"Pour commencer, l'Union européenne doit lever ses sanctions contre nos fonctionnaires", a indiqué le chef de l'Etat biélorusse interrogé par des journalistes à Brest, dans l'ouest du pays, à la frontière polonaise.
"Si l'UE veut nous parler à travers un "rideau de fer" et nous tient à la gorge, nous refuserons de parler", a-t-il ajouté.
En avril 2006, l'UE a décrété M. Loukachenko et plusieurs hauts fonctionnaires biélorusses personae non gratae sur son territoire. En mai 2006, l'UE a élargi ses sanctions contre les dirigeants biélorusses en gelant les comptes de M. Loukachenko et de 35 fonctionnaires dans les banques européennes. Ces sanctions ont été prises pour une période allant jusqu'au 10 avril 2008. Des tendances autoritaires, de l'avis de l'Union européenne, du pouvoir de M. Loukachenko, de même que les violations des droits de l'opposition et des droits de l'homme dans le pays, expliquent cette "mise en veilleuse" des rapports entre l'UE et Minsk.
De l'avis de M. Loukachenko, les rapports entre la Biélorussie et l'UE doivent être édifiés sur l'intérêt mutuel. "Nous ne tolérerons aucune contrainte de sa part. Je pense que l'Union européenne est en train de rater une chance réelle de s'entendre avec nous et d'avoir en notre personne un très bon partenaire", a indiqué le président biélorusse.
M. Loukachenko ne nie pas l'intérêt de la Biélorussie pour la mise sur pied de bons rapports avec l'UE. "Nous voudrions normaliser nos rapports avec l'UE. C'est dans notre intérêt, tout comme dans celui des Européens", a-t-il indiqué.
La Biélorussie ne s'est jamais opposée à l'Europe. "Mais, voyez-vous, nos problèmes intérieurs ont déplu à l'UE, les problèmes de notre opposition, notre législation électorale'", a poursuivi M. Loukachenko. "Mais nous ne nous ingérons pas dans leurs affaires, par exemple, dans celles de la France où les élections sont organisées par le ministère de l'Intérieur !" a-t-il ajouté.
D'autre part, l'Occident exige de la Biélorussie l'abrogation de la peine capitale. M. Loukachenko a rappelé qu'un référendum sur cette question avait été mené en Biélorussie et qu'il n'était pas en mesure d'en annuler les résultats.
La Biélorussie a ses intérêts et ceux-ci ne contredisent pas les intérêts européens. "La Biélorussie règle une multitude de problèmes pour l'Europe. Cela concerne la lutte contre le transit des stupéfiants, des armes, des technologies et des matériaux nucléaires", a indiqué M.Loukachenko.
"L'Occident reste braqué sur les droits de l'homme. Mais le premier droit de l'homme est le droit à la vie, à l'emploi, au salaire et, chez nous, ces problèmes sont en train d'être réglés", a ajouté le président biélorusse.
S'agissant des médias d'opposition, M. Loukachenko a noté que ceux-ci ne sont pas interdits en Biélorussie. "L'UE est allé jusqu'à proposer à l'Etat (biélorusse) de se charger de la diffusion des journaux d'opposition. Mais cela n'existe nulle par ailleurs et nous ne l'accepterons pas", a-t-il affirmé.
Selon lui, l'Europe avance des exigences inacceptables au sujet de libération des prétendus détenus politiques. "Des propositions inacceptables sont formulées à notre égard. Têtus comme des mules, les Européens exigent de nous la libération d'on ne sait quels détenus politiques. Nous n'avons pas d'articles "politiques" (dans le Code pénal) et nous leur avons montrés pourquoi ces personnes ont été condamnées. Ces personnes ont été poussées par l'argent de l'UE à monter sur les barricades et l'UE veut les tirer de prison", a dit M.Loukachenko. "Eh bien, venez, mais avouez votre faute, excusez-vous devant les Biélorusses. Après, on parlera de nos problèmes", a ajouté le président biélorusse.