ABM: un dialogue stratégique russo-américain indispensable (expert russe)

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MOSCOU, 7 juin - RIA Novosti. L'entente enregistrée entre les présidents russe et américain pour entamer un dialogue stratégique sur le problème ABM signifie que Moscou et Washington "n'aspirent pas du tout à une ultérieure escalade de la confrontation", a déclaré jeudi à RIA Novosti Alexeï Arbatov.

Alexeï Arbatov dirige le Centre de sécurité internationale à l'Institut de l'Economie mondiale et des Relations internationales de l'Académie des Sciences de Russie.

"Si les parties arrivent aux négociations avec des propositions sérieuses, on pourra désamorcer la crise actuelle dans les relations bilatérales", a estimé le spécialiste russe des problèmes du désarmement, en commentant l'entente enregistrée entre les présidents russe et américain d'entamer un dialogue stratégique associant des militaires et des diplomates sur le problème de la défense antimissile.

Jeudi, lors de sa rencontre bilatérale avec George W. Bush en marge du sommet du G8 à Heiligendamm (Allemagne), Vladimir Poutine a proposé au président américain à titre d'alternative au déploiement d'éléments du bouclier antimissile des Etats-Unis en Europe orientale d'utiliser en commun, toujours dans le but de la mise en place du système de défense antimissile, le radar de Gabala que la Russie loue à l'Azerbaïdjan.

Ce disant, M. Arbatov a rappelé qu'en 2002, quand le Traité sur la réduction des potentiels stratégiques offensifs avait été signé entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie, une déclaration commune sur des relations stratégiques avait aussi été signée. Ce document dit notamment que les parties s'engagent à coopérer pour mettre en place et développer une défense antimissile stratégique.

"Quoi qu'il en soit, pour une raison ou une autre, nul ne s'en est souvenu depuis", a constaté l'expert.

"Nul ne s'est souvenu de cet engagement réciproque pour créer une AMB stratégique. Aussi ne s'agit-il pas aujourd'hui de repartir à zéro ni d'inventer la poudre, mais de partir de l'entente officielle enregistrée autrefois et de se mettre enfin à la table des négociations pour en discuter sérieusement", a souligné M. Arbatov.

Et d'ajouter que nul ne peut évidemment en garantir la réussite dès le début, mais si les parties "viennent à ces négociations avec de sérieuses intentions, on pourrait sans doute désamorcer cette crise dans les relations russo-américaines".

L'expert a qualifié d'excellente initiative l'idée exposée par le président russe sur une exploitation conjointe du radar de Gabala dans le but de la défense antimissile.

"Le radar de Gabala couvre justement toutes les directions sud qui représentent un danger balistique à commencer par la Turquie jusqu'au Pakistan", a précisé M. Arbatov.

Selon ce dernier, une exploitation conjointe du radar de Gabala profiterait tant à l'Azerbaïdjan qu'à la Russie et aux Etats-Unis.

Qui plus est, a-t-il dit, une telle exploitation du radar de Gabala rendrait tout à fait inutile l'installation d'autres radars, par exemple, sur le territoire de la République tchèque.

Les Etats-Unis se proposent de déployer une station radar en République tchèque et dix missiles intercepteurs sur le territoire de la Pologne en 2011-2012. Ce système aurait pour vocation, selon les Américains, de détecter et d'abattre des missiles braqués sur les Etats-Unis et l'Europe.

Le 28 mars dernier, la République tchèque a officiellement accepté d'entamer des négociations avec les Etats-Unis sur l'installation du radar en question. Si tout se passe comme prévu, ces négociations doivent s'achever d'ici l'automne prochain, et le parlement tchèque doit voter sur cette question au début de 2008.

La Russie a plus d'une fois déclaré qu'elle considérait la mise en oeuvre de ces projets comme une menace directe à sa propre sécurité.

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