"La Russie réclame le pôle Nord", titre The Independent, au-dessus d'une illustration occupant toute la première page du journal.
"En termes de témérité et de performance technique, on peut comparer cela au premier pas sur la Lune en 1969", peut-on lire dans l'article. "Mais il y a une différence cruciale. Sur la Lune, il n'y avait pas de possibilité d'extraire des minéraux, alors que le fond de l'océan Arctique est supposé regorger de réserves de pétrole et de gaz".
Selon l'auteur de l'article, les prix élevés des produits énergétiques et l'épuisement des gisements traditionnels poussent à mettre en valeur des régions extrêmes de la planète. "Ce n'est pas seulement une question scientifique et d'exploitation des ressources. C'est également une question politique", souligne le journal.
"L'Arctique est l'arène de la nouvelle "guerre froide", dans la mesure où les pays rivaux participent à la course pour le contrôle du pôle Nord et pour les richesses présentes au fond de l'eau", affirme le Times.
"L'audacieuse plongée russe ne change rien au niveau des normes juridiques, mais elle agace les autres pays ayant des prétentions dans l'océan Arctique. Cette expédition montre également que la Russie peut appuyer ses prétentions par une présence physique dans des conditions aussi rigoureuses", poursuit le quotidien.
The Independent reconnaît qu'après les derniers évènements survenus entre la Russie et l'Occident, "tous les mouvements de Moscou sont considérés comme suspects".
"Mais personne ne pense réellement que le monde est à l'aube d'une nouvelle guerre. Se préoccuper des conséquences écologiques des ambitions russes visant à s'emparer un peu plus des ressources énergétiques, et des conséquences qu'engendrerait l'installation d'une plateforme au milieu des glaces de l'océan arctique qui sont en train de fondre, semble beaucoup plus réaliste", constate le journal.
"Cette bataille pour les nouvelles ressources pétrolières de l'Arctique met toute l'humanité en danger. Bien que cette expédition soit captivante, il serait préférable pour l'humanité que l'Arctique demeure un coin de nature sauvage intact", poursuit le journal.
Le Guardian lui fait écho en rappelant à tous les pays de la région de l'Arctique que l'océan glacial Arctique doit rester sous la compétence de l'Autorité internationale des fonds marins auprès de l'ONU. "L'Arctique demande juste qu'on le laisse en paix... Le fond marin et le plateau continental sont en dehors de toute juridiction nationale et constituent l'héritage collectif de l'humanité", énonce l'article.
Le Guardian reprend les paroles de l'un des dirigeants de l'institut polaire norvégien, Kim Holmen, qui conteste la logique russe selon laquelle les dorsales sous-marines constituant le prolongement de la plateforme sibérienne devraient appartenir à la Russie.
"Les Etats-Unis et l'Europe aussi étaient unis, les Appalaches et les montagnes d'Ecosse ne formaient qu'un ensemble géologique, mais l'Ecosse ne peut pas prétendre sur cette base qu'une partie des Etats-Unis lui appartient", précise le scientifique.