La Russie plante son drapeau sous le pôle Nord (SYNTHESE)

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Deux bathyscaphes sont descendus à 4.261 m et 4.302 m de profondeur sous le pôle Nord, une première dans l'histoire de l'exploration polaire, pour entre autres y planter un drapeau de la Russie.
MOSCOU, 3 août - RIA Novosti. Deux bathyscaphes sont descendus à 4.261 m et 4.302 m de profondeur sous le pôle Nord, une première dans l'histoire de l'exploration polaire, pour entre autres y planter un drapeau de la Russie.

Réalisée dans le cadre de l'expédition Arctique-2007, cette plongée de plus de huit heures a été couronnée de succès. "Les chercheurs sont restés au fond pendant près de 40 minutes et ont réalisé le programme des travaux. Les deux équipages sont dans un état physique normal", a annoncé l'Institut de recherches arctiques et antarctiques qui dirige l'expédition.

L'un des bathyscaphes a été piloté par l'océanologue Anatoli Sagalevitch. Artour Tchilingarov, président de l'Association des chercheurs polaires russes et député à la Douma (chambre basse du parlement russe), faisait partie de son équipage.

Le deuxième appareil avait un équipage international: outre le pilote, le Russe Evgueni Tcherniaïev, il comprenait l'Australien Mike McDowell et le Suédois Frederik Paulsen.

Le président russe Vladimir Poutine a téléphoné aux chercheurs pour les féliciter du succès de cette plongée.

MISSIONS DE L'EXPEDITION

La plongée a permis, pour la première fois, de prélever quelques échantillons de sol et de faune sous-marine qui serviront à l'étude détaillée du fond sous le pôle Nord.

Les chercheurs ont par ailleurs planté au fond de l'océan Arctique un drapeau de la Russie et laissé une capsule contenant un message pour les générations futures.

L'un des objectifs poursuivis par l'expédition est de préciser les limites du plateau continental russe dans la région qui s'étend des îles de Nouvelle-Sibérie jusqu'au pôle Nord. S'ils parviennent à démontrer que les dorsales Lomonossov et Mendeleïev, qui vont jusqu'au Groenland, constituent un prolongement géologique du plateau continental russe, la Russie pourrait réclamer les droits à l'exploration de 1,2 million de kilomètres carrés supplémentaires en Arctique et de mettre en valeur des gisements colossaux de pétrole et de gaz dans le triangle Tchoukotka-Mourmansk-pôle Nord.

Interrogé sur les missions de cette expédition, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a indiqué: "L'objectif de cette expédition n'est pas de faire valoir les droits de la Russie, mais de prouver que notre plateau continental s'étend jusqu'au pôle Nord".

Le président de la Douma, Boris Gryzlov, a pour sa part souligné que la Russie assistait à l'ouverture d'une nouvelle page dans l'exploration des richesses polaires. "Il s'agit de projets ambitieux d'exploration et de mise en valeur du plateau continental, ce qui correspond entièrement aux intérêts stratégiques de la Russie. Je suis fier que notre pays reste un leader dans l'exploration de l'Arctique", a-t-il déclaré à la presse.

La lutte pour l'Arctique s'est intensifiée en raison de l'épuisement des ressources énergétiques. Selon les géologues, le fond marin de l'Arctique recèlerait jusqu'à un quart des réserves mondiales de pétrole et de gaz naturel. La concurrence oppose les huit pays riverains: les Etats-Unis, la Russie, le Canada, l'Islande, la Norvège, la Suède, la Finlande et le Danemark, qui contrôle le Groenland.

NOTION DE "PLATEAU CONTINENTAL"

Le terme de "plateau continental" est défini dans la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982, que la Russie a rejointe en 1997.

Aux termes de cette convention, le plateau continental comprend les fonds marins et leur sous-sol "jusqu'au rebord externe de la marge continentale", son prolongement minimal étant de 200 milles marins à partir du littoral. Les Etats côtiers exercent des droits souverains sur le plateau continental aux fins de son exploration et de l'exploitation de ses ressources naturelles.

Cela étant, le plateau continental ne fait partie du territoire d'aucun Etat, et les droits susmentionnés n'affectent pas le régime juridique des eaux surjacentes ou de l'espace aérien situé au-dessus de ces eaux et ne doivent pas porter atteinte à la navigation maritime et aérienne, ni à l'installation de câbles et de pipelines sous-marins.

Les recommandations sur les questions ayant trait à la fixation des limites extérieures du plateau continental sont formulées par une Commission des limites du plateau continental. Les limites fixées par un Etat côtier sur la base de ces recommandations sont définitives et de caractère obligatoire.

RECLAMATIONS DE LA RUSSIE, DES ETATS-UNIS ET DU CANADA

En 2001, la Russie a été le premier pays à déposer aux Nations unies une demande de fixation des limites extérieures de son plateau continental. Cette demande concerne non seulement l'Arctique, mais aussi les mers de Béring et d'Okhotsk.

En examinant la demande russe en 2002, la commission a notamment conclu que les données fournies par Moscou ne suffisaient pas pour classifier les zones indiquées de l'océan Arctique comme faisant partie du plateau continental russe, et a recommandé une étude complémentaire.

Les Etats-Unis revendiquent les eaux côtières qui s'étendent jusqu'à 600 milles (965 km) de l'Alaska, mais ils doivent pour cela ratifier la Convention sur le droit de la mer.

Le Canada, qui a ratifié la convention et qui revendique également sa partie de l'Arctique, a violemment critiqué l'expédition russe en déclarant que la Russie fixait les limites du plateau continental avec des méthodes médiévales. Pour Ottawa, la tactique de la Russie correspond aux réalités de l'époque des grandes découvertes géographiques et n'a rien à voir avec la politique moderne.

"Nous ne sommes plus au XVe siècle. On ne peut aller n'importe où dans le monde, planter des drapeaux et dire: nous revendiquons ce territoire", a déclaré le chef de la diplomatie canadienne, Peter MacKay.

"Il n'y a rien qui menace la souveraineté canadienne en Arctique. Nous ne sommes pas du tout préoccupés par ce qui est essentiellement un spectacle de la part de la Russie", a lancé le ministre dans une interview à la chaîne de télévision CTV.

Selon l'agence Reuters, Ottawa, qui cherche activement à défendre sa souveraineté en Arctique, a récemment annoncé la construction de huit navires pour patrouiller dans cette région.

La Russie a pour sa part déclaré que les questions concernant l'appartenance du plateau continental devaient être réglées uniquement sur la base du droit international.

"Du point de vue diplomatique, ces questions seront réglées exclusivement sur la base de la Convention internationale sur le droit de la mer et dans le cadre des mécanismes créés par cette Convention pour fixer les limites du plateau continental", a déclaré jeudi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui participait à un forum de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) à Manille.

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