Les Russes ont une bonne raison de se réjouir: encore un événement de portée mondiale aura lieu - presque à coup sûr - en Russie. Deux années avant les Jeux olympiques de 2014 que vient de décrocher Sotchi, la Russie envisage d'accueillir à Vladivostok une autre manifestation emblématique, à savoir le sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC).
Le premier Congrès économique du Pacifique, qui s'est tenu les 28 et 29 juillet à Vladivostok, a été une sorte de répétition. Les moyens auxquels ont recouru ses organisateurs pour attirer à Vladivostok encore plus d'hôtes de marque en 2012 ont été absolument analogues à ceux qui ont été utilisés dans l'opération "Sotchi-2014": il s'agit de promesses d'investissements publics de plusieurs milliards de dollars pour la préparation du forum. Mais le jeu en vaut la chandelle: l'élargissement des liens économiques avec une région en plein développement promet de belles opportunités à la Russie.
Le sommet de l'APEC, auquel la Russie a adhéré en 1998, peut lui ouvrir de nouveaux horizons prometteurs, les pays de la région assurant 50% du commerce mondial. Pour l'instant, la Russie continue, selon sa vieille habitude, de s'aligner essentiellement sur l'Europe: plus de la moitié de ses échanges commerciaux sont liés à l'Union européenne, alors que les liens avec l'APEC sont faibles. Mais aujourd'hui, les autorités russes se sont mises à multiplier leurs activités dans le volet "Asie-Pacifique", optant surtout pour le domaine énergétique de la coopération, et ce, non sans raison: les projets pétroliers et gaziers à Sakhaline vont bientôt atteindre leurs capacités prévues, et dans quelques années, des gazo- et oléoducs relieront les gisements sibériens à l'océan Pacifique.
Toutefois, ce ne sont pas ces projets-là qui ont été le clou du congrès, mais le futur sommet de 2012. Du point de vue formel, la Russie doit encore obtenir le droit d'accueillir le sommet. Mais selon toute vraisemblance, elle ne rencontrera pas de difficultés avec cela. La recette du succès attendu de Vladivostok coïncide à cent pour cent avec celle qui a assuré le succès de Sotchi: l'Etat a de nouveau promis d'investir des milliards de dollars dans les ouvrages d'infrastructure de la ville et de sa région.
"Je vous ai apporté de l'argent. De grosses sommes...", a déclaré sans façon aux invités du congrès le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine. Selon lui, le budget fédéral accordera au développement de la région 427 milliards de roubles (16,8 milliards de dollars), une somme qui dépasse même celle prévue pour la construction de l'ensemble des ouvrages olympiques à Sotchi (12 milliards de dollars). Il n'est donc pas étonnant que le directeur exécutif du secrétariat de l'APEC, Colin Heseltine, ait déclaré après la présentation de Vladivostok qu'il soutenait entièrement la candidature russe, bien qu'elle ne doive être présentée officiellement qu'en automne prochain.
Il est également curieux de constater une autre ressemblance entre les demandes de Sotchi et de Vladivostok: à l'heure actuelle, les deux villes ne sont absolument pas prêtes à accueillir ces manifestations. "L'avant-poste extrême-oriental" de la Russie connaît par ailleurs presque les mêmes problèmes que "la perle de la mer Noire": mauvaises routes, canalisations obsolètes, hôtels et aéroport à refaire. Mais d'importants investissements budgétaires doivent permettre de les régler tous dans les délais prévus.
C'est la création à 80 kilomètres de la ville d'une zone de loisirs, avec notamment des terrains de golf, qui augmentera encore plus l'attrait de Vladivostok pour les investisseurs, espère le gouverneur du territoire du Primorié Sergueï Darkine. Cette zone de loisirs devrait attirer des investisseurs d'Asie-Pacifique et enrichir le budget régional. Aussi la présentation de ce projet est-elle apparue comme la deuxième manifestation importante du congrès.
Il n'est pas étonnant que nous ne sachions rien sur les éventuels contrats signés au cours du congrès. Car il est évident que les organisateurs de l'événement avaient uniquement des objectifs stratégiques à long terme, liés à la transformation de Vladivostok en un important centre économique de l'APEC.
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