La loi estonienne tend à revoir le bilan de la Seconde guerre mondiale (experts russes)

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MOSCOU, 15 février - RIA Novosti. La décision du parlement estonien blesse la mémoire de tous ceux qui ont combattu le nazisme, a estimé dans un entretien à RIA Novosti jeudi le directeur de l'Institut d'études politiques, Sergueï Markov.

Le politologue a commenté dans son entretien l'adoption en lecture définitive par le parlement estonien jeudi du projet de loi "Sur le démantèlement des installations interdites" qui autorisera les autorités du pays à démolir les monuments aux soldats soviétiques.

"Cette mesure tend à réhabiliter le nazisme et blesse la mémoire de tous ceux qui l'ont combattu", a-t-il expliqué.

Selon l'expert, la haine envers la Russie unit la classe politique estonienne qui s'est formée en vertu d'une loi antidémocratique privant la plupart des russophones du droit de participer aux élections législatives et de prendre part à la vie politique du pays.

"Le caractère antidémocratique du système politique estonien explique les provocations systématiques organisées par les autorités contre la Russie", a noté le politologue.

Selon lui, l'Estonie n'est pas l'unique pays d'Europe à être contaminé par la russophobie mais l'Union européenne n'intervient pas fermement contre cette politique.

"L'Estonie est membre de l'Union européenne, voilà pourquoi la responsabilité du démantèlement d'un monument à ceux qui ont combattu le nazisme incombera non seulement aux autorités estoniennes mais aussi aux politiques de l'Union européenne qui préfèrent adopter une attitude réconciliatrice envers ces démarches de Tallinn", a indiqué le politologue.

Alexandre Konovalov, président de l'Institut d'études stratégiques et d'analyses, estime de son côté que les parlementaires estoniens ont, en approuvant cette loi, fait preuve d'immaturité et d'impéritie.

"C'est une approche provinciale et non civilisée d'un petit pays qui s'efforce de faire étalage de son autonomie et de ses particularismes. L'Estonie ne perdrait rien sur le plan de son indépendance si le monument (au Soldat soviétique libérateur, ndlr) restait en place. Ce monument n'enfreint en rien la souveraineté estonienne. Au parc Treptow de Berlin se trouve aussi un monument au Soldat soviétique, alors que l'Allemagne a agressé notre pays", a noté le politologue.

Terry Davis, secrétaire général du Conseil de l'Europe, avait déclaré antérieurement en commentant la situation autour du monument à Tallinn qu'il "comprenait" les émotions des Estoniens et des Russes. "Les soldats de l'Armée rouge ont combattu contre le nazisme et beaucoup ont sacrifié leurs vies au nom de la libération de l'Europe. Ils méritent donc notre reconnaissance et notre respect", a noté le politique européen.

Le secrétaire général du Conseil de l'Europe avait toutefois fait observer que "d'autre part, la vérité réside dans le fait qu'après la Seconde guerre mondiale l'Armée soviétique était une force d'occupation en Estonie, raison de l'attitude négative de certains Estoniens envers ce monument".

"Mais je conseillerais d'adopter une attitude respectueuse et digne envers les soldats morts. Il faut s'abstenir des menaces et des pressions susceptibles de provoquer des escalades sur cette question sensible et douloureuse", a indiqué le secrétaire général du Conseil de l'Europe.

Jeudi le parlement estonien a adopté en lecture définitive le projet de Loi sur le démantèlement des installations interdites qui permet aux autorités estoniennes de démolir en toute légalité les monuments aux militaires soviétiques et notamment au Soldat soviétique libérateur installé au centre de Tallinn. Le projet de loi adopté par 46 voix pour (44 députés ont voté contre) qualifie ce monument d'"installation interdite". Le texte fait obligation au gouvernement du pays de démanteler le monument dans les 30 jours suivant son entrée en vigueur.

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