ESTONIE
Sarcastique, la presse locale commente l'information selon laquelle le parti Russie unie a remporté la majorité des sièges aux parlements régionaux. "En Estonie, l'ordre dans lequel les noms des partis sont disposés sur les bulletins de vote fait l'objet d'un tirage au sort. C'est ce qu'exige d'ailleurs la loi en Russie. Mais voilà le résultat : dans huit régions sur 14, la position numéro 1 est revenue à Russie unie ! Les mathématiciens russes ont déjà calculé que cette probabilité est nettement inférieure à 0,1%. Quoi qu'on en dise, la chance existe!" ("Eesti paevaleht", 13.03).
De l'avis des journalistes estoniens, le système de parti unique s'est ancré dans la vie politique russe et le processus électoral est de près contrôlé par le Kremlin. "Dans de nombreuses régions russes, les élections (régionales du 11 mars, ndlr) se sont déroulées sous la houlette du Kremlin" ("Eesti paevaleht, 12.02). "La tendance est claire : un parti, toujours le même, au pouvoir et une opposition moribonde" ("Postimees", 13.03).
La proposition de la ministre allemande de l'Education de publier un manuel d'histoire commun à tous les pays de l'Union européenne a suscité des réactions dans la presse locale. Ce manuel, à son avis, devra déshabituer le Kremlin de faire appel à l'histoire en tant qu'arme politique. "Les politiques d'Estonie ont déjà indiqué que ce manuel réduira à zéro les tentatives de Moscou de flétrir d'infamie l'Estonie en la présentant comme un pays pronazi (...). Le rôle de l'Armée rouge, aux yeux de l'Europe occidentale, n'a pas été que positif" ("Postimees", 07.03).
LETTONIE
Pour les journalistes locaux, la rivalité entre deux partis russes, Russie unie et Russie juste, n'est qu'un truc du Kremlin pour créer un simulacre de démocratie. "Les partis d'opposition ont dû se faire à une lourde défaite. Ce même scénario devra se répéter aux élections à la Douma en décembre et à l'élection présidentielle en mars 2008, témoignage d'une destruction persévérante de la démocratie en Russie" ; "Les récentes élections ont mis en évidence le pouvoir du Kremlin sur le "système pluraliste" qu'il a créé et qu'il contrôle fermement, sur fond de "démocratie souveraine" mise en place par le président Vladimir Poutine (...). Au cours de ces élections, on a testé avec succès l'"élimination de la course" des partis vraiment d'opposition (...). Le bilan de ces élections permet de constater avec certitude qu'après les élections (de décembre 2007) la nouvelle Douma sera contrôlée par le Kremlin, alors que le nouveau président - si le président sortant ne trouve pas le moyen de rester au pouvoir pour un troisième mandat - sera élu par le pouvoir en place, les électeurs étant privés du droit de s'exprimer" ("Diena", 13.03).
Les experts estiment que la réaction violente de la Russie aux projets américains de système de défense antimissile en Europe de l'Est était tout compte fait attendue. "Le déploiement d'ouvrages militaires américains sur le territoire de l'ex-URSS agacera encore plus la Russie qui, ces derniers temps, a déjà réagi avec colère aux projets américains de déploiement d'ouvrages de défense antimissile en Pologne et République tchèque (...). Sans aucun doute, l'apparition d'installations militaires américaines dans le Caucase sera perçue par Moscou comme une provocation encore plus importante" ("Diena", 03.03).
"La vieille Europe s'oppose au diktat des Etats-Unis et ne veut plus offrir son territoire pour l'ABM américain. Des novices européens, seule la Pologne se dit prête à tout accueillir, même des bases de missiles et ce, moins pour plaire aux Etats-Unis que pour nuire à la Russie" ("Tchas", 13.03).
LITUANIE
L'intervention de Valdas Adamkus, dans laquelle le président lituanien a conseillé aux dirigeants lettons et estoniens d'accorder la citoyenneté aux russophones apatrides de ces pays sans examen, a suscité des réactions extrêmement négatives dans la presse locale. Les médias estiment en effet que ce scandale est en mesure de détériorer les rapports entre les pays baltes et fournira un nouvel argument à Moscou pour critiquer la situation dans la région. "On pourrait présenter ces propos de M. Adamkus comme un quiproquo, mais, nous ne l'avons pas encore oublié, le dirigeant lituanien, on dirait maintenant un avocat du Kremlin, a déclaré que l'Estonie devait régler avec davantage de souplesse le problème des inhumations de militaires soviétiques et celui du transfert du monument qui leur est consacré au centre de Tallinn. Si ce sont des malentendus, il y en a trop ("Respublika", 08.03). "Après cette déclaration du président Adamkus, l'unité des pays baltes a subi un rude coup. Mais les représentants de la présidence nient que, par cette déclaration, Adamkus ait offert à la propagande du Kremlin une nouvelle arme contre nos voisins les plus proches" ("Respublika", 09.03).
