Dans un entretien au Frankfurter Rundschau vendredi, le président d'un parti représenté au gouvernement de coalition a déclaré que le SPD n'accepterait pas le déploiement du nouveau système ABM américain en Europe de l'Est sans un accord préalable à ce sujet avec la Russie, même si l'ABM serait déployé sous l'égide de l'OTAN.
C'est de cette manière que le leader du SPD a réagi à la récente proposition du ministre allemand de la Défense Franz-Josef Jung "de placer sous l'égide de l'OTAN" l'ABM américain. Le président du SPD y voit une tentative d' "aplanir l'acuité du problème".
Kurt Beck a avoué au journal "ne pas voir du tout de sens" dans le déploiement projeté d'éléments de l'ABM américain en Europe de l'Est. L'homme politique allemand ne voit pas non plus comment l'OTAN pourrait décider de placer ce déploiement sous son égide "si une position commune n'est pas élaborée au préalable au moyen d'un dialogue avec la Russie".
Le politique influent estime également qu'en s'adressant à la Pologne et à la République tchèque pour leur proposer d'accueillir sur leur territoire l'ABM" les Etats-Unis "courent un risque d'aggravation notable de leurs rapports avec la Russie".
Le président du Parti libéral démocrate allemand (FDP) d'opposition, Guido Westerwelle, semble d'accord pour la première fois avec Kurt Beck, estimant que le déploiement d'éléments d'ABM américain dans la région contredit les intérêts européens.
"Le président russe Vladimir Poutine a explicitement mis en garde à la Conférence de Munich contre une nouvelle course aux armements en Europe. L'ABM stratégique que les Etats-Unis projettent actuellement avec la Pologne et la Tchéquie en Europe de l'Est rappelle le programme américain d'Initiative de défense stratégique d'il y a 25 ans", peut-on lire dans une déclaration de Guido Westerwelle et dont le texte est parvenu à RIA Novosti depuis le groupe du FDP au Bundestag.
Le leader des libéraux démocrates allemands estime qu'"il faut adopter une attitude sérieuse envers les critiques russes des projets américains".
"Imaginez la réaction de Washington si la Russie projetait un déploiement analogue quelque part à Cuba", a noté le président du FDP dans sa déclaration.
"Le déploiement projeté de missiles en Pologne ou en Tchéquie n'est pas une affaire intérieure de Prague et de Varsovie d'une part et de Washington de l'autre. Il s'agit de la sécurité de toute l'Europe. Voilà pourquoi les décisions d'une portée à l'échelle du continent tout entier doivent être concertées dans le cadre européen", a estimé le leader d'opposition.
Guido Westerwelle a appelé l'Allemagne en tant que pays assumant une présidence tournante de l'UE à défendre les intérêts européens en matière de sécurité. "La chancelière doit se charger du rôle de leader dans cette question. Face aux projets de Washington, de Prague et de Varsovie, l'Europe ne doit pas perdre de temps sinon nous sommes de nouveau menacés de scission et par cela même d'affaiblissement de la politique extérieure et de la politique de sécurité européennes".
Bien que nous soyons exposés à la menace d'une nouvelle course aux armements, il y a encore la possibilité de la prévenir, a estimé le président du FDP.
"Celui qui après les propos du président Poutine ne prend pas encore au sérieux cette menace d'une nouvelle course aux armements agit contre les intérêts européens", a ajouté Guido Westerwelle.