Mercredi, le géant gazier russe Gazprom, faute de paiement, a annoncé qu'il réduirait les livraisons de gaz à la Biélorussie de 45%, soit au niveau du paiement effectif.
Le prix du gaz russe pour la partie biélorusse est passé de 46,68 à 100 dollars les mille mètres cubes au début de l'année. Minsk bénéficiait cependant d'un délai et pouvait régler 55% des livraisons de gaz au premier semestre de 2007, à condition de payer le reste avant le 23 juillet, et de procéder au règlement des livraisons à 100% à partir du 1er juillet.
La note biélorusse s'élève à 456,16 millions de dollars de janvier à juin 2007, selon Gazprom.
La position géographique de la Biélorussie complique l'affaire, puisqu'elle est le second pays de transit, après l'Ukraine, du gaz russe vers l'Europe, notamment vers l'Allemagne et la Pologne.
L'EUROPE EN SUBIRA-T-ELLE LES CONSEQUENCES?
Gazprom considère que la Biélorussie doit respecter ses engagements concernant le libre transit du gaz russe et ne pas tenter, comme cela a déjà été le cas, de compenser son manque de gaz en en prélevant de manière illégale sur les flux destinés à l'exportation.
"Nous estimons que toutes les conditions existent - les obligations juridiques, la volonté de Gazprom et la possibilité de Beltransgaz - pour que les clients européens reçoivent entièrement les livraisons de gaz", a déclaré le porte-parole officiel de Gazprom, Sergueï Kouprianov.
En vertu du contrat signé, Beltransgaz est tenu de garantir le libre transit sur son territoire du gaz russe vers les pays tiers, et Gazprom compte sur la pleine exécution de ces engagements, a expliqué M. Kouprianov.
Mais l'Europe a déjà manifesté son inquiétude face à cette situation.
LA BIELORUSSIE CHERCHE DE L'ARGENT
Selon le géant gazier russe, la Biélorussie a de l'argent. Gazprom a en effet versé 625 millions de dollars à Minsk pour le rachat de 12,5% du capital de Beltransgaz cette année, et la Biélorussie perçoit en outre 30 millions de dollars par mois pour le transit du gaz russe.
Cependant, après l'augmentation des prix du gaz, la Biélorussie a demandé à la Russie un crédit de stabilisation de 1,5 milliard de dollars, qui fait toujours l'objet de négociations à l'heure actuelle.
Mercredi, Belgazprombank s'est déclarée prête à accorder un crédit de 500 millions de dollars à Beltransgaz pour régler ses dettes accumulées pour les livraisons de gaz russes.
MINSK COMPTE ENCORE SUR DES NEGOCIATIONS
La Biélorussie espère que l'on n'ira pas jusqu'à une réelle diminution des livraisons de gaz russes.
"La Biélorussie fera de son mieux pour remédier à cette situation et empêcher la réduction des livraisons de gaz", a précisé l'assistant du ministre biélorusse de l'Energie, Alexandre Joukov. Selon lui, le gouvernement biélorusse et Beltransgaz préparent actuellement des propositions pour Gazprom.
Force est de constater que le fait de faire traîner les paiements jusqu'au dernier moment est devenu une tradition dans les transactions gazières entre la Russie et la Biélorussie.
Bien qu'à la fin de l'année dernière, la Russie ait accordé à Minsk des concessions "sans précédent" selon Gazprom, en proposant les meilleures conditions d'achat du gaz russe parmi toutes les ex-républiques d'ex URSS, la Biélorussie a attendu le dernier moment pour signer le contrat sur la livraison et le transit du gaz pour la période 2007-2011. Le document a été signé le 31 décembre, deux minutes avant les 12 coups de minuit.
Gazprom a annoncé que la réduction des livraisons de gaz à la Biélorussie prendrait effet le 3 août à 10h00, heure de Moscou.