Commentant l'appel du président ukrainien à la communauté internationale de reconnaître la famine de 1932-1933 comme un "acte de génocide", le chercheur a indiqué dans un entretien à RIA Novosti jeudi que "M. Iouchtchenko cherche un scandale avec la Russie", mais ses affirmations "n'ont pas de preuves historiques, elles ne sont pas conformes à la vérité historique".
M. Iouchtchenko ne veut pas de vérité historique, il ne veut qu'attiser des passions, a-t-il noté.
"La déclaration du président Iouchtchenko, selon laquelle il a y eu un acte de génocide contre le peuple ukrainien, ne correspond pas à la vérité historique. L'objectif de la famine organisée à l'époque consistait à accélérer l'industrialisation stalinienne à laquelle les gens de différentes origines ethniques ont pris part, dont les Ukrainiens. L'objectif (de la famine) consistait à porter un coup contre la paysannerie", a poursuivi le chercheur.
"Sans aucun doute cette famine était un crime contre tous les peuples, le peuple ukrainien, le peuple russe et d'autres, qui ont souffert dans les années trente. Car la famine sévissait aussi au Kazakhstan, dans le Caucase, sur la Volga, en Ukraine", a-t-il ajouté.
Mais, de l'avis de l'historien, ni les Russes et la Russie d'aujourd'hui n'en assument aucune responsabilité.
"La responsabilité pour ce crime effroyable qui ne visait d'ailleurs pas le peuple ukrainien incombe au parti communiste qui avait usurpé le pouvoir en Russie", a estimé l'historien.
Le président ukrainien a appelé la communauté mondiale le 11 avril, à la veille du 75e anniversaire de la famine ("golodomor" en ukrainien) de 1932-1933, de reconnaître cette tragédie comme un "acte de génocide contre le peuple ukrainien". En vertu d'une loi signée en novembre 2006, la négation publique du "golodomor" en Ukraine est reconnue comme un sacrilège envers la mémoire de millions de ses victimes.
Tout au long du XXe siècle, l'Ukraine a vécu trois famines, en 1921-1923, en 1932-1933 et en 1946-1947. Celle des années 30 a été la plus massive : selon les historiens ukrainiens, elle aurait emporté entre sept et dix millions de vies.