Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, a notamment fait cette déclaration à Ryad lors d'une conférence de presse conjointe avec la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice.
Mme Rice est arrivée dans la capitale saoudienne la veille au soir dans le cadre de sa tournée d'une semaine à travers les pays du Proche-Orient. Aux négociations avec le Roi Abdallah Bin Abdulaziz Al Saoud et d'autres dirigeants saoudiens, la chef de la diplomatie américaine a discuté de la situation dans la région et en Irak, en particulier.
"Nous sommes d'accord avec le président Bush que la situation en Irak demande une nouvelle approche et une nouvelle stratégie", a indiqué, pour sa part, le prince Saoud Al-Fayçal.
L'envoi en Irak de plus de 20.000 soldats américains supplémentaires est l'un des points essentiels de la nouvelle stratégie des Etats-Unis en Irak. Selon l'administration Bush, cela permettra de faire baisser le niveau de violence en Irak. Toujours est-il qu'il s'agit là, de préférence, des régions sunnites du pays, et plus précisément de Bagdad et de la province d'Anbar. Par ailleurs, le plan américain prévoit que, d'ici la fin de l'année en cours, les autorités irakiennes pourront contrôler elles-mêmes l'ensemble du territoire de l'Irak.
Quoi qu'il en soit, on craint toujours dans le monde arabe, y compris en Arabie Saoudite, que la nouvelle stratégie du président des Etats-Unis, George W. Bush, ne lèse encore plus les intérêts des sunnites en Irak et ne renforce, par contre, davantage les positions en Irak de l'Iran chiite dont l'ombre plane sur la région et ce, grâce à la politique à courte vue de Washington.
Comme l'a relevé le ministre des Affaires étrangères de l'Arabie Saoudite, la nouvelle politique américaine doit garantir l'unité nationale de l'Irak, "de toutes ses composantes, de tous ses groupes politiques et ethniques sur les principes de l'égalité des droits et des obligations, ainsi que du partage des richesses nationales".
Dans le cadre de cette nouvelle stratégie, a poursuivi le prince Saoud Al-Fayçal, le terme doit être mis à "toutes les formes de violence et de terrorisme" dans toutes les régions du pays et ce, "sans exception aucune ni parti pris".
"Nous espérons que ces objectifs seront réalisés, mais les moyens ne sont pas entre nos mains. Ils sont entre les mains des Irakiens", a dit le chef de la diplomatie saoudienne.
Ces négociations américano-saoudiennes ont aussi porté sur le problème de la non-prolifération nucléaire dans la région du Proche-Orient, encore que Washington y entende en premier lieu le programme nucléaire de l'Iran. Evoquant l'attitude de l'Arabie Saoudite, le prince Saoud Al-Fayçal a noté que Ryad "insistait sur la nécessité de régler cette question par un dialogue et des négociations de paix".
Les autorités saoudiennes ont plus d'une fois exprimé leur angoisse face à des tentatives de régler par la force le problème lié au dossier nucléaire iranien, tentatives susceptibles d'aggraver encore plus la situation dans la région.
De Ryad, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, se rend au Koweït où mardi soir elle participe à une rencontre consultative des ministres des Affaires étrangères des six monarchies membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG-Arabie saoudite, Koweït, Emirats arabes unis, Qatar, Bahreïn et Oman), de l'Egypte et de la Jordanie.
Selon Mme Rice, cette rencontre ne sera pas "celle d'opposition à qui que ce soit", c'est-à-dire à l'Iran, mais elle est dictée par le désir de Washington de "remettre les pendules à l'heure" avec les alliés arabes des Etats-Unis.
"Nous sommes en train de partager les risques et la responsabilité, car la situation dans cette partie du monde sera pour beaucoup fonction de l'évolution de la situation en Irak", a estimé la secrétaire d'Etat américaine.