La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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ESTONIE

Les propos tenus par le commandant des Forces estoniennes de défense Ants Laaneots, dans lesquels il a critiqué la politique intérieure et extérieure de la Russie, ont été largement repris par les médias locaux. De l'avis de l'ancien militaire de carrière soviétique, la Russie cherche à rétablir son contrôle dans l'espace postsoviétique et fait preuve d'agressivité face à l'Occident. "Le comportement de notre voisin de l'Est doit susciter une inquiétude croissante (...). Depuis des années, la Russie tente de rétablir son contrôle dans l'espace postsoviétique qui avait disparu après la dislocation de l'Union soviétique. On cherche à insuffler vie à la CEI. Ce genre d'activité touche les pays baltes également" ("Eesti Paevaleht", 21.06).

LETTONIE

Les experts expriment des doutes quant à la possibilité d'un prompt retour des produits à base de poisson lettons sur le marché russe. A leur avis, l'avenir de l'industrie poissonnière nationale dépend d'une décision politique du Kremlin et non pas d'un avis du Service vétérinaire et phytosanitaire russe dont les représentants mènent des vérifications dans des entreprises alimentaires lettonnes "Les lots de produits expédiés en Russie perdent en volume, les grossistes (russes) ayant peur d'acheter du poisson letton. Leurs craintes s'expliquent non par la qualité de nos denrées mais par une possible décision des autorités russes de retirer de nouveau de la vente les conserves de poisson lettonnes. Les deux plus grands exportateurs de sprats sont toujours interdits d'exportation vers la Russie. Il va sans dire, la Russie pratique un protectionnisme économique" ("Dienas Biznes", 20.06).

LITUANIE

Selon les médias locaux, Vilnius a toutes les raisons de compter sur un soutien de Bruxelles pour pouvoir tenir tête au diktat énergétique de Moscou. "Le Kremlin s'est vu reprocher d'avoir décrété un embargo artificiel sur les livraisons de pétrole russe à la Lituanie. Neelie Kroes, membre de la Commission européenne en charge de la concurrence, a relevé l'importance des liens économiques entre l'Union et la Russie, mais a exprimé beaucoup de critiques à l'adresse du Kremlin. La commissaire européenne a laissé entendre qu'elle doutait du bien-fondé des causes techniques de l'arrêt du transport de pétrole russe en Lituanie par l'oléoduc Droujba (...). Selon Neelie Kroes, la Commission européenne cherche à exercer un impact sur le cabinet des ministres russe pour permettre à la Lituanie d'avoir "toutes les informations sur l'état de l'oléoduc, afin de trouver une solution arrangeant toutes les parties" ("Respublika", 21.06).

BIELORUSSIE

Certains experts prédisent la formation d'une alliance d'Etats de transit avec la participation de l'Ukraine et de la Biélorussie. Dans ce contexte, l'accord intervenu entre Beltransgaz et Gazprom est considéré comme désavantageux pour la république.

"L'Ukraine et la Biélorussie ont longtemps mûri l'idée d'une alliance entre les pays de transit. 80% du gaz russe exporté vers l'Europe passe par l'Ukraine et encore 20% par la Biélorussie. Il serait donc logique de créer une alliance qui établirait les prix et les règles de ce transit. [...] Gazprom conclut des contrats avec l'Europe, précisant dans leurs clauses que le gaz sera acheminé jusqu'aux frontières de l'Union européenne, alors que l'Ukraine et la Biélorussie deviennent pratiquement otages de ces ententes. Un tel schéma était logique à l'époque de l'URSS, mais après la "parade des souverainetés" [émancipation des régions sous Boris Eltsine - ndlr.], la Russie abuse manifestement de ses pouvoirs. [...] Il semble que les fonctionnaires biélorusses de haut rang aient abandonné leur rhétorique prorusse... et toutefois, ils ont vendu 50% des actions de Beltransgaz à Gazprom, alors qu'ils nous avaient assuré qu'il fallait nous débarrasser de la politique de diktat de Gazprom" ("Bielorousski partizan", 20.06).

UKRAINE

Les médias ont considéré comme un signe préoccupant le refus de la Russie de coopérer avec l'Ukraine dans le cadre du projet de construction du gazoduc Bogorodtchany-Oujgorod. La déclaration du premier ministre russe, Mikhaïl Fradkov, selon laquelle la Russie est intéressée par le système ukrainien de transport de gaz, a suscité des préoccupations particulièrement fortes.

"Les dirigeants ukrainiens devront faire un choix difficile et accepter soit une augmentation considérable des prix du carburant soit l'entrée de Gazprom dans notre système de transport de gaz" ("Ekonomitcheskie izvestia", 25.06).

"Les fonctionnaires russes laissent constamment entendre que tout projet conjoint avec l'Ukraine n'est possible qu'en échange d'une participation [russe] au système de transport de gaz. Comme l'a dit M. Fradkov, cela fait partie de la politique visant à approfondir la coopération dans le domaine gazier entre deux les pays, et Moscou essaye d'inscrire dans ce contexte l'intérêt de Gazprom pour le système ukrainien de transport de gaz" ("Gazeta po-kievski", 25.06).

