"Cela portera un coup littéralement à tout le monde, la Russie et, par exemple, la France, mais en premier lieu les pays qui accueillent sur leurs territoires les éléments de ce système", a-t-il indiqué lors de la rencontre lundi avec les journalistes des pays baltes organisée par le Pen-Club de RIA Novosti.
A son avis, les pays baltes devraient eux aussi craindre les évolutions en ce sens.
"Géographiquement et politiquement, les pays baltes appartiennent à l'Europe, alors que le déploiement d'antimissiles est une remilitarisation de la politique européenne", a ajouté l'expert.
Sergueï Karaganov estime que les actions des Etats-Unis axées sur le déploiement d'éléments de leur ABM en Europe constituent une partie d'un grand projet stratégique visant à créer un foyer de tensions sur le continent européen.
"Ce déploiement a justement pour objectif d'implanter un élément anxiogène dans la politique européenne reproduisant en permanence la confrontation", a noté le président du Conseil russe pour la politique extérieure et de défense.
L'expert a aussi indiqué que du moment que "ce système fait partie des forces stratégiques, il devient automatiquement une cible prioritaire".
De l'avis de Sergueï Karaganov, la probabilité que les Etats-Unis réussissent finalement à réaliser leurs projets de déploiement d'éléments d'ABM en Europe reste très élevée.
"Les Américains cherchent à déployer leurs missiles coûte que coûte mais la Russie doit faire en sorte que ce déploiement coûte le plus cher possible à ceux qui veulent réaliser ce projet", a ajouté l'expert.
Les projets américains de création d'un système d'ABM en Europe prévoient le déploiement de 10 missiles intercepteurs en Pologne et d'un radar en République tchèque. Le premier antimissile pourrait devenir opérationnel dès 2011, le déploiement des dix missiles pourrait être achevé vers 2013.
La Russie s'est catégoriquement opposée aux projets américains, proposant à Washington, lors du sommet du G8 à Heiligendamm, d'utiliser à cette fin le radar de Gabala, en Azerbaïdjan, construit en 1985 et contrôlant tous les tirs de missiles dans l'hémisphère sud. Après la fin de l'URSS en 1991, la Russie loue ce radar à l'Azerbaïdjan.