A la demande de RIA Novosti, l'expert a commenté la récente information sur l'intensification des négociations entre les Etats-Unis, le Japon et l'Australie sur le déploiement du système régional d'ABM en Asie. Les autorités chinoises avaient à plusieurs reprises exprimé leur préoccupation face à ces projets.
La Chine, a indiqué l'expert, a toutes les raisons de s'inquiéter.
"A en croire les informations disponibles, les projets des Etats-Unis portent sur le déploiement d'éléments d'ABM au Japon et en Australie. Ceci dit, on installera non seulement des dispositifs destinés à combattre les missiles de portée moyenne, mais aussi des radars puissants XBR", a souligné M. Chang.
"La portée de ces radars est une information classée, mais à mon avis celle-ci doit être de 4.000 km environ, pour permettre aux Américains de suivre si nécessaire les tirs de missiles chinois depuis la base située dans le Shanxi", a-t-il souligné.
"Certes, les Etats-Unis peuvent couvrir l'ensemble du territoire chinois au moyen de leurs satellites, mais en cas de lancement d'hostilités, un point de contrôle en plus pourrait être d'une très grande importance", a expliqué M. Chang.
Pourtant, les Etats-Unis ne projettent pas encore de déployer des systèmes en mesure d'intercepter les missiles intercontinentaux en Asie, selon lui.
"Les Etats-Unis ont peur de mettre en colère la Chine et ne projettent pas encore de déployer de tels systèmes en Asie", a ajouté l'expert, soulignant qu'il est "peu probable que le Japon accepte lui aussi cette évolution".
En ce moment, les systèmes américains d'ABM ne sont pas en mesure d'intercepter les missiles russes et chinois, mais à l'avenir la situation pourrait changer, a estimé l'expert.
"A ce jour, la vitesse des antimissiles est de 3,5 km/sec, alors que les missiles russes et chinois volent à 5 km/sec, mais les technologies se développent vite et dans dix ans les Etats-Unis pourraient bien disposer d'un ABM en mesure d'intercepter les missiles russes", a indiqué M. Chang.
Selon l'expert, les menaces émanant de la Corée du Nord ne justifient pas la création d'un ABM régional.
"Je ne pense pas que la Corée du Nord puisse lancer des missiles d'une portée de 4.000 km", a-t-il estimé. De l'avis de l'expert, le déploiement du bouclier antimissile en Europe de l'Est est une grande priorité pour les Etats-Unis, voilà pourquoi la création d'un tel système en Asie attendra encore deux ou trois ans.
L'expert n'a pas écarté l'hypothèse que la Russie et la Chine puissent coordonner à l'avenir leurs efforts dans la lutte contre le déploiement du système ABM.
"La Russie est préoccupée par les projets américains en Europe de l'Est, la Chine, par ces mêmes projets pour l'Asie de l'Est, et il est évident qu'à l'avenir les deux pays pourraient appliquer une politique coordonnée dans ce domaine", a estimé l'expert.
Si l'ABM américain voit le jour en Asie, la Chine, a poursuivi M. Chang, développera intensément son programme balistique. "La Chine construira davantage de missiles intercontinentaux, en perfectionnera les ogives et augmentera leur nombre", a noté l'expert.
Selon M. Chang, ces derniers mois des médias spécialisés chinois ont publié nombre d'articles très critiques envers les projets américains. "Sur ce plan, je suis d'accord avec les experts chinois: le déploiement du système ABM américain risque de détruire l'équilibre balistique entre les grandes puissances", a-t-il conclu.