Arrêté le 24 décembre dernier à son arrivée à Naples en provenance de Londres, cet expert en sécurité est actuellement incarcéré dans une cellule individuelle de la prison Regina Coeli de Rome.
M. Scaramella est poursuivi par la justice italienne pour avoir fourni de fausses informations à la commission Mitrokhine, commission du parlement italien chargée d'enquêter en 2002-2006 sur les activités présumées des services secrets soviétiques et russes en Italie. Il aurait délibérément désinformé la commission pour se positionner comme la principale source d'information, mais aussi aurait menti à la police sur plusieurs attentats en préparation.
En 2005, M. Scaramella a ainsi annoncé aux forces de l'ordre que des agents des services secrets russes et ukrainiens, dont Evgueni Limarev, préparaient en Italie des attentats contre lui-même et le sénateur Paolo Guzzanti, président de la commission Mitrokhine, et que les attentats étaient organisées par un certain Alexandre Talik, ex-agent du KGB.
Le parquet de Rome a récemment interrogé l'organisateur présumé des attentats et a conclu que les déclarations de l'ex-consultant de la commission Mitrokhine étaient fausses.
En 2005, M. Scaramella a par ailleurs déclaré à la police de Naples qu'un lance-roquettes avec les munitions nécessaires avait été apporté en Italie pour les attentats. Cette déclaration a permis en effet d'intercepter une camionnette ukrainienne dont le fourgon contenait deux grenades sans capsules. Les propriétaires du véhicule ont alors affirmé qu'ils ne savaient pas d'où provenaient ces fausses munitions.
Un peu plus tard, l'expert italien a alerté la police sur l'existence d'une cache d'armes à Naples. Des détectives sont allés à l'adresse indiquée pour découvrir un fusil à pompe, une mitraillette de petit calibre et 160 cartouches de calibre différents. Cet arsenal se trouvait dans deux sacs cachés sous des morceaux de plâtre. Le parquet se doute aujourd'hui que les grenades de la camionnette et les armes retrouvées dans les ordures censées appartenir aux services secrets russes et ukrainiens ont été déposées par M. Scaramella, ce qui explique son arrestation.
Plusieurs autres enquêtes judiciaires ont été intentées contre M. Scaramella: ainsi, le parquet de Bologne l'accuse de faux témoignages dans l'affaire sur le transport illégal d'uranium radioactif à Rimini et à Saint-Marin, et le parquet de Naples le poursuit pour recyclage illégal de déchets dans la province de Campanie.
Le métier de M. Scaramella reste inconnu. Lui-même prétend être professeur à l'université de Naples, mais cet établissement a démenti avoir jamais embauché un enseignant ainsi nommé. Il était aussi juge honoraire du tribunal de l'île d'Ischia, mais il n'aurait visité ce tribunal qu'une fois dans sa vie selon la presse locale.
Engagé par le sénateur Paolo Guzzanti, collaborateur de Silvio Berlusconi au sein du parti Forza Italia, M. Scaramella était chargé pendant la campagne électorale de constituer un dossier compromettant sur le premier ministre Romano Prodi et d'autres leaders de centre-gauche en tentant de les accuser de liens avec le KGB.
Le 1er novembre dernier, M. Scaramella a rencontré l'ex-agent du Service fédéral de sécurité (FSB) russe Alexandre Litvinenko dans le bar à sushis Itsu de Londres. Ce même jour, selon les enquêteurs, M. Litvinenko a reçu la dose mortelle de polonium-210, agent radioactif hautement toxique et responsable de son décès le 23 novembre. L'enquête sur l'empoisonnement au polonium-210 a été confiée à la cellule antiterroriste de Scotland Yard.