MOLDAVIE

Des observateurs expliquent les négociations intenses avec la partie russe au sujet du règlement du conflit en Transnistrie (république autoproclamée au sein de la Moldavie) par l'aspiration du président Vladimir Voronine à se garantir un soutien lors des élections de 2009 et considèrent ce fait comme une trahison des intérêts de la Moldavie.

"Le président est prêt à tout pour se maintenir au pouvoir (à l'aide des voix transnistriennes) ou pour obtenir des garanties pour lui personnellement et pour ses proches quand la dernière heure sonnera. Qui pourrait lui donner ces garanties? La première réponse est: la Russie. D'où son acceptation du risque lié à sa démarche, réalisée pour des motifs privés mais qui suppose des conséquences dramatiques pour les citoyens de son pays. Céder à la Russie au nom d'une "protection", voilà un scénario qui devient de plus en plus réel. Une concession serait synonyme de "réunification de l'Etat" bien illusoire" ("Fluks", 22.06).

ARMENIE

L'initiative de Vladimir Poutine sur l'utilisation conjointe par la Russie et les Etats-Unis du radar de Gabala en Azerbaïdjan est considérée à la lumière des relations russo-iraniennes. L'attitude "anti-iranienne" de Moscou est justifiée par les experts comme tout à fait logique. "Les politologues arméniens qualifient l'attitude de la Russie de trahison de l'Iran... Quoi qu'il en soit, la Russie et l'Iran n'ont jamais été des alliés, car, d'une part, on voit le chauvinisme de grande puissance et, de l'autre, le fanatisme religieux, c'est-à-dire deux systèmes autoritaires... Somme toute, un rapprochement russo-iranien est possible, mais pour un délai très court, encore qu'un tel rapprochement soit lié à leur antiaméricanisme... La politique du Kremlin est logique: faire en sorte que la tension entre Téhéran et l'Occident ne faiblisse pas un seul instant, sinon l'Iran mobiliserait tous son potentiel contre la Russie (Aikakan Zhamanak, 22.06).

GEORGIE

Certains analystes supposent que la Russie est prête à "céder" l'Ossétie du Sud à la Géorgie en échange de l'adhésion à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) et un centre antiterroriste à Batoumi. "Tout indique que Saakachvili et Poutine sont tout de même parvenus à une entente... il n'est pas à exclure que Moscou se débarrasse de Kokoïty (Edouard Kokoïty, président de la République autoproclamée d'Ossétie du Sud)... La Russie accepterait une certaine coopération" (Rezonansi, 22.06). "En contrepartie du retrait de Kokoïty de la région, la Russie pourrait recevoir un centre antiterroriste à Batoumi et adhérer à l'OMC grâce, entre autres, au soutien de la Géorgie... Pour obtenir que Kokoïty quitte la région, la Géorgie devra faire d'importantes concessions" (Rezonansi, 26.06). "On a l'impression qu'un marché se prépare à présent au niveau le plus élevé... La Russie veut sans doute trouver le moyen de garder sous une forme ou une autre un endroit aussi stratégique que Batoumi. Sur ce plan, un centre antiterroriste serait une sorte de compromis" (Rezonansi, 26.06).

AZERBAIDJAN

Le thème de l'utilisation conjointe par la Russie et les Etats-Unis du radar de Gabala attire de plus en plus l'attention des médias. "Pour le moment, Bakou ne croît pas trop à ce que les parties arrivent finalement à s'entendre sur cette question à des conditions mutuellement avantageuses... La situation actuelle autour du radar de Gabala en Azerbaïdjan est une preuve de la crise de confiance réciproque entre Washington et Moscou" (Ekho, 23.06). "Poutine a réussi à obliger le président des Etats-Unis à passer, du moins pour un certain temps, à la défensive et à chercher des arguments pour justifier le déploiement d'un système de défense antimissile (DAM/ABM) en Europe Orientale. Quant à l'Azerbaïdjan, il est temps que nous réfléchissions enfin à préparer une base juridique internationale pour pouvoir démanteler le radar de Gabala au lieu de faciliter le jeu de la Russie dans ses frictions avec l'Occident" (Zerkalo, 21.06).