UKRAINE
Certains médias analysent le problème du stationnement en Crimée de la Flotte russe de la mer Noire à la lumière des futures élections présidentielles en Russie. "Les prétendants à la place de Poutine se mettent à jouer la "carte ukrainienne", devenue déjà traditionnelle. Le statut et les biens de la Flotte russe de la mer Noire en constituent la ligne clé" (Gazeta po-Kievski, 12.03).
ARMENIE
Les élections parlementaires de mai prochain sont le thème principal des publications. Les experts supposent que, dans le contexte des relations tendues entre la Russie et l'Occident, les "grandes puissances" puissent redoubler d'efforts pour attirer dans leur camp les partis politiques de l'Arménie. Dans cette situation, la Russie fera sans doute tout pour maintenir le statut quo politique dans le pays. "La Russie, les Etats-Unis, l'Europe et l'Iran ne font pas que suivre de très près notre situation politique intérieure à la veille des élections, mais essaient d'attirer de leur côté le plus possible de leaders et de partis politiques, tant du camp du pouvoir que de celui d'opposition" (Iravunk, 06.03).
GEORGIE
Les auteurs de multiples publications consacrées à la question de l'adhésion de la Géorgie à l'Alliance de l'Atlantique Nord soulignent que la participation à l'OTAN est nécessaire pour le pays avant tout pour se débarrasser de la pression de Moscou. Les analystes considèrent comme parfaitement inconcevable le partenariat avec la Russie. "L'adhésion à l'OTAN, c'est une possibilité offerte à notre défense, celle de nous éloigner de la Russie" (Akhali Taoba, 12.03). "Le choix n'est pas large - soit l'Occident, soit le Nord... Ni notre expérience historique, ni la réalité d'aujourd'hui ne nous laissent tout simplement de chances pour tourner nos regards vers le Nord... Par conséquent, nous allons vers l'OTAN, et c'est un impératif historique" (Mteli Kvira, 12.03).
L'information selon laquelle le Conseil de sécurité de la Fédération de Russie préparerait une nouvelle doctrine militaire a alarmé les experts. "Dans une bagarre entre les chameaux, la Géorgie peut être écrasée, tel un chamelon, car il n'est pas du tout à exclure que les Etats-Unis et la Russie s'entendent cette fois de nouveau à nos dépends. Bien que la nouvelle doctrine militaire russe soit top secret, son esprit général est connu - une réponse adéquate aux faits et gestes de l'OTAN devenue par trop insolente... La Géorgie est d'ores et déjà devenue une sorte de champ d'expérimentation, et l'une des parties principales de cette confrontation se joue, de toute évidence, justement là" (Sakartvelos Respublika, 10.03).
AZERBAIDJAN
Les médias sont préoccupés face à la confrontation russo-américaine qui ne cesse de s'aggraver et risque d'avoir des conséquences négatives pour l'Azerbaïdjan. "Enumérant les pays formant le fameux "axe du mal" qui inquiètent le gouvernement des Etats-Unis, le nouveau secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, y a associé la Russie, en la citant même comme tête de liste. Et bien que les déclarations sur le début d'une nouvelle "guerre froide" dans le monde puissent paraître prématurées à certains, la montée de la tension dans les relations entre les Etats-Unis et la Russie est tout à fait évidente. Quoi qu'il en soit, il ne s'agit pas que d'une guerre verbale... Tout porte à croire que, même théoriquement, une nouvelle tempête géopolitique n'épargnerait pas l'Azerbaïdjan" (Ekho, 02.03).
