A la veille du quatrième anniversaire de l'invasion américaine en Irak, l'expert russe met en garde Washington contre toute tentative d'agression contre l'Iran.
"Le bilan militaire de quatre années d'occupation de l'Irak par les troupes des Etats-Unis et leurs alliés est plus qu'insatisfaisant", a fait remarquer le général.
Et de faire remarquer que dans une guerre classique, l'armée américaine régulière a incontestablement une supériorité déterminante sur le champ de bataille grâce à l'utilisation de matériel de guerre le plus sophistiqué et des technologies militaires les plus performantes.
Mais dans les villes, les militaires américains sont confrontés à une vraie guérilla face à laquelle ils ne peuvent manifestement rien faire.
"Ce n'est certes pas par hasard que dès après l'occupation de l'Irak, les représentants du Pentagone se sont mis à chercher fiévreusement des manuels sur des opérations militaires dans les conditions urbaines et sur la lutte contre les partisans de la période de la Seconde Guerre mondiale", a poursuivi Leonid Ivachov.
"Pourtant, tout porte à croire que cette science n'a pas profité aux Américains", a-t-il ajouté.
Selon le général, les Américains sont en train d'essuyer en Irak une totale défaite militaire et politique.
"La seule chose que les Etats-Unis font bien en Irak, encore qu'il ne s'agisse même pas de leurs militaires, mais plutôt de leurs services spéciaux, c'est l'organisation d'accrochages entre les chiites et les sunnites", a noté le général.
Et pour le reste, a-t-il continué, les Américains n'arrivent même pas à contrôler certains quartiers dans les grandes villes irakiennes.
"Or, les résistants irakiens n'ont aucun armement moderne pour abattre les avions et les hélicoptères, pour détruire les blindés. Les rebelles ne se servent à présent que de primitifs engins explosifs artisanaux, y compris sous formes de voitures ou de camionnettes piégées", a relevé l'expert.
Dans le contexte de la guérilla, les avantages des forces armées américaines, tels que l'engagement de grandes unités et formations dans toute opération militaire, les systèmes de reconnaissance spatiaux et ceux de reconnaissance électronique AWACS, se sont avérés parfaitement inefficaces.
Qui plus est, a averti le vice-président de l'Académie des problèmes géopolitiques, les Américains auront à se retirer de l'Irak après avoir essuyé d'immenses pertes. Plus de 3 000 militaires des Etats-Unis ont d'ores et déjà péri dans ce pays et plus de 24 000 autres y ont été blessés. D'ici la fin 2008, au moment de l'expiration du mandat présidentiel du président des Etats-Unis, George W. Bush, le coût total de la guerre irakienne dépassera, selon les experts, 500 milliards de dollars, puisés dans le budget américain.
"En perspective, si les relations entre chiites et sunnites se normalisent et qu'ils opposent une résistance conjointe à l'occupation américaine en Irak, les pertes des Etats-Unis seront catastrophiques, a déclaré le général. Cela ne manquera certes pas de se produire si les Etats-Unis portent un coup militaire contre l'Iran. Dans une telle éventualité, les chiites seront tout simplement obligés de soutenir leurs frères".
Pour ce qui est des conséquences politiques de la guerre en Irak, Leonid Ivachov a supposé qu'elle ferait perdre aux républicains le pouvoir aux Etats-Unis.
"L'administration américaine n'a pas réussi à accomplir rapidement les tâches assignées. Cette guerre beaucoup trop longue et des pertes humaines plus que considérables, tout cela a compromis le prestige des républicains. De toute évidence, à l'issue des futures élections présidentielles, ils perdront le contrôle de la Maison Blanche", a noté l'expert.
"La guerre en Irak est un nouveau coup dur pour le système du droit international et celui de sécurité internationale. Ambitionnant la gestion unipolaire de tous les processus en cours dans le monde, les Américains achèvent, somme toute, le démantèlement du système de relations internationales, issu de la Seconde Guerre mondiale", a signalé Leonid Ivachov, tout en ajoutant: "D'autre part, bien des puissances mondiales se mettent aujourd'hui à chercher l'issue à cette situation, qu'il s'agisse de l'Union européenne, de la Chine, de l'Inde ou de la Fédération de Russie".
"L'actuelle situation les pousse à consolider leurs efforts et à rechercher des conditions alternatives pour le développement de l'humanité. Nous constatons que l'antiaméricanisme a pénétré aujourd'hui tous les pays et tous les peuples du monde, et même en Europe, les alliés les plus proches de Washington disent "non" à une telle politique américaine", a-t-il dit.
"Le confit irakien a exercé un grand impact sur la situation dans le monde et engendré bien des problèmes à résoudre. Beaucoup y dépend de la Russie. J'ai bien l'impression que la prise de position russe est aujourd'hui attendue dans le monde entier. La Russie peut devenir l'un des leaders d'un monde multipolaire, d'un monde de stabilité et de sécurité", selon Leonid Ivachov.
