"Nous sommes préoccupés par la présence excessive de l'Etat dans l'économie. En pleine euphorie, le pouvoir crée en rafale des holdings et des groupes publics, mais cette euphorie doit avoir des limites", a-t-il indiqué.
Là où il y a effectivement des intérêts stratégiques, l'Etat doit maintenir son contrôle, a-t-il noté. "Mais très souvent les groupes publics s'installent dans les branches rapporteuses, argumentant leur présence par des intérêts stratégiques. Il faut séparer les intérêts stratégiques et les intérêts de l'économie", a estimé le chef du Patronat russe.
A son avis, l'Etat peut entrer dans des affaires mais comme investisseur financier, qui, en y entrant, annonce déjà sa stratégie de sortie, déclarant que l'argent tiré de la vente de la part publique financera, par exemple, les retraites.
Mais au cas où l'Etat serait à la fois entrepreneur et régulateur, un conflit d'intérêts deviendra inévitable et celui-ci ne sera pas réglé dans tous les cas, loin de là, en faveur du marché, a estimé M. Chokhine.
Le ministre des Finances, Alexeï Koudrine, s'était déjà prononcé en faveur d'une présence réduite de l'Etat dans l'économie. A son avis, le gouvernement russe doit réduire le soutien public à l'économie car l'expérience mondiale est là pour prouver que ce subventionnement ne conduit pas à l'amélioration de l'efficacité.
Selon le ministre, à ce jour, la part des budgets nationaux servant à appuyer les industries est égale à 5% en France, à 7% en Allemagne, à 10% aux Etats-Unis et à 11% en Russie. Autrement dit, la Russie, toutes proportions gardées, dépense plus que les autres pays pour appuyer son secteur économique.
Le gouvernement russe se propose de financer activement les projets d'investissements de plusieurs sociétés en recourant à des mécanismes différents, dont les instituts publics de développement. Ce soutien public devrait encourager la diversification de l'économie qui est encore trop dépendante des recettes gazopétrolières, estime-t-on au cabinet des ministres.
Actuellement, la Russie est en train de créer plusieurs groupes à participation publique dans différents secteurs, dont le Groupe aéronautique unifié et le Holding de constructions navales. La Banque de développement, tout récemment instituée suite à la fusion de Vnesheconombank, de Roseximbank et de la Banque russe pour le développement, constitue un de ces groupes.