L'agence Adnkronos a rapporté mardi que le procureur de Potenza, Henry John Woodcock, instruisait une "affaire de franc-maçonnerie secrète" dans laquelle 24 personnes - fonctionnaires ministériels, responsables de conseils régionaux et municipaux, membres du parti politique Forza Italia - étaient impliquées.
Selon le procureur, les suspects ont fondé "une association secrète de type maçonnique en vue d'attaquer les administrations publiques et sociales".
Ce dossier, qui réunit de multiples "preuves de l'activité criminelle" pratiquée par l'association secrète, compte plus de 300 pages. Ce n'est pas sans raison qu'il a été appelé "la nouvelle P2", par analogie avec la loge maçonnique Propaganda Due (P2) qui à la fin des années 1970 - début des années 1980 avait fomenté un coup d'Etat en Italie.
En 1981, la police italienne avait découvert une loge maçonnique puissante qui réunissait des milliers de personnalités haut placées et de nombreux dirigeants des services secrets italiens. La loge était présidée par le grand maître Licio Gelli.
L'instruction avait établi que P2 comptait "à son actif" de multiples attentats terroristes perpétrés pour déstabiliser la situation politique dans le pays.
La police avait constaté que la loge était dirigée depuis les Etats-Unis et que ses crimes - tant ceux d'Etat que ceux de droit commun - avaient été conçus par la CIA. Quant aux armes et munitions, elles provenaient des bases militaires de l'OTAN.
Après leur arrestation, plusieurs membres de P2 qui travaillaient dans les services secrets italiens avaient avoué qu'à la demande des Américains, leurs agents avaient formé les groupes terroristes des Brigades Rouges, organisé des incendies et des explosions dans des établissements publics et des trains.
Après la découverte de P2, ses membres - soucieux de dissimuler les traces de leurs crimes - avaient essayé d'en supprimer les témoins. Un juge, des avocats et des journalistes qui avaient procédé aux enquêtes à leurs risques et périls avaient péri de la main de tueurs à gages. Les "francs-maçons" n'avaient pas non plus ménagé leurs confrères. Ainsi, une personne proche de Licio Gelli, le banquier Roberto Calvi, avait été retrouvé pendu sous un pont à Londres, et son secrétaire défenestré à Milan. Même le grand maître n'avait pas échappé à la mort: il fut empoisonné dans sa cellule, en prison.