Les désaccords sur Bouchehr se creusent entre la Russie et l'Iran (expert américain)

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Les désaccords autour de la centrale nucléaire de Bouchehr se creusent entre la Russie et l'Iran et cela est dû au refus de Téhéran de renoncer à des programmes présentant un danger pour le régime de non-prolifération des armes nucléaires, estime Gary Samore, directeur adjoint du Conseil américain pour les relations étrangères.
NEW YORK, 27 mars - RIA Novosti. Les désaccords autour de la centrale nucléaire de Bouchehr se creusent entre la Russie et l'Iran et cela est dû au refus de Téhéran de renoncer à des programmes présentant un danger pour le régime de non-prolifération des armes nucléaires, estime Gary Samore, directeur adjoint du Conseil américain pour les relations étrangères.

De l'avis de cet expert, il ne faut pas se hâter de livrer du combustible nucléaire pour Bouchehr, comme le prévoit le contrat, du moment qu'il pourrait être utilisé dans le cadre de programmes militaires.

"Quels que soient les prétextes de nouveaux problèmes autour de Bouchehr, il est patent que la Russie appréhende que l'uranium fourni par elle ne soit utilisé dans les programmes militaires de Téhéran et elle n'est manifestement pas disposée à lui remettre", a dit Gary Samore dans une interview accordée à RIA Novosti.

Lundi, quarante-huit heures après le vote unanime des sanctions renforcées par le Conseil de sécurité de l'ONU, Téhéran a repris le financement des travaux de la centrale, mais Rosatom (Agence fédérale russe de l'énergie atomique) a déclaré que ces versements ne représentent qu'une partie des engagements financiers de l'Iran.

"Je pense que Téhéran irrite de plus en plus la Russie, qui craint surtout une évolution militaire des événements. Tôt ou tard des frappes ponctuelles constitueront un prolongement logique du refus de l'Iran de parvenir à un compromis par des voies diplomatiques. Parce que la puissance nucléaire de l'Iran constitue un péril bien plus grave que la petite et pauvre Corée du Nord nucléaire", estime Gary Samore, l'un des principaux experts américains de la problématique de la non-prolifération des armes nucléaires.

Il a fait remarquer que la métamorphose politique du comportement de la Russie à l'égard du "dossier nucléaire iranien" est visible aussi au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU: si la première résolution avait été votée au terme de quatre mois de pourparlers, la dernière, votée samedi, n'a nécessité que deux semaines de concertations.

Le directeur adjoint du Conseil américain pour les relations étrangères estime qu'une scission s'est produite au sein de l'élite iranienne sur la question de savoir s'il faut se soumettre ou non aux résolutions du Conseil de sécurité.

Toutefois, l'expert est convaincu que des sanctions supplémentaires seront nécessaires pour accentuer la pression sur l'Iran: "Je suis loin de penser que la résolution 1747 contraindra Téhéran à s'asseoir à la table des négociations. Il faudra encore non pas une ni deux, mais plusieurs autres résolutions du Conseil de sécurité alourdissant les sanctions pour obliger Téhéran à reconsidérer sa position. La Chine, principal fournisseur d'armes à l'Iran, va devoir accepter un embargo rigoureux tandis que la Russie devra renoncer à coopérer avec ce pays dans le secteur électronucléaire. L'Europe, qui a beaucoup d'intérêts commerciaux en Iran, aura elle aussi un prix à payer".

La résolution 1747 prévoit un embargo sur les achats d'armes à l'Iran et exhorte les Etats à ne pas livrer d'armes lourdes à Téhéran. Les restrictions dans le domaine nucléaire ne concernent que les programmes liés à l'enrichissement et au traitement de l'uranium, elles ne s'étendent donc pas au nucléaire civil.

"Je suis sûr que les Etats-Unis et leurs alliés n'admettront pas que l'Iran se dote d'un potentiel nucléaire menaçant directement Israël et potentiellement les pays de l'UE, bien que Téhéran n'ait pas d'ennemis historiques en Europe. Le facteur militaire pourrait émerger. Mais dans ce cas une décision ad hoc ne pourra pas être prise par l'administration de George W. Bush puisque son mandat arrive à expiration l'année prochaine", a dit Gary Samore.

L'expert américain a ajouté qu'une solution militaire, à savoir des frappes ponctuelles sur les sites militaires potentiels, n'est pas souhaitable étant donné que rien ne dit que Téhéran ne dispose pas d'unités de production secrètes. D'autre part, elles saperaient le processus de négociation encourageant entre Israël et l'Autorité nationale palestinienne.

Pour ce qui est du problème des livraisons de pétrole iranien en cas d'exacerbation de la situation, Gary Samore pense que l'Arabie saoudite serait en mesure de les compenser en augmentant sa production.

Au cours d'une conférence de presse donnée dimanche à New York, le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a déclaré qu'il espérait que la Russie respecterait pleinement ses engagements à Bouchehr du moment que la coopération bilatérale ne doit pas être subordonnée aux sanctions.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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