C'est l'aviation qui s'est retrouvée cette fois au coeur des tractations entre la Russie et l'OMC. Les Européens insistent pour que la Russie renonce à taxer les vols transsibériens. Aujourd'hui, les compagnies aériennes étrangères versent à la Russie 500 millions de dollars tous les ans pour raccourcir le trajet entre l'Europe et l'Asie. Même si le dossier n'est pas strictement commercial, la logique de l'OMC est simple: puisque l'argent ne va pas à l'Etat, mais à Aeroflot, il s'agit d'une concurrence déloyale, d'une mesure qui ne relève pas du marché et qui contredit les normes de l'OMC.
Les compagnies aériennes étrangères ont intérêt à survoler la Sibérie. Sinon, pour atteindre les pays asiatiques, leurs avions devraient passer par le pôle Nord et consommer beaucoup plus de carburant. Pour exploiter les corridors aériens, les étrangers paient des royalties depuis l'époque soviétique. Avant 2000, personne ne s'était opposé à cette pratique. Mais lorsque Moscou a entamé les négociations en vue d'adhérer à l'OMC, l'Union européenne a déclaré que la Russie n'avait pas le droit, comme les autres pays du monde, de taxer les compagnies aériennes, à l'exception des redevances pour les services de navigation aérienne.
Pour le ministre des Transports, Igor Levitine, la taxe versée par les étrangers n'est autre chose qu'une indemnité pour l'exploitation des corridors aériens qui pourraient être réservés aux compagnies russes. Or, les versements en question dont le montant s'élève à 500 millions de dollars par an se logent essentiellement dans le budget d'Aeroflot, sans que les autres transporteurs aériens, publics comme privés, en profitent.
Il se trouve que la Russie ne tire aucun profit des taxes aériennes et que les royalties soutiennent une compagnie aérienne, qui se trouve être la plus grosse du pays. Quand, dans les années 1970, Aeroflot était l'unique compagnie aérienne du pays, cette situation était facilement explicable. Aujourd'hui, la Russie compte 182 transporteurs aériens concurrents. Et les positions russes aux négociations d'adhésion sont vulnérables par définition, car le soutien ouvert d'un transporteur aérien contredit les normes du libre-échange.
Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.