"Connaissant et analysant le comportement d'Alexandre au cours des derniers mois de 2006, je ne pouvais que voir qu'il était déçu par Boris Berezovski et par ses supérieurs hiérarchiques dans les services secrets britanniques. Il considérait que les Britanniques le sous-estimaient et, par conséquent, rémunéraient insuffisamment ses services", a affirmé Andreï Lougovoï, lui-même ancien officier du FSB, au cours d'une conférence de presse qui s'est tenue jeudi à Moscou.
"J'avais l'impression qu'il échappait au contrôle des services secrets britanniques", a-t-il indiqué.
"C'est pourquoi il a été éliminé sinon pas par ces services, du moins sous leur contrôle ou avec leur complaisance", a-t-il ajouté.
Quant à la deuxième version, Andreï Lougovoï a rappelé qu'Alexandre Litvinenko s'était mis en contact, de lui-même, avec la police espagnole qu'il aidait à recueillir des renseignements sur la "mafia russe".
Selon l'ex-officier du FSB, Alexandre Litvinenko lui avait fait savoir qu'il s'était rendu en Israël pour y rencontrer Leonid Nevzline.
Il a également exposé sa troisième version, ajoutant qu'elle était la plus vraisemblable.
"Il s'agit de Boris Berezovski qui, comme on le sait, s'y connaît parfaitement en intrigue politique", a-t-il expliqué.
Selon lui, peu avant la mort d'Alexandre Litvinenko, celui-ci aurait déclaré à Dmitri Kovtoun disposer de données compromettantes très importantes sur l'activité illégale de Boris Berezovski sur le territoire de la Grande-Bretagne.
"Alexandre Litvinenko avait suggéré à Dmitri (Kovtoun) qu'au moment où la Russie demandait à la Grande-Bretagne d'extrader Boris Berezovski, il serait utile de laisser entendre à Boris Berezovski que de telles données existaient et d'évaluer leur coût à plusieurs millions de dollars", a raconté Andreï Lougovoï.
"Ne voulant y participer ni directement, ni indirectement, car nous ne prenions pas au sérieux Alexandre Litvinenko, nous avions jugé bon avec Dmitri Kovtoun d'oublier cette conversation le plus vite possible. Mais, en me souvenant des détails des rencontres avec Alexandre Litvinenko et de sa certitude que les données compromettantes dont il disposait pourraient améliorer radicalement sa situation matérielle précaire, je peux supposer qu'il (Litvinenko) n'avait pas abandonné ses tentatives de faire chanter Boris Berezovski, ce qui a eu des conséquences aussi tristes", a ajouté Andreï Lougovoï.