Russie-UE: le rapport de force s'est modifié au profit de Moscou (expert européen)

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L'Union européenne (UE) doit changer de tactique dans ses négociations avec la Russie, en l'adoptant aux nouvelles réalités russes, estime Thomas Gomart, directeur du centre Russie-Nouveaux Etats indépendants à l'Institut français des relations internationales (IFRI).
BRUXELLES, 18 mai - RIA Novosti. L'Union européenne (UE) doit changer de tactique dans ses négociations avec la Russie, en l'adoptant aux nouvelles réalités russes, estime Thomas Gomart, directeur du centre Russie-Nouveaux Etats indépendants à l'Institut français des relations internationales (IFRI).

"Les discussions sur le nouvel accord de partenariat et de coopération patinent, à cause du veto polonais à l'ouverture des négociations et parce que la Russie, contrairement à ce qui s'est passé pour l'accord précédent entré en vigueur en 1997, ne se sent plus en situation de faiblesse par rapport à l'Union", a notamment déclaré l'expert dans une interview au journal belge La Libre Belgique.

Comme l'a fait remarquer Thomas Gomart, désendettée, la Russie est désormais "décomplexée". "Avec de nouveaux moyens financiers et une croissance de 7 %, la Russie vit une euphorie économique qui change sa relation au monde par rapport aux années Eltsine. Elle se place dans une logique de réaction, visant à mettre fin à la perte d'influence dans l'espace postsoviétique", a poursuivi le politologue.

"Moscou veut aussi faire comprendre aux Européens qu'ils n'ont pas le monopole des valeurs et que leur système n'est pas supérieur au système russe", a-t-il ajouté.

Selon Thomas Gomart, depuis, on assiste à un dialogue de sourds entre l'UE, qui continue à utiliser des outils qui datent des années de transition, et les Russes, qui ont changé leur mode de présence. Le rapport de forces s'est modifié au profit de Moscou, a-t-il constaté.

L'expert est persuadé que l'Union européenne doit élaborer une attitude unique face à la Russie, prise de position qui fait défaut aujourd'hui.

"Les Etats membres de l'UE sont fortement divisés. On avait un clivage entre les nouveaux membres - avec, en tête, la Pologne et les Etats baltes - et des pays comme l'Allemagne, la France et l'Italie. Clivage qui à la fois s'accentue, dans la mesure où les Polonais prennent un ton de plus en plus véhément, et se résorbe, dans la mesure où les partenaires européens soutiennent la Pologne et l'Estonie", a relevé Thomas Gomart.

Et de supposer que "le changement d'équipe à Paris pourrait apporter une attitude moins complaisante vis-à-vis de Moscou".

Comme l'a souligné l'expert, les relations entre la Russie et l'Union européenne subissent l'impact croissant des questions énergétiques de plus en plus politisées. "Cela s'explique par des situations différentes entre Etats membres dans la composition de leur bouquet énergétique et la provenance de l'approvisionnement", estime Thomas Gomart.

Qui plus est, note l'expert, les relations entre les Etats-Unis et la Russie affectent indirectement le dialogue entre Bruxelles et Moscou.

D'après le directeur du centre Russie-Nouveaux Etats indépendants à l'IFRI, la présidence allemande était l'une des plus ambitieuses et puissantes pour refondre le cadre de relations UE-Russie, mais elle a "alloué l'essentiel de ses ressources politiques à la médiation entre la Russie et la Pologne, avec peu de succès".

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