Saakachvili-Niazov: rien qu'une comparaison...

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Par Dmitri Kossyrev, RIA Novosti
Par Dmitri Kossyrev, RIA Novosti

Un régime de rigueur extrême se distinguant par un système politique très rigide et un sommet du pouvoir qui réprime implacablement l'hétérodoxie est apparu dans l'espace postsoviétique. La corruption propre aux anciennes républiques de l'URSS y a atteint un "niveau supérieur" et se réduit au cercle étroit du proche entourage du leader. Ce régime a assuré un essor économique au moyen d'une "stabilisation" de cette nature. Bref, c'est le remake d'une de ces dictatures centraméricaines des époques passées, par exemple, de celle d'Alfredo Stroessner au Paraguay.

Aussi étrange que cela puisse paraître, il s'agit non pas d'un seul, mais de deux pays de l'espace postsoviétique: le Turkménistan de Saparmourat Niazov et la Géorgie de Mikhaïl Saakachvili.

Certes, il y a des distinctions évidentes entre eux. C'est d'abord l'auto-isolement du régime turkmène, ce qui n'est pas le cas de la Géorgie, ou encore le penchant des dirigeants géorgiens, sinon pour les actions militaires, au moins pour la rhétorique musclée provocatrice, ce dont on ne pouvait accuser le Turkménistan de Niazov. La Géorgie se caractérise par ce qu'on pourrait appeler la "pédocratie", régime où un homme âgé de plus de trente ans n'a aucune perspective de faire carrière. Le Turkménistan sous Saparmourat Niazov était bercé de ce culte de la personnalité "oriental" mis en place autour de son dirigeant, et ainsi de suite. Mais il est facile de constater que ce sont là des traits moins substantiels, plutôt extérieurs des deux régimes. Leurs traits profonds sont semblables à bien des égards.

Cette idée est née au cours des sessions et d'entretiens de couloirs avec les participants au premier forum international consacré aux processus démocratiques dans l'espace postsoviétique qui s'est tenu au Kirghizstan, au bord du lac Issyk-Koul. Il convient de souligner que la comparaison entre les modèles géorgien et turkmène n'a pas été faite au cours des séances, et qu'elle appartient à l'auteur de ces lignes.

Le forum organisé au bord du lac kirghiz Issyk-Koul à l'initiative du Kazakhstan et de la Russie a rassemblé les experts politiques les mieux informés et les plus respectables de plusieurs pays qui faisaient partie de l'URSS. Leur objectif consistait à étudier les variantes de passage des pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants) de l'URSS à des modèles de prospérité et des démocraties stables. Il s'avère que, dans tous les pays de la CEI, où les institutions de la société civile n'existent pas, le rôle de la personnalité du leader est très important. Les participants au forum ont examiné quelques situations classiques de la période transitoire d'après 1991, qui a ou bien engendré différents modèles de régimes autoritaires, ou bien les a rendus inévitables. Ensuite, certains régimes de ce genre ont assuré des progrès et engagé une modernisation, d'autres ne l'ont pas fait. La nécessité d'un tel forum était évidente depuis longtemps, car les modèles de développement aussi bien occidentaux que, disons, chinois ou singapourien se sont avérés incompatibles avec les sociétés issues de l'URSS.

Naturellement, ce prestigieux forum a analysé aussi bien les modèles du développement futur que les 16 années écoulées. C'est pourquoi l'avenir de la Géorgie et du Turkménistan, ainsi que celui des autres Etats postsoviétiques a été le sujet aussi bien des rapports présentés que des entretiens de couloirs. Tout d'abord, parce que le Turkménistan a déjà emprunté une voie de développement plus logique.

La Géorgie et le Turkménistan ont un trait commun: les deux régimes, bien qu'ils semblent absolument stables, ne pourront pas exister éternellement en raison de leur caractère extrêmement rigoureux. Dans le cas du Turkménistan, le changement assez naturel de leader a suffi pour qu'il commence à s'ouvrir davantage à ses voisins au sein de la CEI.

L'expérience des contacts avec les régimes de Saparmourat Niazov et de Mikhaïl Saakachvili a été traumatisante pour la diplomatie russe. Moscou avait réussi à faire un choix difficile dans les rapports avec le Turkménistan, choix pour lequel l'opposition russe avait accusé les autorités "d'échanger les intérêts des Russes contre le gaz turkmène". A présent, on voit que ce choix était juste, que la porte ouverte aux contacts avec Achkhabad offre maintenant à Moscou de nombreuses possibilités de mener le dialogue avec les nouvelles autorités du pays. Dans le cas de la Géorgie, tout a été bien pire, le dialogue n'est pas ouvert.

La diplomatie kazakhe se trouve dans une situation plus avantageuse, car elle joue le rôle du plus proche partenaire des nouveaux dirigeants turkmènes (en plus de Moscou et d'autres) et, par la même occasion, celui d'investisseur important dans l'économie de la Géorgie. Cela accroît le prestige du Kazakhstan dans l'espace postsoviétique et, en même temps, inspire l'espoir que l'évolution future de ces deux régimes de rigueur extrême au sein de la CEI se déroulera en douceur.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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