"Cette campagne d'envergure peut être qualifiée de résistance farouche aux tentatives de la Russie de rejoindre la "ligue supérieure" de la politique mondiale", a déclaré à l'agence RIA Novosti le directeur de l'Institut de recherches politiques, Sergueï Markov.
La Grande-Bretagne avait décidé d'expulser des diplomates russes en réponse au refus de Moscou d'extrader l'entrepreneur Andreï Lougovoï accusé par les Britanniques d'être impliqué dans l'assassinat de l'ex-officier du FSB Alexandre Litvinenko. Londres avait également annoncé son intention de geler les négociations entre la Russie et le Royaume-Uni sur l'assouplissement des conditions d'obtention des visas et avait durci les modalités de délivrance de visas britanniques aux fonctionnaires russes. De son côté, Moscou avait prévenu la Grande-Bretagne que ses démarches à l'égard de la Russie auraient des conséquences sérieuses pour les relations bilatérales.
"La Russie fait aujourd'hui partie de différentes structures internationales: le Conseil de sécurité de l'ONU, le G8 et d'autres encore. La situation politique dans le pays est stable. Il est aussi à noter que la Russie joue un rôle très important sur certains marchés, tout d'abord sur les marchés énergétiques", a indiqué M. Markov.
"Mais peut-on qualifier d'indépendant un pays où la majeure partie de l'élite garde son argent dans les banques de la Grande-Bretagne ou l'investit dans son secteur immobilier? Les Britanniques estiment que non. Engageant leur argent dans les banques et l'immobilier du Royaume-Uni, les oligarques russes finissent nécessairement par dépendre de ce pays. Et c'est logique", a souligné M. Markov.
"Nous ne confirmerons pas notre statut de grande puissance en extradant M. Lougovoï. Bien au contraire, nous montrerons à tout le monde que nous sommes un pays prêt à obéir. Et c'est précisément ce que recherche la Grande-Bretagne", a déclaré l'interlocuteur de l'agence.
A son tour, le directeur de l'Institut d'évaluations et d'analyses stratégiques, Alexandre Oznobichtchev, est persuadé que l'aggravation actuelle des relations russo-britanniques s'explique dans une large mesure par les problèmes de la politique intérieure de la Grande-Bretagne.
"Les responsables britanniques, notamment le premier ministre Gordon Brown, cherchent à démontrer qu'ils sont des "durs à cuire" et qu'ils ne pardonnent pas ces choses-là", a affirmé l'expert russe.