Armes chimiques: la Russie détruit ses stocks conformément au calendrier

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Par Viktor Litovkine, RIA Novosti
Par Viktor Litovkine, RIA Novosti

La 48e session du Conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) qui s'est tenue à la mi-mars à La Haye a dressé le bilan de l'accomplissement des engagements pris par les Etats signataires de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques en 2006 et établi les plans pour l'avenir proche. Une délégation russe a participé aux travaux du conseil exécutif et a informé ses collègues au sein de l'OIAC des résultats enregistrés.

A la date de l'ouverture de la 48e session, la Russie a déjà détruit 7.007,5 tonnes de ses stocks d'armes chimiques, soit 17,5% de leur volume annoncé (40.000 tonnes), dont 1.143,2 tonnes d'ypérite et de lewisite dans la localité de Gorny de la région de Saratov où l'élimination des armes chimiques stockées dans un entrepôt local a été entièrement achevée.

La destruction des armes chimiques se poursuit sur deux autres sites en Russie. L'un d'entre eux se trouve dans la localité de Kambarka (Oudmourtie) où le rendement de l'usine de liquidation de lewisite est de 9,6 tonnes par jour, l'ensemble des stocks de cet agent toxique caustique constituant 6.300 tonnes. L'autre site se trouve dans la localité de Maradykovski de la région de Kirov où l'on est en train de neutraliser les munitions de l'aviation contenant une substance du type des gaz VX neuroplégiques, dont les stocks constituent 4.013,5 tonnes, soit 19.657 unités de stockage.

Viktor Kholstov, vice-directeur de l'Agence fédérale pour l'industrie, chargé de l'élimination en toute sécurité et selon le calendrier des armes chimiques de la Russie estime que, si les travaux s'effectuent à ce rythme, notre pays accomplira, voire dépassera ses engagements, en ayant éliminé un peu plus de 20% des stocks, plus précisément 8.553,4 tonnes, avant le 29 avril 2007, dixième anniversaire de l'entrée en vigueur de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques.

La Russie doit, il est vrai, détruire avant le 29 avril 2009 45% de ses stocks. Avant le 29 avril 2012, elle devra annoncer à La Haye, à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, leur élimination totale. Pourra-t-elle le faire? Le fait est qu'en plus de Gorny, Kambarka et Maradykovski, il y a quatre autres sites où sont stockés des agents toxiques: Kizner en Oudmourtie, Leonidovka dans la région de Penza, Potchep dans la région de Briansk et Chtchoutchie, dans celle de Kourgan. Que peut-on dire à leur sujet?

Selon Viktor Kholstov, la documentation nécessaire a été élaborée, les implications économiques et techniques établies, et la construction et le montage des installations nécessaires ont commencé. Dans l'immédiat est prévu le lancement de l'usine de Leonidovka, ensuite de celle de Potchep puis à la base de Chtchoutchie. Il est vrai, conformément au programme d'Etat d'élimination des armes chimiques, l'usine de liquidation des substances toxiques neuroplégiques stockées dans la région de Kourgan (5.462 tonnes de sarin, de soman et de gaz VX, soit 13,6% de tous les agents toxiques russes qui pourraient remplir 9.382 wagons ferroviaires) devait être mise en service même plus tôt que celle de Maradykovski. Cependant, bien qu'il soit désagréable d'en parler, les partenaires de Moscou dans le cadre du Programme de réduction de la menace (Programme Cooperative Threat Reduction) lancé par Washington n'ont pas tenu leurs promesses.

L'administration américaine avait promis d'affecter plus de 880 millions de dollars pour la construction de l'usine de Chtchoutchie. C'était à l'époque du président Clinton. Mais, sous différents prétextes, l'octroi de l'aide financière et matérielle a traîné en longueur, ou bien elle a été réduite. D'abord, Washington a exigé que Moscou construise dans cette localité à des cadences accélérées des logements pour les travailleurs de l'usine, des policliniques, des jardins d'enfants, des écoles et d'autres bâtiments d'usage public. Lorsque tout cela a été fait, de nouvelles prétentions, non prévues par aucun document, ont été avancées: par exemple, l'exigence de fournir des renseignements sur les armes chimiques binaires et d'accorder l'accès aux Instituts de recherche concernés par les programmes biologiques...

La Russie a dû rattraper elle-même le temps perdu. Elle a dû renoncer au lancement prioritaire de l'usine de Chtchoutchie, sur laquelle on fondait un grand espoir sur le plan de l'accomplissement de la première étape des exigences de la convention, il a fallu financer d'autres usines, y compris celles de Kambarka et de Maradykovski qui ont permis à la Russie de respecter les délais prévus. Le lancement de l'usine de Chtchoutchie avait été ajourné de quelques années. A présent, ses résultats s'approchent de ceux des usines d'avant-garde, mais uniquement aux frais de la Russie et grâce à l'aide de pays autres que les Etats-Unis.

A propos, d'autres pays qui aident la Russie à éliminer ses armes chimiques en toute sécurité et selon le calendrier méritent une conversation à part. L'Allemagne occupe la première place parmi eux, ensuite viennent la Suisse, les Pays-Bas, l'Italie, le Canada, etc. Bien que leur contribution ne dépasse pas 10%, sans le partenariat de ces Etats, les spécialistes russes auraient bien plus de mal à éliminer les armes chimiques, séquelle de la guerre froide. A présent, on peut être certains qu'elles seront éliminées à coup sûr dans les délais fixés par l'OIAC.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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