Dialogue catholique-orthodoxe: il reste encore des problèmes (représentant du Patriarcat de Moscou)

S'abonner
VATICAN, 2 mars - RIA Novosti. Après l'intronisation du pape Benoît XVI, les relations entre l'Eglise orthodoxe russe et l'Eglise catholique romaine connaissent une certaine amélioration, ce qui se manifeste avant tout dans l'intensification de leurs contacts ces derniers temps.

C'est ce qu'a notamment déclaré vendredi dans une interview à RIA Novosti le chef de la représentation de l'Eglise orthodoxe russe (EOR) auprès des organisations internationales, l'évêque Hilarion de Vienne et d'Autriche qui se trouve actuellement à Rome à l'occasion d'une réunion du comité de rédaction de la Commission mixte pour le dialogue catholique-orthodoxe. A l'heure qu'il est, les membres de ce comité sont en train de préparer le texte d'un document qui sera soumis à l'examen de la commission l'automne prochain dans la ville italienne de Ravenne.

"Les contacts culturels et les visites entre nos deux Eglises se sont intensifiés. En mai 2006, Vienne a accueilli une conférence catholico-orthodoxe, consacrée au thème des valeurs chrétiennes en Europe. Quoi qu'il en soit, il serait encore prématuré d'affirmer que tous les problèmes dans les relations entre nos deux Eglises sont réglés. Et ce, parce qu'il n'y a toujours pas de prise de position commune sur la nature même de ces problèmes, et en premier lieu des problèmes des Uniates et du prosélytisme. Avant que nous puissions parler d'une amélioration réelle de nos relations, des progrès notables doivent s'annoncer dans la discussion de ces problèmes", a estimé l'évêque.

Evoquant l'information parue dans certains médias étrangers sur la préparation d'une rencontre entre le patriarche de Moscou et de Toutes les Russies, Alexis II, et le pape Benoît XVI, l'évêque Hilarion de Vienne et d'Autriche a indiqué: "Les journalistes en Occident s'intéressent avant tout au fait de savoir s'il y aura une rencontre entre le patriarche et le pape, comme si cela constituait le sens des relations entre nos deux Eglises. Néanmoins, ces relations sont beaucoup plus compliquées et se développent sur plusieurs plans et à des niveaux multiples. Aussi ne pouvons-nous pas les réduire à la possibilité ou à l'impossibilité d'une telle rencontre ni croire que si une telle rencontre a lieu ce sera un succès grandiose, et vice versa. A mon avis, l'important est de parvenir à une compréhension réciproque. Dès qu'elle sera atteinte, il ne restera plus d'obstacles à une telle rencontre".

Le chef de la représentation de l'Eglise orthodoxe russe (EOR) auprès des organisations internationales a tenu à rappeler à cette occasion qu'il y avait eu auparavant une tentative d'organiser une rencontre entre le chef de l'Eglise orthodoxe russe et le pape Jean-Paul II. Pourtant, cette rencontre avait été annulée alors que l'absence d'unité sur les questions clés était devenue évidente.

"Il est sans doute inutile de réitérer cette expérience, ce qui ne profiterait ni aux catholiques ni à nous-mêmes. Il faut travailler pour élaborer une position commune, pour qu'une telle rencontre soit préparée comme il se doit et marque une vraie percée dans les relations entre nos deux Eglises. Je pense que, pour sa part, le Patriarcat de Moscou y est prêt et depuis longtemps déjà. Nous espérons que, côté catholique, les démarches nécessaires seront aussi faites pour élaborer cette position commune", a indiqué l'évêque Hilarion.

"Je ne sais rien de la date éventuelle ni de l'endroit d'une telle rencontre. Mais si elle a lieu, cela ne se produira sans doute ni en Russie ni en Italie, mais quelque part sur un territoire neutre, a-t-il poursuivi. Le principal, ce n'est ni la date ni l'endroit de cette future rencontre, mais son contenu. Ce serait une rencontre historique si elle marquait le début d'une nouvelle étape dans l'histoire de nos relations".

Parlant du développement du dialogue théologique entre orthodoxes et catholiques, l'évêque Hilarion a signalé qu'il était très lent et qu'il y en avait pour plusieurs décennies. Aussi une percée quelconque y est-elle peu probable. La question de la primauté du pape reste toujours le problème essentiel dans le cadre de ce dialogue.

"Il existe cependant toute une série de tâches communes que nous pouvons résoudre conjointement et ce, sans même attendre le moment où toutes les divergences intérieures seront surmontées", a relevé le représentant de l'Eglise orthodoxe russe.

Evoquant une future rencontre du président russe Vladimir Poutine avec le pape Benoît XVI qui doit avoir lieu dans le cadre de la visite du chef de l'Etat russe en Italie, l'évêque Hilarion a noté: "Le dialogue entre l'Eglise orthodoxe russe et l'Eglise catholique se développe sans médiation. Nul n'ignore cependant que le pape n'est pas seulement le chef de l'Eglise catholique romaine, mais aussi le chef de l'Etat du Vatican. En tant que chef d'Etat, Benoît XVI s'entretient avec les présidents et les premiers ministres des différents pays. Dans le contexte des relations entre la Fédération de Russie et le Vatican, de telles rencontres sont tout à fait naturelles, et il est très bien qu'elles se produisent. Mais nous savons que notre président est un homme croyant, un homme qui est très attentif à l'égard de l'Eglise, qui écoute toujours l'avis du patriarche. Et sur ce plan, il y a sans doute aujourd'hui en Russie, à mon avis, une complète compréhension mutuelle entre l'Etat et l'Eglise sur la manière dont les relations avec l'Eglise catholique doivent s'organiser".

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала