Revue de la presse russe du 22 juin

S'abonner
MOSCOU, RIA Novosti

Nezavissimaïa gazeta

Le Kosovo ne sera pas le dernier nouvel Etat sur la carte du monde

La Russie a rejeté le nouveau projet de résolution présenté mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU par la Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis, rappelle vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le projet propose d'ajourner le règlement du problème du statut définitif du Kosovo et de donner aux deux parties, la Serbie et les Albanais kosovars, la possibilité de reprendre les négociations. Si les discussions restent sans résultat dans quatre mois, le Conseil de sécurité de l'ONU devra, selon les auteurs du projet, adopter le plan de Martti Ahtisaari, qui ouvre la voie à l'indépendance du Kosovo sous un contrôle international. Ce sont l'OTAN et l'Union européenne qui devraient alors prendre les décisions clés.

A présent, l'Occident doit composer un nouveau projet qui satisfasse Moscou, ou bien passer à des scénarios unilatéraux.

Cependant, aujourd'hui, la crise kosovare ne peut être intéressante que du point de vue de la mise en valeur par les deux parties de leur art de la diplomatie. Rien de plus. Le Kosovo accédera à l'indépendance, et Moscou s'en rend parfaitement compte, ou du moins il doit en avoir conscience. Les Etats-Unis, soutenus par plusieurs pays européens, et avant tout par l'Allemagne, appliquent une politique conséquente visant à réprimer l'influence de la Serbie et à fragmenter les Balkans. Cette politique n'a jamais été corrigée. Et rien ne laisse supposer qu'elle le sera. En outre, l'Occident ne concèdera jamais que le cas du Kosovo représente un précédent et que le même schéma devrait être utilisé dans le règlement d'autres conflits. Ce ne serait d'ailleurs pas dans l'intérêt de la Russie, qui possède elle-même un potentiel de conflit considérable.

Les possibilités de création de nouveaux Etats sont loin d'être épuisées. Le Kosovo ne sera pas le dernier cas de cette série. Ce ne sont pas forcément l'Abkhazie, l'Ossétie du Sud et la Transnistrie [républiques autoproclamées au sein de la Géorgie et de la Moldavie - ndlr.] qui deviendront de nouveaux Etats. La désintégration ultérieure des fédérations existantes constitue un scénario fort probable, quoique négatif pour les autorités de ces mêmes fédérations. On pourrait bien entendu en appeler au droit international (que les puissants de ce monde ont, soit dit en passant, tendance à interpréter de plus en plus librement), mais c'est avant tout dans le droit national qu'il faut chercher des moyens d'empêcher la désintégration. Pour que la fédération soit mieux administrée et, partant, plus stable, ses composantes doivent être dotées de compétences plus étendues. Dans le cas du Kosovo, il est déjà trop tard. Dans d'autres cas, il y a peut-être encore une chance.

Kommersant

Les leçons polonaises de Bruxelles

Une nouvelle démarche de la Pologne qui a menacé de bloquer l'adoption de la Constitution de l'UE sera perçue à Moscou autrement qu'à Bruxelles. La capitale russe a toutes les raisons d'éprouver une profonde satisfaction: la Pologne, avec sa viande douteuse, qui avait ourdi des intrigues contre la Russie, en l'empêchant de conclure le traité stratégique avec l'UE, est en train de faire des remous au sein l'Union européenne, en dressant certains pays contre d'autres et en compliquant la réforme si nécessaire à la communauté des 27 Etats européens.

Les conclusions s'imposent d'elles-mêmes, semble-t-il: la leçon polonaise doit permettre à Bruxelles, premièrement, de comprendre "qui est qui" dans l'Union européenne, deuxièmement, de choisir plus scrupuleusement de nouveaux membres, si la "grande Europe" juge possible, un jour, d'admettre de nouveaux Etats, l'Ukraine par exemple. Enfin, les actions de la Pologne et, d'ailleurs, de toute la "nouvelle Europe" peuvent être interprétées par les vieux membres de l'UE comme la manifestation d'une ingratitude extrême.

