Par contre, les pertes subies sur le territoire afghan sont exactes et minutieusement vérifiées, a déclaré Vladimir Sidelnikov, professeur à l'Académie de Médecine militaire de Saint-Pétersbourg.
Médecin dans un hôpital militaire de Tachkent en 1989, il a fait partie de la commission du ministère de la Défense chargée d'établir le nombre exact de pertes subies par les troupes soviétiques en Afghanistan.
Selon les statistiques officielles, la guerre afghane a coûté la vie à 15 400 soldats et officiers soviétiques.
M. Sidelnikov a qualifié d'élucubrations les affirmations de certains médias, selon lesquelles 28 ans après le retrait des troupes soviétiques de l'Afghanistan (le 15 février 1989), on passait sous silence, en Russie, le nombre exact des victimes.
"Affirmer que l'on dissimule des pertes énormes relève de la bêtise. Il n'en est rien", a-t-il indiqué.
Selon le professeur, ces bruits tiennent au fait que les militaires qui ont eu besoin d'une assistance médicale étaient très nombreux.
620 000 citoyens soviétiques ont fait la guerre en Afghanistan qui a duré dix ans. Pendant ce temps, des soins ont été apportés à 463 000 d'entre eux, a-t-il précisé.
"Ce chiffre comprend environ 39 000 blessés. Mais dans leur majorité, les militaires soignés dans les hôpitaux sur le territoire soviétique (près de 404 000 personnes), souffraient de maladies infectieuses: dysenterie, hépatite, fièvre typhoïde, etc.", a constaté le médecin militaire.
Il a ajouté qu'il ne pouvait pas en citer le nombre exact, car les statistiques relatives à ces malades sont absentes.
D'après M. Sidelnikov, à l'origine des bruits concernant les pertes colossales subies par les troupes soviétiques en Afghanistan on trouve les récits des anciens combattants qui ont souvent "tendance à exagérer".
"Il arrive aussi que ces bruits émanent de moudjahidine. Bien évidemment, chacune des parties belligérantes est encline à exagérer ses victoires", a fait remarquer le médecin militaire.
"A ma connaissance, le plus grand nombre de militaires tués dans une opération était de 70 personnes. En règle générale, le nombre de morts n'excédait pas 20 à 25 personnes", a-t-il précisé.
M. Sidelnikov a fait savoir que si le nombre de morts et de blessés avait été dissimulé à l'époque soviétique, on le saurait depuis longtemps.
Après la désintégration de l'Union soviétique, de nombreux documents qui se trouvaient dans la région militaire du Turkestan ont disparu, mais les archives médicales ont été sauvées.
"Si les documents relatifs à nos pertes pendant la guerre d'Afghanistan ont été conservés, le mérite en revient aux médecins, a déclaré le colonel à la retraite Akmal Imambaïev, ancien commandant d'une unité de reconnaissance. Après avoir fait la guerre dans la province de Kandahar, il a été affecté à l'état-major de la région militaire du Turkestan.
Selon lui, le personnel de l'hôpital militaire n° 340 de Tachkent a conservé toutes les anamnèses. Pendant la guerre, cet hôpital était chargé d'accueillir les blessés qui venaient d'Afghanistan et qui, par la suite, étaient transférés dans d'autres établissements médicaux.
"En juin 1992, la région militaire du Turkestan a été supprimée. Son état-major a fait place au ministère ouzbek de la Défense. Cependant, même à cette époque, les médecins militaires ont réussi à sauver des documents", a fait savoir M. Imambaïev.
Selon le ministère ouzbek de la Défense, les anamnèses des militaires blessés en Afghanistan ont été déposées au Musée de la médecine militaire de Tachkent.
"On ne saurait surestimer les efforts déployés par les médecins et les officiers du ministère ouzbek de la Défense pour sauver ces documents", a souligné l'ancien combattant.
"Nous sommes restés fidèles à notre serment et avons dignement rempli notre devoir envers la Patrie. Quant à savoir si cette guerre était juste ou non, nos enfants jugeront", a-t-il dit en conclusion.