"L'enquête a établi que la contamination de MM. Kovtoun et Lougovoï a pu s'opérer notamment par voie respiratoire au moment de leur rencontre avec Alexandre Litvinenko le 1er novembre dernier dans le bar du Millenium Hotel. Pendant cet entretien, Alexandre Litvinenko qui se trouvait à proximité immédiate de ses interlocuteurs, a toussé à plusieurs reprises", a indiqué le chef adjoint de la Direction des enquêtes spéciales du Parquet général russe Andreï Maïorov dans un entretien à Rossiïskaïa Gazeta, à paraître jeudi.
Antérieurement, Andreï Maïorov a déclaré que les hommes d'affaires, accusés d'avoir empoisonné Litvinenko, avaient été contaminés eux-mêmes, soit par l'ex-officier du FSB, soit en étant en contact avec des objets déjà contaminés.
D'autre part, a poursuivi le responsable du Parquet, on connaît bien les itinéraires de Lougovoï et de Kovtoun lors de leurs voyages à Londres du 16 octobre au 1er novembre 2006.
La requête d'extradition britannique insiste sur le fait que Lougovoï a laissé derrière lui des traces de polonium pratiquement partout où il s'était rendu lui-même ou en compagnie d'Alexandre Litvinenko. Des traces de radioactivité ont été découvertes dans les chambres du Best Western Hotel où Lougovoï et Kovtoun ont passé une nuit, dans le bureau de la société Erinys et dans le bar de sushi Itsu où ils sont allés une seule fois avec Litvinenko. Des traces ont été retrouvées également dans le Park Hotel et dans l'avion par lequel les deux hommes ont regagné Moscou en venant de Londres, a dit Andreï Maïorov.
"Mais on passe on ne sait pas pourquoi sous silence le fait qu'il n'y pas de traces de polonium dans l'appartement de l'homme d'affaires Shadrin où Lougovoï et Kovtoun se sont rendus à plusieurs reprises, ni dans plusieurs restaurants où ils avaient eu des rencontres avec Alexandre Litvinenko. Une question se pose alors en toute logique: comment peut-on expliquer le fait que cette "chaîne de polonium", qui doit "être continué" en principe, s'interrompt ça et là?" s'interroge le responsable du Parquet.
"On ignore quand les lieux énumérés plus haut ont été contaminés. On ne trouve pas non plus de traces de polonium dans l'avion par lequel Lougovoï et Kovtoun sont arrivés le 16 octobre à Londres. On n'en découvre ni dans l'aéroport, ni dans le train de banlieue, ni dans la gare. Et les incohérences ne s'arrêtent pas là", fait-il encore observer.
Londres estime que Lougovoï est impliqué dans le meurtre de Litvinenko et exige son extradition vers la Grande-Bretagne. La justice britannique qui n'a pas fourni à la Russie les preuves de sa culpabilité exige son extradition, ce qui est contraire aux dispositions de la Constitution russe.