La presse est toujours préoccupée face à l'introduction en Russie d'une nouvelle législation en matière de migrations. "Pourquoi la Russie a-t-elle donc besoin d'une loi sur les migrations?.. L'éviction des Azerbaïdjanais du commerce de détail et des marchés russes est une mise en garde lancée à l'Azerbaïdjan pour qu'il comprenne enfin que la politique et l'économie sont étroitement liées entre elles. Poutine et son entourage estiment sans doute que ces quelque 2,5 millions d'Azerbaïdjanais qui travaillent et gagnent leur vie en Russie doivent garantir une loyauté suffisante de l'Azerbaïdjan face à la politique russe au Caucase du Sud, à la politique d'opposition à l'Occident, aux Etats-Unis et à l'OTAN" (Nash Vek, 09.03).
KAZAKHSTAN
Les médias sont préoccupés par l'état du cosmodrome de Baïkonour. "Les pas de tir utilisés pendant une longue période sont abandonnés. Leurs installations ont été pillées. On peut essayer de tout reconstruire, mais la partie russe préfère un chemin plus facile en inscrivant les équipements et les installations au compte des profits et pertes. Le site spatial ressemble de plus en plus à une décharge publique. La ville est mal entretenue. La partie russe n'a pas créé de conditions de vie décentes pour les habitants. Pourtant la ville accueille les touristes et les chercheurs étrangers. Quelle idée se font-ils de l'astronautique russe après une telle visite? (Aikyn, 03.03).
L'intention des États-Unis de déployer un radar en Transcaucasie annoncée par le chef de l'Agence de défense antimissile américaine Henry A.Obering démontre que les Américains s'apprêtent à porter une frappe contre l'Iran, selon les médias. Ayant perdu son influence sur Bakou, Moscou ne peut pas empêcher l'apparition de sites militaires américains à ses frontières méridionales, estiment les observateurs. "Il est peu probable que le mécontentement de la Russie mette en péril la coopération entre les États-Unis et l'Azerbaïdjan. Aucune des mesures que Moscou pourrait prendre pour punir Bakou (instauration d'un régime de visas, renforcement du contingent russe en Arménie ou suspension des livraisons de pétrole azerbaïdjanais à Novorossiïsk) n'est susceptible d'amener les autorités azerbaïdjanaises à revoir leur politique" (Delovaya Nedelia, 08.03).
OUZBEKISTAN
La Russie n'a pas réussi à persuader l'Ouzbékistan d'augmenter ses exportations de gaz via les pipelines du géant gazier russe Gazprom qui suscite toujours le mécontentement de Tachkent. Qui plus est, la Chine, concurrente principale de la Russie en Asie Centrale, a proposé un autre projet de transport de gaz de la mer Caspienne en suivant l'itinéraire de la Route de la soie. "L'Ouzbékistan considère que Gazprom entrave la mise en oeuvre des projets d'exploitation des nouveaux gisements de gaz dans le pays... La partie ouzbèque est mécontente des délais de réalisation et du montant des investissements consacrés par Gazprom à deux des trois projets. On a évoqué la somme de 300 millions de dollars, mais pour le moment seulement 30 millions de dollars ont été versés" (Muslim Uzbekistan, 07.03).
"Plusieurs facteurs se sont conjugués ici: la perspective redoutable d'un déficit de gaz sur le marché russe d'ici 2011, le désir des pays consommateurs de gaz de la CEI d'importer plus de mélange de gaz centrasiatique bon marché par le pipeline de Gazprom et la perspective de création d'une "OPEP du gaz"... Les Ouzbeks se sont félicités des activités de Lukoil dans leur pays. Mais ils critiquent Gazprom" (Muslim Uzbekistan, 09.03).
TADJIKISTAN
Les médias suivent l'évolution des relations entre la Russie et les pays d'Asie Centrale. Ils notent la tension entre le géant gazier russe Gazprom et les autorités ouzbèques. "Le Premier ministre russe Mikhaïl Fradkov a dû régler les problèmes de Gazprom pendant sa visite officielle à Tachkent. La partie ouzbèque a accusé Gazprom de ne pas respecter ses obligations en matière d'investissement dans la production de gaz en Ouzbékistan avant de menacer officieusement de renoncer aux exportations de gaz vers la Russie... Pour le moment, l'Ouzbékistan n'a rien fait pour réorienter ses exportations de gaz, mais il est évident que l'Ukraine, ainsi que la Chine et l'Iran peuvent souhaiter acheter du gaz ouzbek dans le contexte d'une croissance rapide du prix du gaz. Cela impliquerait l'orientation des gazoducs ouzbeks dans le sens inverse. Il semble que Tachkent ait menacé la Russie et Gazprom de le faire" (Asia-Plus, 09.03).