"Sur de très nombreuses questions, les divergences y prédominent manifestement aujourd'hui, alors que la campagne de propagande est menée au niveau qui rappelle bien l'époque de la "guerre froide", a dit l'expert, tout en ajoutant qu'il n'y avait pas d'interventions propagandistes aussi cruelles depuis le début des années 80, époque de l'arrivée au pouvoir aux Etats-Unis du président Ronald Reagan.
Comme l'a fait remarquer Sergueï Rogov, les dirigeants des deux pays se sont engagés aujourd'hui dans cette campagne. "Dans leurs déclarations publiques, les présidents expriment des griefs à l'endroit de l'autre partie. Cela est suffisamment grave car ce partenariat stratégique que le président des Etats-Unis, George W. Bush, et le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, avaient proclamé après le 11 septembre 2001 a reposé en bonne partie sur les rapports personnels des deux présidents, sur leur confiance réciproque, sur leur certitude qu'ensemble ils étaient capables de régler bien des problèmes communs", a noté l'expert.
Et d'ajouter qu'en dépit de l'entente enregistrée lors de la visite à Moscou de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, à la mi-mai dernier pour "faire baisser le niveau de rhétorique", des invectives réciproques se font de plus en plus fréquentes et violentes, et les propos tenus dernièrement par Vladimir Poutine et George W. Bush ne font que le confirmer avec éclat.
Ainsi, dans une interview accordée dimanche dernier à un groupe de journalistes des pays du G8, Vladimir Poutine a déclaré que les missiles russes seraient de nouveau pointés sur des ouvrages militaires en Europe si les Etats-Unis insistent toujours sur un changement d'équilibre stratégique, en entraînant la Pologne et la République tchèque dans la mise en place d'un "bouclier antimissile" en Europe.
De son côté, le président des Etats-Unis a déclaré mardi dernier à Prague que le processus des réformes avait bien ralenti en Russie, ce qui s'était répercuté de façon très négative sur la progression de la démocratie dans le pays.
Pour ce qui est des déclarations de George W. Bush sur le soutien par les Etats-Unis des "jeunes" démocraties de l'Ukraine et de la Géorgie, cela est, selon l'expert, le point de vue traditionnel de l'Amérique. Aussi tous les présidents américains sont-ils intervenus et interviendront-ils toujours à l'avenir à partir de cette prise de position. Quoi qu'il en soit, a relevé l'interlocuteur de RIA Novosti, le problème réside sans doute dans les conséquences politiques de toutes ces déclarations. Et d'ajouter: "Soit c'est une simple tentative d'accélérer l'adhésion à l'Alliance de l'Atlantique Nord de l'Ukraine, de la Géorgie et d'autres ex-républiques soviétiques, soit on se limitera tout bonnement à des déclarations pacifiques sur le soutien des principes de la démocratie à travers le monde".
Quoi qu'il en soit, le directeur de l'Institut des Etats-Unis et du Canada a espéré que malgré la tension actuelle dans les relations entre la Russie et les Etats-Unis, les participants au sommet du G8 dont les travaux viennent de démarrer en Allemagne tendraient à la recherche conjointe de solutions au lieu de se livrer à une confrontation stérile. "On veut espérer qu'il sera possible d'éviter les tentatives de former un front uni de l'Occident contre la Russie", a dit en conclusion Sergueï Rogov.