Estonie: un ancien combattant accusé de génocide risque la prison à vie

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TALLINN, 23 août - RIA Novosti. Près de 80 personnes se disent prêtes à témoigner contre Arnold Meri, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale accusé de génocide contre des civils estoniens, qui risque la prison à vie, a annoncé jeudi le parquet de Tallinn.

"Nous avons des preuves attestant que M. Meri a participé aux préparatifs de la déportation de mars 1949. Habilité par le comité central du Parti communiste d'Estonie, il était l'un des coordinateurs de cette opération", a déclaré au quotidien Postimees la procureure du district Lääne de Tallinn, Sirje Hunt, qui avait envoyé le dossier au tribunal la semaine dernière.

Selon elle, M. Meri "a dirigé et contrôlé la déportation d'Estoniens depuis l'île de Hiiumaa". "Le dossier contient les noms de centaines de témoins, et nous espérons qu'environ 80 d'entre eux interviendront devant les juges", a souligné Mme Hunt.

Le 25 mars 1949, les autorités soviétiques ont arrêté 251 civils à Hiiumaa, une île estonienne dans la mer Baltique, pour les déporter à vie en Sibérie. En 1949, Arnold Meri était membre du comité central du Parti communiste d'Estonie et premier secrétaire des Jeunesses communistes d'Estonie. Il risque la perpétuité si son implication dans la déportation des Estoniens est prouvée.

Arnold Meri, qui plaide non coupable, ne nie pas le fait qu'au printemps 1949 il a été dépêché sur l'île de Hiiumaa par les Jeunesses communistes pour contrôler le processus de déportation. Selon lui, il n'était pas chargé d'organiser la déportation, mais de vérifier les listes des Estoniens à déporter et de prévenir les abus de la part des autorités locales.

Fin 1951, une dénonciation calomnieuse lui a coûté l'exclusion du Parti communiste et la perte du titre de Héros de l'Union soviétique et d'autres décorations, le comité central ayant estimé que sa participation à la déportation d'Estoniens en Sibérie était trop passive. En 1956, sur appel adressé au XXe Congrès du Parti communiste de l'URSS, Arnold Meri a rejoint les rangs du parti, et les décorations lui ont été restituées.

"Je ne comprends pas comment on peut qualifier de génocide le comportement d'une personne qui a aidé les victimes du génocide", a déclaré son avocat Sven Sillar sur la chaîne de télévision Kanal 2.

"On sait depuis vingt ans ce que j'ai fait à Hiiumaa, a indiqué Arnold Meri dans une interview au quotidien Eesti Päevaleht. Le jeu des accusations a commencé il y a douze ans, en 1995. Je ne pense pas qu'il me reste plus de deux ans à vivre, mais tout porte à croire qu'on fera durer l'enquête pendant tout ce temps-là. Il est clair que j'ai participé aux événements de Hiiumaa, mais pas dans le rôle qu'on m'impute."

M. Meri se plaint de problèmes de santé. "Je suis pratiquement aveugle et sourd. Je viens de mesurer ma tension artérielle, et sur le cadran l'aiguille a dépassé le chiffre de 200. Cela en dit long sur ma santé", a-t-il dit.

Cousin du premier président de l'Estonie indépendante, Lennart Meri, l'ancien combattant a reçu son titre de Héros de l'Union soviétique pour avoir défendu l'état-major du corps d'armée de Porkhov, dans la région de Pskov: blessé lors des combats du 18 juillet 1941, il est resté sur le champ de bataille et a continué de diriger les troupes.

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