Dans le cadre de son partenariat avec le musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, le musée britannique présente les meilleurs tableaux, sculptures et oeuvres d'art décoratif que l'épouse de Napoléon avait achetés pour sa collection du château de Malmaison.
L'impératrice apparaît sous un jour inhabituel dans cette exposition, non pas comme une femme légère aimant le luxe, mais comme une collectionneuse réfléchie et une protectrice de l'art.
L'objet central de l'exposition est la Danseuse, une statue de marbre blanc d'Antonio Canova. D'après la coiffure et la tenue de cette statue, il semblerait que le sculpteur ait représenté l'une de ses contemporaines. C'était une commande originale et non pas une simple version d'un thème traditionnel. Antonio Canova bénéficiait d'une protection particulière de l'impératrice Joséphine.
La plupart des toiles de cette exposition sont issues de la galerie des princes de Hesse-Cassel, offerts en cadeau à l'impératrice par le général Lagrange après la victoire napoléonienne sur Cassel.
Joséphine faisait souvent l'acquisition de toiles elle-même. Une galerie spéciale éclairée par le haut avait été construite à Malmaison pour y installer ses collections qui ne cessaient de s'enrichir. Elle avait notamment acheté l'imposant "Chien attaché" de Paulus Potter (The Wolfhound).
Les visiteurs pourront en outre voir les toilettes de Joséphine, ses lettres, sa vaisselle de porcelaine réalisée sur commande, et en particulier des assiettes peintes sur lesquelles sont reproduites des toiles de sa collection.
La prodigalité de Joséphine était l'un des motifs de querelle les plus importants avec son époux. Et cela n'a pas évolué après leur séparation. Conservant son titre d'impératrice et recevant en cadeau Malmaison avec tout son contenu et les terres de la propriété, Joséphine, dont les dépenses n'étaient plus couvertes par les deniers publics, a cependant continué de remplir son domaine de nouvelles productions artistiques. A sa mort, on a découvert que de nombreuses factures étaient restées des années durant impayées et qu'elle avait tant de créditeurs qu'il a fallu les classer par ordre alphabétique.
La dernière salle de l'exposition est vouée aux personnages qui sont liés à l'histoire du domaine de Malmaison et à la dispersion de la collection.
Ainsi, en août 1815, l'empereur russe Alexandre Ier a acheté 38 des meilleures toiles de la collection de l'impératrice et s'est vu offrir les quatre sculptures de marbre blanc d'Antonio Canova, le sculpteur européen le plus renommé à l'époque. Ce sont les enfants de Joséphine, Eugène et Hortense de Beauharnais, qui ont perçu la somme versée (les spécialistes estiment qu'elle approchait le million de francs), pour rembourser une partie des dettes laissées par leur mère.
Fin août, début septembre 1815, les toiles avaient été transférées en secret de Malmaison vers l'ambassade de Russie à Paris, bien que Malmaison fût en zone britannique et que le retour des toiles fût une exigence prussienne.
Dès le début de l'année 1816, les oeuvres de la collection de Joséphine furent exposées dans une salle à part de l'Ermitage.
L'exposition qui s'ouvre aujourd'hui a été réalisée grâce au concours de l'institut Courtauld et du musée de l'Ermitage, et au soutien du musée de Malmaison, qui a mis un certain nombre d'objets à disposition. Des articles d'Alexandre Babine, conservateur rattaché aux peintures d'Europe de l'ouest du XIXe siècle à l'Ermitage, du directeur du musée de Malmaison, Bernard Chevallier, de la conservatrice du département de sculpture et d'art décoratif de la galerie de l'institut Courtauld, Alexandra Gerstein, et de Tamara Rappe, directrice de la section des arts décoratifs d'Europe de l'ouest à l'Ermitage, ont été joints au catalogue de l'exposition.
