinq tirs de PAS: en 2008, 2009, 2011, 2013 et 2015. Ces appareils ont été élaborés dans le souci d'unifier au maximum leurs éléments et les plateformes spatiales, en vue de les adapter à la réalisation d'un vaste éventail de missions. Avec leur aide, on étudiera le Soleil et les rapports Soleil-Terre, les rayons spatiaux, les phénomènes physiques dans l'atmosphère, l'ionosphère et la magnétosphère de la Terre. Le programme prévoit également l'observation de la Terre depuis l'Espace pour le compte de la recherche fondamentale et le sondage de la surface terrestre. Cet effort de recherche doit mieux nous informer sur la dynamique et la structure détaillée de la surface océanique: les marées, les tsunamis, les mouvements et les courants géants, les lames de fond, tout en apportant de nouvelles précisions à la topographie de la Terre.

Sur certains axes, on mise sur la participation directe des centres de recherche d'Europe, des Etats-Unis et d'Asie aux expériences menées à bord des satellites russes et sur la réalisation de programmes scientifiques conjoints, avec la création de groupements orbitaux mixtes (russes et étrangers) pour effectuer des mesurages simultanés dits multiponctuels. En étudiant, par exemple, la magnétosphère de la Terre, on saura, études "terrestres" à l'appui, faire une nette distinction entre les variations spatiales et temporelles de ses paramètres. C'est nécessaire pour pouvoir prédire correctement la "météo spatiale" et étudier son impact sur la biosphère, dont l'Homme.

La plateforme unifiée Karat développée au Groupement science-production Lavotchkine est un exemple d'un Petit appareil spatial. Compte tenu du poids du carburant et de la réserve dite de constructeur (redondance fonctionnelle), sa masse s'élève à 96 kg tout au plus. Et pourtant, la plateforme est en mesure de porter 60 kg de charge utile. Un micro-appareil installé sur Karat peut être mis sur orbite comme sonde autonome ou comme charge d'accompagnement (avec d'autres appareils spatiaux). Ceci dit, les possibilités dans la formation de son orbite de travail peuvent être élargies grâce à l'utilisation d'un booster.

Le satellite de sondage à distance de la Terre, Monitor-E, conçu et construit au Centre de recherche et de production Khrounitchev, est déjà opérationnel sur la base de la plateforme unifiée Iakhta.

Des PAS ayant pour base la plateforme Strela conçue par le Centre de Constructions mécaniques (Mashinostroyeniye) sont déjà préparés au lancement. Des radars ou des systèmes optoélectroniques de sondage à distance de la Terre en seront la première charge utile. Les deux systèmes possèdent une très grande résolution et le nom de l'appareil - Condor - le fait ressortir. Un autre petit appareil spatial de télécommunications, Rouslan, est en élaboration.

Le Bureau d'études Arsenal (Saint-Pétersbourg) a achevé la conception de la petite plateforme spatiale Neva. Sur sa base, on créera des appareils d'une masse de moins de 300 kg à mettre sur orbite à l'aide d'une fusée portée par l'avion Tupolev-22M. (La vocation de chacun de ces appareils est définie par le module de systèmes ciblés). Les études menées par Arsenal ont démontré la possibilité de la création, sur la base de la plateforme Neva, d'un petit appareil spatial équipé d'un radar à ouverture relative synthétisée pour mener le sondage du mouvement des glaces en Arctique. Mission qui est d'actualité non seulement pour la Russie mais aussi pour les autres pays qui manifestent de l'intérêt pour les ressources naturelles du plateau continental des mers du Nord. Le traitement de photos prises par le radar sera effectué dans le satellite même. L'information sera transmise vers les récepteurs existants destinés à traiter les données fournies par les satellites de sondage à distance de la Terre (Ressource-DK, Monitor, Condor). Selon les estimations préliminaires, le coût d'une image couvrant une superficie de 550 km sur 550 fournie par ce satellite sera de 300 à 600 dollars. Comparez: une image analogue parvenant du canadien RodarSat (un grand appareil traditionnel) coûte 3.000 dollars et plus.

On a déjà présélectionné une dizaine de projets sur la base de la plateforme Neva. La mise sur orbite d'appareils spatiaux peut être assurée par chacun des lanceurs existants en fonction de leur puissance, en tir isolé ou collectif. Pourtant, les lancements à partir d'avions seront privilégiés.

L'Agence spatiale de Russie a présenté au Salon aérospatial MAKS 2007 le petit satellite Sterkh, conçu au Groupement science-production de Mécanique appliquée de Krasnoïarsk (Sibérie orientale). L'appareil est destiné à moderniser le système spatial de recherche et de sauvetage CORSAT-SARSAT. Cet appareil permettra de définir avec davantage de précision les coordonnées des naufragés. Le satellite est en mesure de transmettre l'information pratiquement en temps réel.

L'exploitation des Petits appareils spatiaux sur la base de plateformes unifiées doit permettre à la Russie d'élargir notablement les possibilités de ses groupements orbitaux et de consolider ses positions dans la recherche spatiale.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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