"Jusqu'à présent, l'Union européenne n'a pas imposé d'ultimatum à la Serbie, indiquant que nous ne pourrions intégrer l'UE avec le Kosovo. Les négociations sur le statut de cette province, d'un côté, et l'adhésion de la Serbie à l'UE, de l'autre, sont deux questions totalement séparées", a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision Vesti-24.
Selon lui, le problème kosovar ne peut être réglé par l'entrée d'un Kosovo indépendant et de la Serbie dans l'UE. Il a souligné qu'en tant que partie intégrante du territoire serbe, le Kosovo deviendrait bien plus rapidement membre de l'UE que s'il obtenait l'indépendance.
"La Serbie considère qu'une indépendance du Kosovo n'est en aucune façon acceptable. Le président et le gouvernement ont leurs attributions constitutionnelles, et même si nous voulions cette indépendance, nous ne pourrions le faire", a-t-il souligné.
Le président serbe a en outre noté que Belgrade estimait que cette indépendance serait un dangereux précédent, qui menacerait non seulement la stabilité des Balkans, mais aussi d'autres régions.
Les déclarations sur une reconnaissance unilatérale de la province sont selon lui contre-productives, et il s'est dit prêt à entreprendre tout ce qui était possible pour convaincre les Etats-Unis qu'il s'agissait-là d'une erreur stratégique.
M. Tadic a également précisé que la population albanaise de cette province, qui compte bien sur l'octroi de l'indépendance, exerçait de sérieuses pressions sur ses représentants aux négociations portant sur le statut du Kosovo.
"Je pense qu'il serait sain que la partie albanaise fasse preuve d'une grande souplesse à la table des négociations. En outre, il serait utile que de nombreux pays de la communauté internationale recommandent aux dirigeants albanais d'expliquer à la population que l'obtention de l'indépendance n'est pas possible par des chemins détournés, c'est-à-dire par la menace de violences et la violation du droit international", a-t-il poursuivi.
Il a assuré que la Serbie n'avait pas l'intention de diriger la vie des Albanais et qu'elle était prête à leur accorder une très vaste autonomie.
Dans ce débat, la position russe est très appréciée de la Serbie, a-t-il tenu à souligner.
Une réunion du Groupe de contact, qui réunit les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie, la France et la Russie, a eu lieu hier à Vienne.
Une source diplomatique proche des négociations à fait savoir à RIA Novosti que la rencontre avait mis en évidence le consensus général sur le fait que le processus de définition du statut du Kosovo devait rester entre les mains de l'ONU et sous le contrôle du Conseil de sécurité. "Cette position est manifestée par la Russie comme par les autres partenaires au sein du Groupe de contact", a-t-on indiqué à l'agence.
Selon cette source, il aurait été question des modalités concrètes et de la forme des futures négociations au cours de cette réunion. De nombreux participants se seraient dits convaincus de la nécessité de poursuivre les négociations entre Belgrade et Pristina.
Placé depuis 1999 sous l'administration des Nations unies, le Kosovo fait formellement partie de la Serbie. Les négociations sur le statut définitif du territoire, menées à Vienne en 2006 entre Belgrade et Pristina sous médiation internationale, n'ont abouti à aucun accord, les dirigeants du Kosovo souhaitant l'indépendance, ce à quoi s'oppose fermement la Serbie.
Un plan a été déposé au Conseil de sécurité de l'ONU, élaboré par le représentant spécial de l'ONU pour les négociations à Vienne, Martti Ahtisaari. Le Plan Ahtisaari prévoyait une "indépendance sous contrôle" du Kosovo, qui sous-entend la séparation de cette province du territoire serbe et la présence à long terme d'organisations internationales sur son sol. Belgrade a rejeté ce plan et la résolution n'a pas été réexaminée par le Conseil de sécurité.
L'élaboration d'une décision sur le statut définitif du Kosovo a été confiée au Groupe de contact, qui devrait préparer un nouveau round de négociations directes entre Belgrade et Pristina.