Sergueï Iastrjembski, assistant du président russe Vladimir Poutine chargé des rapports avec l'UE, a déploré ces jours-ci que "des Etats sont apparus dans l'UE qui essaient d'exploiter la solidarité européenne", qualifiant ce fait de "voie sans issue".

Cependant, il ne faut pas se faire d'illusions au sujet de la "leçon polonaise" de Bruxelles. Malgré les vetos systématiques de la Pologne, personne ne la frappera d'ostracisme à Bruxelles, personne ne la considérera comme fossoyeur des rapports UE-Russie, ni d'ailleurs de l'Union européenne. Il en va de même pour les pays baltes. La réforme de l'Union européenne avance difficilement, et la sensation apparaît de temps en temps que l'intégration européenne peut prendre fin d'un jour à l'autre. Cependant, ce n'est rien d'autre qu'une crise de croissance, dont les points critiques ont été ressentis au cours des référendums sur la Constitution européenne en France et aux Pays-Bas. Le pire est, semble-t-il, passé et le développement de l'Union européenne en train de se réformer ne peut plus être arrêté.

La crainte de perdre la "souveraineté énergétique" reste un autre facteur cimentant l'Union européenne. Par conséquent, le voisinage de la Russie actuelle est la meilleure garantie que les forces centripètes prendront le dessus sur les forces centrifuges au sein de l'UE.

Vedomosti

La Russie se résume-t-elle à la vodka?

De nombreux responsables de compagnies des pays développés estiment que la vodka est le principal produit de l'économie russe. Ces connaissances suffisent-elles pour faire des affaires en Russie?

La société Datamonitor a interrogé, à la demande de British Telecom, 800 hauts dirigeants d'entreprises (ayant un chiffre d'affaires allant de 10 millions à plus d'un milliard de dollars) des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, d'Allemagne et de France sur leur attitude envers les économies des pays du BRICS (le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud).

35% des sondés n'ont pu dire comment s'appelle la monnaie russe, et 14% sont certains que la vodka est le principal produit que la Russie a à proposer. Les connaissances des managers interrogés sur les économies d'autres pays du BRICS sont encore plus modestes. 88% d'entre eux ne connaissent pas la monnaie du Brésil, 55%, celle de l'Inde, 78%, celle de la Chine et 65%, celle de l'Afrique du Sud.

Les managers interrogés par Datamonitor ont tendance à regarder de haut les partenaires de la zone BRICS. 72% estiment que les compagnies de ces pays sont moins développées du point de vue technologique et qu'elles ont du mal à soutenir la concurrence dans l'arène internationale.

L'économie russe est la plus impopulaire parmi celles des pays du BRICS. A la question de savoir quel pays de la zone BRICS aurait leur préférence s'ils avaient à y travailler, la Russie n'a été citée que par 6% des managers sondés aux Etats-Unis, 3% en Grande-Bretagne, 10% en France et 9 % en Allemagne. Citons à titre de comparaison que l'Inde est citée par 42% des responsables interrogés aux Etats-Unis, 32% en Grande-Bretagne, 21% en France et 24 % en Allemagne. 23% des sondés Américains, 28% des Britanniques, 23% des Français et 18% des Allemands se sont prononcés pour la Chine.

Les sondés ont cité parmi les problèmes principaux des pays du BRICS la sécurité de l'information, les différences en matière de législation et la menace d'intervention politique. Ces trois problèmes sont douloureux aussi bien en Russie qu'en Chine: ils ont été cités respectivement par 19%, 21% et 21% des sondés.

"Il est douteux que des gens qui estiment que la vodka est le principal produit que la Russie a à proposer puissent connaître les risques qui existent en Russie", déclare Evgueni Nadorchine, économiste chez Trust. Malgré l'existence de risques semblables, la Chine attire depuis longtemps des investissements étrangers, par conséquent, elle est mieux connue et plus attrayante pour les compagnies occidentales, estime-t-il. De toute évidence, la plupart des sondés n'ont pas d'expérience de travail dans les pays du BRICS, c'est pourquoi leurs opinions sont formées par les informations des médias, affirme Kirill Tremassov de la Banque de Moscou. Or, l'image de la Russie dans les médias a été particulièrement négative au cours de l'année écoulée.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала