Anna Politkovskaïa avait travaillé dans ce journal.
"M. Tchaïka (Procureur général de la Fédération de Russie) et son adjoint Viktor Grin n'ont pas ménagé leurs efforts dans l'enquête sur ce crime", a notamment déclaré M. Mouratov.
Le Procureur général russe Iouri Tchaïka a annoncé lundi l'arrestation de dix personnes soupçonnées d'implication dans le meurtre de la journaliste de la Novaïa gazeta Anna Politkovskaïa, tuée par balle le 7 octobre dernier dans le hall de son immeuble, rue Lesnaïa, en plein coeur de Moscou. Selon M. Tchaïka, organisateurs, auteurs et complices de ce crime ont été arrêtés. Selon le Parquet général de la Fédération de Russie, le commanditaire de ce crime abominable réside à l'étranger.
Quoi qu'il en soit, Dmitri Mouratov juge prématuré de parler du commanditaire du crime. "Il n'est pas très professionnel ni même correct de parler du commanditaire, en décrivant son physique, avant la fin de l'instruction judiciaire et le début du procès", a estimé le journaliste.
Et d'ajouter que juste après le meurtre d'Anna Politkovskaïa, ses collègues ont lancé leur propre enquête. Les résultats de cette enquête journalistique seront sans doute différents de la version que le Procureur général vient de publier, a indiqué le rédacteur en chef de la Novaïa gazeta.
"Tout porte à croire que nos avis se distingueront des évaluations politiques données par le Parquet général de la Fédération de Russie", a-t-il poursuivi.
Dans le même temps, Dmitri Mouratov a reconnu que l'équipe de l'enquêteur en chef Piotr Garibian "travaillait avec le plus grand professionnalisme".
Néanmoins, la présidente du groupe d'Helsinki de Moscou, la célèbre dissidente Lioudmila Alexeeva, s'est montrée plutôt sceptique face aux révélations du Procureur général.
"Je suis évidemment heureuse que des progrès aient été effectués dans la recherche des assassins d'Anna Politkovskaïa, mais le fait que le Parquet général a arrêté dix personnes ne prouve pas forcément que les assassins ont bien été retrouvés", a déclaré à RIA Novosti la militante des droits de l'homme.
Selon Mme Alexeeva, en Russie, il n'est pas rare qu'on arrête des personnes parfaitement étrangères à une affaire.
