On croyait que la grand-messe du Bourget, qui a précédé de deux mois le Salon international de l'air et de l'espace MAKS-2007 inauguré le 21 août, avait rassemblé tout ce qu'il y avait de neuf dans l'industrie aérospatiale. Pourtant, certaines nouvelles fusées exposées à Joukovski, dans la banlieue de Moscou, semblent avoir des chances réelles de défier la concurrence mondiale.
Si la navette spatiale Kliper conçue par le groupe Energia, leader de l'aérospatiale civile russe, était au centre de l'édition précédente du salon MAKS, en 2005, le favori de cette année serait le bureau d'études Makeïev (Oural) connu pour avoir conçu plusieurs systèmes d'armes sur la base de missiles balistiques stratégiques.
Cette fois, Makeïev présente deux lanceurs résolument nouveaux. Le premier est une fusée porteuse à deux étages dont le premier, Rossianka, est récupérable. Cette fusée a ceci de particulier que son booster récupérable peut allumer plusieurs fois ses moteurs pour revenir et atterrir dans la zone du lancement. Le lanceur peut être utilisé pour placer des appareils spatiaux sur une trajectoire de vol lunaire ou martienne.
La présentation même de technologies lunaires et martiennes montre que l'Agence spatiale russe (Roskosmos) envisage de réviser son programme de développement de l'astronautique qui ne prévoit pas, d'ici 2015, de travaux sérieux pour organiser des vols automatiques ou pilotés au-delà de l'espace circumterrestre. Si la Rossianka se prépare un avenir de lanceur luno-martien, Roskosmos aura prochainement besoin de réviser radicalement le financement de ses projets d'exploration de l'espace lointain.
Le second projet de Makeïev, dit "Air Launch", figure en revanche dans le Projet fédéral spatial 2006-2015. Son originalité est qu'il n'est plus nécessaire d'utiliser un pas de tir terrestre, coûteux et écologiquement sensible. Le rôle de lanceur sera confié à la fusée Poliot consommant un propergol écologique qui décollera depuis un avion de transport lourd An-124-100 Ruslan.
Le programme Air Launch est également très prometteur sur le plan commercial. Un accord vient d'être signé avec l'Indonésie qui prévoit le lancement à partir d'avions décollant de l'île indonésienne de Biak. Cette dernière a l'avantage de se trouver près de l'équateur, à 1° de latitude Sud. De Biak, on pourrait donc lancer un satellite plus lourd qu'à partir de Baïkonour ou de Plessetsk. Selon des estimations, un tel lancement coûtera près de 23 millions de dollars, soit deux fois mois cher que le lancement traditionnel d'une fusée Soyouz-2.
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