Revue de la presse russe du 15 février

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

La militarisation de la Russie: mythes et paradoxes

Le fait que depuis 2000 la Russie a considérablement augmenté les dépenses d'entretien des structures de force (défense, intérieur, sécurité, etc.) ne suscite aucune controverse au sein de l'opinion. La militarisation de l'Etat est patente. D'ailleurs, les analystes d'ING Russia affirment que depuis 2006 les dépenses consenties par la Russie pour assurer la sécurité nationale ont effectivement augmenté. Cependant, de 2000 à 2006, aucune dynamique sensible de la croissance de ces dépenses n'a été observée en Russie. Qui plus est, les dépenses spécifiques de la Russie à ces fins se sont situées approximativement au niveau des indices ad hoc affichés par l'Ukraine et le Kazakhstan voisins.

Sur la base des données concernant le chapitre "sécurité nationale" fournies par les services statistiques des trois pays (depuis le financement des services secrets jusqu'au montant des commandes militaires), les analystes d'ING Russia ont établi la part de ces dépenses dans le PIB de la Russie, de l'Ukraine et du Kazakhstan. Paradoxalement, au plus fort de l'opération militaire lancée en Tchétchénie en 2001-2002, la part de ces dépenses consolidées dans le PIB a augmenté non pas en Russie, mais en Ukraine où le phénomène a cessé après la victoire de la "révolution orange". En ce qui concerne le Kazakhstan, celui-ci n'a pas accru ses dépenses pour la sécurité, en 2003 elles ont même diminué après l'apparition de problèmes avec l'opposition.

Le pic des dépenses pour la sécurité nationale en Russie a été atteint en 2006. A cette époque les Russes savaient déjà très bien depuis au moins deux ans que l'Etat se préoccupait davantage de la protection contre les dangers terroristes et militaires. Il va de soi que ces dépenses ont toujours été à la hausse, mais jusqu'en 2004 la croissance était inférieure à celle du PIB. En attendant, à l'étranger aussi on évoque une militarisation notable de l'Etat russe. Il ne reste qu'à constater que le renforcement de la capacité défensive de la Russie a été le fruit davantage des interventions publiques des politiques et des militaires que des dépenses budgétaires.

Nezavissimaïa gazeta

La Douma peut bloquer les exercices communs avec l'OTAN sur le territoire de la Russie

Les exercices antiterroristes des unités de l'OTAN et de la 76e division de parachutistes stationnée près de Pskov sont reportés à 2008. Le représentant du QG de l'OTAN Robert Pszczel a expliqué le nouveau report des exercices par la non-ratification par la Douma (chambre basse du parlement russe) de l'accord spécial sur les fondements de la présence des militaires d'armées étrangères, notamment de ceux de l'OTAN, sur le territoire de la Fédération de Russie. La Douma n'a pas l'intention d'examiner prochainement cet accord. En tout cas, les plans de la session de printemps ne le prévoient pas.

La première fois, les exercices prévus près de Pskov avaient été reportés du 6 septembre 2006 au premier semestre 2007. A l'automne dernier, les exercices militaires russo-américains Torgau-2006 avaient également été ajournés d'un an. Il y a quelques années, les exercices Torgau et d'autres avaient lieu régulièrement dans diverses régions de Russie.

De l'avis des experts, l'annulation des exercices bilatéraux successifs sur le territoire de la Fédération de Russie est la conséquence du refroidissement des rapports russo-américains. Le général Valeri Manilov, conseiller du président du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe) et président de l'Institut d'information géopolitique, indique que "la Russie passe des discussions sur la coopération à part égale avec l'Alliance de l'Atlantique Nord et sur les actions amicales à l'égard de cette dernière aux réponses adéquates".

Valeri Manilov explique que "l'Otan n'est nullement un bloc défensif, elle aspire à s'étendre grâce à l'Ukraine et à la Géorgie en vue de se rapprocher des frontières de la Russie. D'autre part, les Etats-Unis préparent énergiquement le terrain pour le déploiement des moyens de défense antimissile en Pologne et en République tchèque. On peut rappeler les bases de l'OTAN dans certains autres pays de l'ancien Traité de Varsovie, le radar que le Pentagone s'apprête à installer à proximité de nos frontières en Extrême-Orient".

Selon le général, "la ratification peut non seulement être reportée sine die, mais aussi être bloquée". "Nous ne reviendrons à la possibilité d'exercices communs sur le territoire de la Russie que lorsque nous nous convaincrons que le partenariat au sein du Conseil Russie-OTAN se déroule sur un pied d'égalité et est mutuellement avantageux".

Vedomosti

L'idée d'une "OPEP du gaz" met en émoi les Etats-Unis et l'Europe

Promue avec constance par le président russe Vladimir Poutine, l'idée d'un cartel gazier sème le désarroi parmi les experts. Les pays producteurs de gaz pourraient se mettre d'accord sans créer de cartel, mais la menace d'une "OPEP du gaz" permet de tenir Washington et Bruxelles en haleine.

