Le déploiement d'un bouclier antimissile américain en Europe relancera la course aux armements balistiques (Balouïevski)

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Le déploiement d'éléments d'un bouclier antimissile américain en Pologne et République tchèque ne manquera pas de relancer la course aux armements balistiques dans le monde, estime le chef de l'Etat-major général des Forces Armées de Russie, Iouri Balouïevski.
MOSCOU, 20 février - RIA Novosti. Le déploiement d'éléments d'un bouclier antimissile américain en Pologne et République tchèque ne manquera pas de relancer la course aux armements balistiques dans le monde, estime le chef de l'Etat-major général des Forces Armées de Russie, Iouri Balouïevski.

"Notre préoccupation s'explique par le fait que la course aux armements balistiques peut être relancée près des frontières de la Russie", a notamment déclaré le général Balouïevski dans une interview que Rossiiskaïa gazeta va publier mercredi 21 février.

Cela dit, Iouri Balouïevski a tenu à faire remarquer que cela se faisait alors que la Russie respectait à la lettre ses engagements en matière de désarmement nucléaire.

"Et ces engagements en matière de désarmement nucléaire prévoient une réduction substantielle de charges nucléaires et de leurs vecteurs. Aussi, toutes les déclarations sur les potentialités réduites de la zone d'action dudit bouclier antimissile, incomparables avec le potentiel russe de dissuasion, sont-elles plus que contestables", a poursuivi le général.

"Connaissant bien les caractéristiques techniques des moyens de feu et d'information (radars), nous pouvons affirmer qu'en dépit de toutes les déclarations, selon lesquelles ces moyens ne sont pas dirigés contre la Russie, ils peuvent bien, sous certaines conditions, exercer un certain impact sur notre potentiel de dissuasion", a-t-il noté.

Et d'ajouter que la création d'une troisième zone de déploiement du NMD des Etats-Unis en Europe ou d'une base antimissile européenne des Etats-Unis ne peut être considérée autrement que comme un changement de la configuration de la présence américaine dans cette partie du monde.

"Cela s'explique sans doute par le fait qu'autrefois les groupements avancés de troupes américaines en Europe n'avaient tout simplement pas de composantes stratégiques", a relevé le chef de l'Etat-major général des Forces Armées de Russie.

"C'est pourquoi la question se pose devant nous sur l'orientation effective des plans antimissiles des Etats-Unis et sur les conséquences éventuelles de leur réalisation pour la Russie et l'Europe dans son ensemble", a signalé Iouri Balouïevski.

Selon ce dernier, la Russie ne doit pas oublier qu'il s'agit d'installer des composantes du bouclier antimissile américain tout près des frontières russes, et plus précisément une base complémentaire de défense antimissile en Pologne et un radar en République tchèque.

Moscou se préoccupe des conséquences éventuelles de l'interception de missiles balistiques à proximité immédiate de ses frontières ou même au-dessus du territoire de la Fédération de Russie. "Quoi qu'il en soit, de telles situations ne sont pas du tout à exclure, car il est pratiquement impossible de détruire complètement un missile balistique doté de charges nucléaires, sans nuire à l'atmosphère ou la superficie de la terre", a expliqué le général.

"Si pour protéger leur "allié lointain", les Tchèques et les Polonais acceptent que les débris très dangereux d'un missile détruit tombent sur leur territoire, les Russes se posent, eux, par contre, la question tout à fait légitime: pourquoi devons-nous être otages de cette situation? Pourquoi doit-on payer les pots cassés par d'autres?! Je suis sûr et certain que l'accroissement du potentiel militaire à proximité de la frontière de la Russie ne contribuera aucunement au renforcement de la sécurité européenne", a repris Iouri Balouïevski.

"C'est la raison pour laquelle la Russie n'accepte pas le déploiement d'éléments du bouclier antimissile des Etats-Unis en Europe", a noté le général.

Les Etats-Unis se proposent de déployer sur le territoire de la République tchèque et de la Pologne certains éléments du bouclier antimissile américain. Il s'agit notamment d'installer en Europe centrale dans les cinq années à venir des bases européennes du bouclier antimissile américain pour un coût d'environ 1,6 milliard de dollars. Par la suite, ce système pourrait être élargi par des éléments basés en mer et des dispositifs de surveillance déployés dans l'Espace. Les Etats-Unis prétendent créer ce système de défense antimissile pour parer à d'éventuelles attaques des Etats formant le fameux "axe du mal". Washington y classe notamment la Corée du Nord et l'Iran.

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