KAZAKHSTAN

Les observateurs estiment que l'actuelle détérioration des relations russo-américaines est due à une crise de confiance générale entre Moscou et Washington et ce, non seulement au niveau politique, mais aussi au niveau des rapports humains. "A part Condoleezza Rice, il y a en Amérique, y compris au Pentagone, à la CIA et dans d'autres structures de forces, une multitude de gens qui ont été formés, de génération en génération, à l'image de l'ennemi - tout d'abord en la personne de l'Union Soviétique et ensuite - de la Russie... On observe à peu près la même chose à Moscou quand il s'agit des Etats-Unis. Tout porte à croire que les dirigeants russes n'envisagent pas, du moins pour le moment, de modifier leur façon de penser ou d'essayer de contraindre les Américains à changer de mentalité. Or, il est difficile de s'attendre à ce que les gens qui ont lutté tout au long de leur vie contre "l'impérialisme américain" et qui perçoivent toujours dans les décisions des Etats-Unis des "intrigues antirusses" puissent changer du jour au lendemain" (Dielovaïa nedelia, 22.06).

OUZBEKISTAN

La presse continue de suivre les conditions dans lesquelles les travailleurs immigrés d'Asie centrale vivent en Russie. L'information sur les mauvais traitements infligés à un groupe d'immigrés dans une région de la Russie centrale n'a pas tardé à susciter de l'indignation. "Dix-huit esclaves ouzbeks ont enfin retrouvé la liberté... Un groupe criminel organisé a essayé de rétablir l'esclavage... Les Ouzbeks n'avaient pas l'autorisation de sortir. Chaque travailleur qui tentait de s'enfuir était roué de coups et soumis à des tortures. Les esclaves lavaient des voitures sans trêve vingt-quatre heures sur vingt-quatre... Lors des perquisitions pratiquées dans les postes de lavage, on a saisi des piles de passeports et de livrets militaires, ainsi que des armes et des vêtements portant des traces de sang" ("Ferghana.Ru", 23.06).

KIRGHIZSTAN

Selon les experts, la participation de la Russie à la CEI est visiblement devenue trop onéreuse pour Moscou et a cessé de l'intéresser. D'où sa tendance à bâtir avec les anciennes républiques soeurs des relations fondées sur un égoïsme économique sain. "Si l'on considère la situation du point de vue des mythes, on constate que Moscou est en train de perdre les pays de l'ex-URSS. Mais si on la considère du point de vue de la logique, on voit qu'il ne cherche même pas à les retenir... Cela dit, la Russie ne peut abandonner ouvertement le thème de la CEI. La nostalgie de l'époque soviétique étant une partie constitutive importante de la nouvelle idéologie politique en Russie, la décision de renoncer à la CEI serait douloureusement accueillie au niveau de la conscience collective des Russes et se répercuterait sensiblement sur la confiance qu'ils font aux autorités en place" ("Obchtchestvennyi rating", 20.06).

Les commentateurs estiment que l'Asie centrale n'est pas une région où la Russie souhaite réaliser des investissements politiques. En fait, Moscou est en train de céder cette région au Kazakhstan. "La Russie cherche à édifier un empire énergétique européen, à établir son monopole sur les réseaux de production et de transport. C'est dans ce domaine qu'elle est prête à évincer énergiquement les Américains et à se quereller avec les pays d'Europe de l'Est. Le reste n'a pas d'importance fondamentale pour Moscou... Soutenant le projet européen de Moscou, Astana reçoit les ressources politiques nécessaires pour établir son leadership en Asie centrale" ("Obchtchestvenny rating", 20.06).

TURKMENISTAN

Les auteurs des publications citées font remarquer l'intérêt évident des investisseurs russes pour le Turkménistan. Dans le même temps, les experts indépendants constatent l'absence d'informations précises sur les ressources énergétiques du pays. "Les investisseurs russes sont attirés par le plateau continental turkmène... Aujourd'hui, le gouvernement turkmène cherche à commencer le plus vite possible l'exploitation industrielle non seulement des gisements maritimes de pétrole, mais aussi des immenses réserves de gaz naturel et de gaz associé. Pour y parvenir, il a besoin d'associer à ce projet les sociétés étrangères avec leurs investissements considérables, leur expérience et leurs technologies de pointe... Les médias russes ont tendance à mettre en doute l'importance des réserves turkmènes de gaz. Leurs estimations sont contestées par les experts américains, spécialistes des problèmes énergétiques de l'Asie centrale, qui affirment que les ressources énergétiques du Turkménistan sont souvent minimisées ("Gündogar", 22.06).

TADJIKISTAN

Soumis à l'attention de la Douma, les amendements à la loi sur l'emploi de la population en Fédération de Russie sont considérés par la presse comme une mesure susceptible de léser les intérêts des travailleurs immigrés tadjiks. "La Douma examinera un projet de loi engageant les citoyens aptes au travail, mais vivant d'allocations de chômage à participer aux travaux sociaux d'intérêt général. Soucieux de combattre le chômage, les députés ont l'intention de contraindre les Russes bénéficiaires d'allocations à nettoyer les rues ou à aménager des espaces de verdure... Loin de régler le problème du chômage, cette mesure ne tardera pas à l'engendrer, cette fois-ci, parmi les balayeurs et les ouvriers paysagistes embauchés par les municipalités. Beaucoup d'entre eux sont originaires du Tadjikistan" ("Fakty i kommentarii", 21.06).

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