"Nous sommes certains que le système d'ABM des Etats-Unis, y compris ses éléments européens, se développera et que son potentiel antirusse ne cessera de s'accroître. Dans ces conditions, nous sommes obligés de prendre des mesures de rétorsion. Remarquez que nous y sommes poussés", a indique lé général russe dans un entretien au journal polonais Trybuna et dont le texte est publié sur le site du ministère russe de la Défense.
"Il est peu probable que la nouvelle spirale de la "course aux armements" menée par les Etats-Unis finisse par renforcer la sécurité mondiale, dont en Europe", a ajouté Iouri Balouïevski.
Interrogé sur la menace éventuelle pour la Russie du côté du segment européen de l'ABM américain, le général a noté qu'à ce jour les 10 antimissiles à déployer en Europe de l'Est ne présentent pas une menace directe pour les forces de dissuasion russes.
D'autant moins ces missiles "qui n'ont pas encore passé par des tests globaux et que les Américains entendent déployer en Pologne", a expliqué le général.
Dans le même temps, conformément à la doctrine américaine, la défense antimissile n'est qu'un élément de ce qu'on appelle la "triade stratégique" qui comprend notamment les forces offensives stratégiques conventionnelles.
Selon le chef de l'Etat-major russe, les arguments des Américains selon lesquels le bouclier antimissile ne menace pas la sécurité de la Fédération de Russie ne sont pas convaincants.
"Des arguments, on peut dire peu de choses: il n'y en a pas comme il n'y en pas eu en 2002, lorsque les Etats-Unis se sont retirés du Traité ABM, arguant cela par l'existence d'une menace balistique nord-coréenne pour les Etats-Unis. Puis est venu le tour des arguments sur la menace nord-coréenne pour l'Europe, mais maintenant les auteurs de cette idée ont dû y renoncer en expliquant leurs plans de déploiement d'un ABM global", a noté Iouri Balouïevski.
La thèse sur la menace balistique iranienne relève de la même nature mais selon toute vraisemblance elle va s'amenuiser à son tour, a-t-il ajouté.
"Les hommes politiques américains ne citent plus aucun "argument" en faveur de leurs plans", a constaté le général.
Mais si d'aucuns craignent qu'une menace pareille puisse surgir à l'avenir, cette question doit être débattue conjointement, au lieu de créer de nouvelles barrières et des lignes de clivage sous forme de systèmes d'ABM en Europe, a encore estimé le chef de l'Etat-major général russe.
