"Les véritables réformes doivent prendre en compte les intérêts des peuples (arabes) et être réalisées par eux-mêmes", a-t-il affirmé. Pour étayer cette idée, le prince Turki a cité l'exemple de l'Irak où les réformes imposées par les Etats-Unis ont été accomplies au détriment des traditions historiques, des moeurs du pays et de sa population.
"La tentative de faire entrer l'Irak dans le costume taillé à Washington et de le présenter comme le modèle du nouveau monde arabe était dès le début vouée à l'échec", a signalé Turki Al-Fayçal.
De cette tentative, il résulte selon lui que "la démocratie s'est transformée en un horrible conflit interconfessionnel, où la majorité domine la minorité, où la justice est oppression, où le triomphe de la loi devient celui de la police armée et où les droits de l'Homme ne sont plus que des mots creux".
Les autres exemples, a poursuivi le prince Turki, sont la Palestine, où la victoire du Hamas à la suite d'élections "libres et transparentes" a provoqué le boycott du gouvernement issu de ce scrutin par ceux qui exhortent à des réformes dans la région. C'est pourquoi "il ne faut pas s'étonner de la réaction négative des autorités comme de la masse populaire (des pays arabes) aux appels à la mise en oeuvre de réformes".
"Les réformes seront une réussite si elles émanent de la région elle-même", a-t-il souligné.
Le prince Turki Al-Fayçal est un membre influent de la famille royale. Fils du feu roi Fayçal et frère du ministre saoudien des Affaires étrangères Al-Fayçal, il a dirigé les services secrets du royaume jusqu'à 2001, soit durant presque 25 ans. Il a d'abord été ambassadeur de l'Arabie Saoudite en Grande-Bretagne, puis aux Etats-Unis jusqu'à la fin de 2006.