"Au vu des déclarations du président Poutine, des discussions approfondies apparaissent encore nécessaires afin de dissiper les inquiétudes qui pourraient s'exprimer", a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi, dont les propos sont cités dans le communiqué de presse diffusé lundi par le Quai d'Orsay.
"Le projet américain, tel qu'il nous a été présenté, ne nous semble pas avoir un impact sur les équilibres entre la Russie et les Etats-Unis", a-t-il indiqué avant de préciser que "la prolifération des missiles balistiques est un problème très important, notamment au Moyen-Orient".
M. Mattéi a fait savoir que les Etats-Unis avaient commencé un "dialogue approfondi" avec la Russie sur ce sujet et qu'ils avaient l'intention de le poursuivre. Selon le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, les projets de déploiement du système américain d'ABM en Pologne et en République tchèque doivent donc être traités dans le cadre des "discussions bilatérales" entre Washington et Moscou.
Cependant, a-t-il ajouté, "il est également utile, compte tenu de leurs implications, qu'ils soient évoqués dans le cadre de l'OTAN et du Conseil OTAN-Russie".
"Si une partie du potentiel nucléaire stratégique des Etats-Unis apparaît en Europe et si, selon nos spécialistes militaires, elle représente une menace pour la Russie, nous serons certainement contraints de prendre les mesures de rétorsion qui s'imposent. Quelles sont-elles? Evidemment, nous aurons de nouvelles cibles en Europe", a indiqué le président russe dans une interview accordée le 1er juin aux journalistes des pays membres du G8 dans sa résidence de Novo-Ogarevo.
A la question de savoir ce qu'il pensait de l'avenir du Traité sur les missiles de moyenne et de plus courte portée, le président russe a répondu qu'il s'agissait là d'un problème plus vaste, problème qui ne concernait pas directement le système américain de défense antimissile.
"Seuls les Etats-Unis et la Fédération de Russie assument le fardeau qui les engage à ne pas développer de missiles de moyenne portée. Alors que de nombreux autres pays ne s'en privent pas. Ce sont Israël, le Pakistan, l'Iran, la Corée. Si cette entente avait un caractère universel, elle devrait être respectée par tous. Mais quand tous les pays, ou peu s'en faut, créent de nouveaux missiles ou envisagent de le faire, je vois mal pourquoi les Etats-Unis et la Russie devraient s'imposer des restrictions en la matière", a déclaré M. Poutine.