En 2005, la Russie, l'Iran et le Qatar pris ensemble contrôlaient 55,8% des réserves mondiales prouvées et 26,3% de la production mondiale de gaz naturel. La Russie fournissait 28,4% des exportations mondiales de gaz par gazoducs, et le Qatar 14,4% des exportations mondiales de gaz naturel liquéfié.

L'émir du Qatar, cheikh Hamad Bin Khalifa Al-Thani, qui, jusqu'à récemment, rejetait l'idée d'un cartel gazier, se dit désormais prêt à négocier. Mais il rappelle que le marché du gaz diffère sensiblement de celui du pétrole, car les contrats gaziers sont conclus à long terme, et le marché est très fragmenté.

On ne peut transporter par mer que du gaz naturel liquéfié qui est plus cher (et représente aujourd'hui un quart des livraisons internationales), alors que les gazoducs mettent fournisseurs et consommateurs en état de dépendance réciproque, renchérit Valeri Nesterov, de la compagnie d'investissement Troika-Dialog. La structure même du marché ne permettra pas de créer un cartel, estime un responsable de Gazprom.

Mais les producteurs de gaz peuvent néanmoins s'unir, même si les administrations concernées s'interrogent sur le bien-fondé de cette initiative. "Le prix du gaz dépend de celui du pétrole, et les motifs d'une telle alliance demeurent flous", explique un fonctionnaire.

Faute de pouvoir influer sur les prix, les producteurs de gaz ne seront toutefois pas inutiles les uns pour les autres, estime pour sa part Valeri Nesterov. Il s'agit essentiellement d'éviter des coûts inutiles dans la construction de nouveaux gazoducs qui entrent ainsi en concurrence, et les pays qui ravitaillent l'Europe peuvent se mettre d'accord sans créer de cartel, constate l'économiste de la Deutsche Bank, Adam Sieminski.

Une entente politique entre l'Iran et la Russie est difficilement réalisable, mais le slogan d'une "OPEP du gaz" permet de tenir l'Europe et les Etats-Unis en haleine, suppose Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue Russia in Global Affairs. D'après lui, Moscou pourrait utiliser ce levier psychologique au cours des négociations sur le nouvel accord de partenariat Russie-UE.

Gazeta.Ru

Le président tchétchène Alou Alkhanov: un roi sans royaume

Le conflit entre le président tchétchène Alou Alkhanov et le premier ministre de la république Ramzan Kadyrov prend de l'ampleur et risque de dégénérer en véritable crise politique. Les parties opposées ont même cessé de faire semblant qu'il n'y a pas de contradictions dans leur équipe. Selon les observateurs, les chances du président de remporter le round décisif du combat contre le premier ministre sont aléatoires. Le président Alou Alkhanov, est considéré comme un roi sans royaume en raison de ses déplacements permanents, alors que Ramzan Kadyrov contrôle entièrement la situation.

Ces jours-ci, la représentation de la Tchétchénie à Moscou dirigée par Ziyad Sabsabi, homme de Ramzan Kadyrov, a fait courir le bruit de la démission de Guerman Vok, secrétaire du Conseil de sécurité de la république et proche compagnon d'Alou Alkhanov. En réponse, Guerman Vok a publié dans les médias des critiques sans précédent à l'adresse de Ramzan Kadyrov et lui a même suggéré de démissionner.

Ces derniers temps, une vaste campagne dirigée contre Alou Alkhanov a été déclenchée dans la république pour essayer de le contraindre de démissionner. La presse tchétchène contrôlée par Ramzan Kadyrov par l'intermédiaire du ministère pour la politique des nationalités, la presse et l'information a souvent critiqué Alou Akhanov. L'accès du président aux médias tchétchènes est pratiquement fermé.

La semaine dernière, Alou Alkhanov a séjourné à Moscou d'où il est revenu visiblement réconforté. "Le président a adopté une position assez rigide, ce qui s'explique probablement par le soutien apporté par ses protecteurs à Moscou", a affirmé Grigori Chvedov, ombudsman et rédacteur en chef du magazine diffusé sur Internet Kavkazski ouzel (le Noeud caucasien). "Mais on ne sait pas si les protecteurs d'Alou Alkhanov sont assez forts pour l'appuyer dans son opposition à Ramzan Kadyrov", précise Grigori Chvedov.

Entre-temps, le président tchétchène a décidé de porter au premier ministre un coup en frappant au coeur de l'appareil gouvernemental. Le parquet tchétchène (peut-être, l'unique département de force qui échappe au contrôle de Ramzan Kadyrov) a engagé une action en justice contre les fonctionnaires du ministère chargés de la politique des nationalités pour détournement de plus de 2,3 millions de roubles de fonds budgétaires. Mais les experts locaux estiment qu'on peut passer l'éponge sur une affaire "aussi insignifiante". Grigori Chvedov doute que le parquet "puisse punir un des hauts fonctionnaires de la république".

RIA Novosti décline toute responsabilité quant au contenu des articles tirés de la presse.

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