L'art russe gagne du terrain aux enchères françaises

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La provenance des objets mis aux enchères reste souvent un mystère, c'est pourquoi le choix ne peut être fondé que sur les connaissances et l'intuition.
Par Ioulia Vinogradova, Nezavissimaïa gazeta

Les nombreuses ventes aux enchères françaises proposent tous les ans de plus en plus d'objets d'art russe. Pour le moment, ces ventes diffèrent beaucoup de celles des maisons d'enchères britanniques, les collections et les prix des oeuvres proposées étant bien plus modestes.

Elles attirent essentiellement de petits collectionneurs et des marchands d'art capables d'établir l'authenticité des oeuvres vendues, qui n'est pas toujours évidente. La provenance des objets mis aux enchères reste souvent un mystère, c'est pourquoi le choix ne peut être fondé que sur les connaissances et l'intuition. Quoi qu'il en soit, l'art russe jouit d'une grande popularité auprès des acheteurs et se vend bien en France.

Les maisons de ventes parisiennes Aguttes et Tajan ont présenté en juin dernier des oeuvres de maîtres russes. La plus grande partie de la collection de Tajan était constituée d'objets numismatiques, suscitant une attention considérable. Par exemple, l'ordre militaire de Saint Vladimir de 4ème classe, mis aux enchères à 2.000 euros, est monté jusqu'à 20.000, son analogue civil jusqu'à 32.000 euros, et le prix de l'ordre de Sainte Anne de 2ème classe a atteint les 38.000 euros. L'insigne de la chancellerie de l'empereur Alexandre III, proposé à 4.000-5.000 euros, est parti à 61.000 euros. Une épée d'apparat de la première moitié du XIXe siècle récolte la palme du lot le plus cher (123.000 euros, avec un prix de départ de 10 à 12.000).

Le département de l'art décoratif appliqué a connu des succès inattendus. Deux cruches en cristal décorées de scènes galantes gravées et d'anses en argent en forme de têtes d'oiseaux, estimées à seulement 600 euros, sont parties à 23.000 euros; un minuscule gobelet en or ciselé, estimé à 400 euros, a été acheté pour 35.000 euros.

Un volet à part était constitué par des photos anciennes, où l'on pouvait trouver entre autres un lot de 88 photographies retraçant la vie d'un camp militaire de l'Armée blanche ou encore des plaques stéréoscopiques avec des vues de Moscou. Une photo de Grigori Raspoutine entouré de la famille impériale a été adjugée à 3.000 euros, une belle photo représentant les génies des Ballets russes Léon Bakst, Igor Stravinski et Léonide Massine n'a coûté que 700 euros à son nouveau propriétaire.

La peinture et l'art graphique n'ont pas tenu la vedette lors de ces ventes. Cependant, une esquisse de la peinture murale de la gare de Kazan de Moscou attribuée à Zinaïda Serebriakova, estimée de 8.000 à 10.000 euros, a été vendue à 53.000 euros.

Les oeuvres d'art graphique du théâtre russe de la fin du XIXe - début du XXe siècles ont été regroupées dans un volet spécial. L'esquisse d'un costume pour un spectacle méconnu de 1922 signé Léon Bakst a été adjugée à 5.600 euros. Ce volet proposait également de petits dessins de Mstislav Doboujinski, de Nikolaï Ouchine, de Tatiana Brouni ainsi qu'une esquisse de décors attribuée à Natalia Gontcharova (6.000 euros).

La maison de ventes Aguttes a mis aux enchères des oeuvres d'artistes russes dans le cadre des grandes ventes de peinture des XIXe et XXe siècles. L'école de Paris a été représentée avant tout par une importante collection d'oeuvres d'André Lanskoy (1902-1976), comprenant tant des toiles figuratives de sa période de jeunesse que certains de ses tableaux abstraits, peints pendant sa période de maturité et traditionnellement plus appréciés. Sa "Composition abstraite" créée vers 1955 a été vendue au prix estimé de 136.000 euros et "L'exil du troubadour", à quelque 59.500 euros. L'oeuvre d'Alexandre Altmann (1885-1950) suscite comme d'habitude un grand intérêt. Tous ses tableaux ont été vendus à un prix dépassant considérablement les estimations. Ainsi, sa "Femme assise dans un paysage", estimée à 8.000 euros, a été adjugée à 37.000 euros. Ont été vendus également les travaux proposés de Serge Charchoune (1889-1975) (pour 20.000 euros) et de Georges Lapchine (1885-1950) (sa toile "Vue de Venise" est partie à 47.000 euros); le "Paysage" de Georges A. de Pogedaieff (1894-1971) a été adjugé à 6.000 euros.

Un petit dessin de Mikhaïl Vroubel (1856-1910), illustration d'un conte de Pouchkine, "Les Frères Brigands", estimé de 50.000 à 60.000 euros, est parti à 99.000 euros.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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