Un groupe d'hommes politiques occidentaux avait antérieurement dénoncé l'expédition arctique russe, accusant la Russie de vouloir rattacher le plateau continental à son territoire. Ainsi, dans une interview accordée aux chaînes de télévision occidentales, le chef de la diplomatie canadienne, Peter MacKay, avait déclaré que l'on ne vivait plus au XVe siècle et que nul n'était autorisé à "aller n'importe où dans le monde, planter des drapeaux et dire: nous revendiquons ce territoire".
Tout pays de la zone peut émettre des prétentions sur cette région, mais il doit procéder de la même manière que la Russie: fournir les preuves indispensables à l'appui de ses revendications, estime l'expert russe.
Selon M. Kolodkine, les affirmations selon lesquelles la Russie utiliserait des méthodes datant de "l'époque des grandes découvertes géographiques" sont erronées et dictées par une connaissance insuffisante des réalités juridiques.
"L'expédition polaire a été effectuée à la demande de la Commission des limites du plateau continental, et c'est précisément elle qui en examinera les résultats", a précisé M. Kolodkine.
La Commission des limites du plateau continental est un organisme international habilité à émettre des recommandations relatives à l'établissement des limites extérieures du plateau continental. Les limites établies par l'Etat côtier sur la base de ces recommandations sont définitives et obligatoires.
La Russie est le premier pays à avoir déposé en 2001 aux Nations unies une demande de fixation des limites extérieures de son plateau continental en Arctique, ainsi que dans les mers de Béring et d'Okhotsk. Ce faisant, elle a affirmé ses droits sur le plateau continental étendu.
Examinant la demande russe en 2002, la commission a notamment conclu que les données fournies par Moscou ne suffisaient pas pour considérer les zones de l'océan Arctique indiquées comme faisant partie du plateau continental russe, et a recommandé une étude complémentaire.
"Nous ignorons si la commission jugera que les résultats de notre expédition ne prouvent rien ou si elles les reconnaîtra", a fait remarquer M. Kolodkine. "C'est elle qui prendra la décision définitive", a-t-il ajouté.
Selon l'expert, cette décision pourra faire l'objet d'un recours. "Il existe une juridiction internationale et différents organes compétents pour examiner cette question", a-t-il souligné.