Une partie de l'élite essaie de s'emparer par la force du pouvoir au Turkménistan (politologues russes)

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Une partie de l'élite essaie de s'emparer par la force du pouvoir au Turkménistan, a estimé mardi dans une interview à RIA Novosti le directeur de l'Institut d'études politiques (Russie), Sergueï Markov.

MOSCOU, 26 décembre - RIA Novosti. Une partie de l'élite essaie de s'emparer par la force du pouvoir au Turkménistan, a estimé mardi dans une interview à RIA Novosti le directeur de l'Institut d'études politiques (Russie), Sergueï Markov.

Mardi, le Conseil populaire turkmène a approuvé six candidatures à la présidence au Turkménistan qui participeront aux élections du 11 février prochain. Le Conseil a approuvé à l'unanimité la candidature du président turkmène par intérim, Gourbangouly Berdymoukhammedov.

"Ce que nous sommes en train d'observer à présent au Turkménistan, alors que, contrairement à la Constitution, le pouvoir n'a pas été remis au président du parlement, mais au vice-premier ministre du pays, alors que toujours contrairement à la Constitution le président par intérim a été présenté à titre de principal candidat au poste présidentiel, témoigne explicitement qu'une partie de l'élite de ce pays cherche à s'emparer du pouvoir par la force", a notamment déclaré Sergueï Markov.

Quoi qu'il en soit, a fait remarquer le politologue, les conséquences de toutes ces démarches ne sont pas évidentes pour le moment, et on ignore encore si ces gens entendent effectivement poursuivre la politique de Niazov.

"Il est, par contre, tout à fait clair que ce sont des gens cruels du moment qu'ils se sont décidés à accomplir de tels actes", a poursuivi Sergueï Markov.

Or, a-t-il dit, la politique du "Turkmenbachi" (Saparmourat Niazov - le chef des Turkmènes) ne peut pas être poursuivie intégralement, car feu le président à vie du Turkménistan était "très exclusif et par trop exotique".

"Il est effectivement très peu probable que la politique d'isolement soit poursuivie. Aussi, des changements se produiront-ils d'une façon ou d'une autre. Pourtant, si le pouvoir est pris par la force, il est permis de supposer que ce sera une présidence rigide et qu'il ne sera même pas question d'opposition, quelle qu'elle soit. Pour nouer un dialogue avec l'opinion internationale, ces gens n'ont qu'un seul argument - le gaz turkmène. La vie elle-même a démontré que tant les Etats-Unis, que la Russie et l'Union européenne (UE) étaient prêts à vendre n'importe quels droits de l'homme, tout ce qu'on veut contre le gaz turkmène qui joue son rôle dans les donnes géopolitiques d'aujourd'hui", a signalé l'expert.

D'après le directeur de l'Institut d'études politiques, Gourbangouly Berdymoukhammedov sera le principal candidat au poste de président du Turkménistan aux élections présidentielles prévues pour le 11 février prochain.

"La plupart des pays d'Occident, les Etats-Unis et l'Union européenne ne reconnaîtront évidemment pas ces élections comme démocratiques, mais ils reconnaîtront ce nouveau leader car ils voudront tout simplement utiliser le gaz turkmène pour rendre l'Ukraine moins dépendante vis-à-vis de la Russie", a conclu l'expert.

Le président de la Fondation "Politika" (Russie), Viatcheslav Nikonov, est convaincu, pour sa part, que l'élite actuellement au pouvoir au Turkménistan n'est pas prête à modifier les assises de l'Etat.

La présentation de la candidature du président turkmène par intérim, Gourbangouly Berdymoukhammedov, au poste de chef de l'Etat "ne modifie en rien les fondements législatifs au Turkménistan", a noté mardi dans une interview à RIA Novosti Viatcheslav Nikonov.

"Ils peuvent assez facilement modifier la Constitution du pays", a admis l'expert. Néanmoins, a-t-il supposé, "l'actuelle élite sera sans doute très prudente". "Elle évitera, de toute évidence, de modifier d'une manière ou d'une autre les bases politiques de la société", a-t-il ajouté.

Somme toute, la situation compliquée que l'on observe aujourd'hui au Turkménistan est le résultat du décès subit du leader du pays qui, seul, décidait de tout, a rappelé le président de la Fondation "Politika".

"Il est évident que l'équilibre des intérêts y sera désormais perturbé, et vu qu'il y a là plusieurs centres de la force, ceux de prise de décisions, ils engageront sans doute un jeu très prudent en coulisse, mais nous ne verrons même pas ce jeu", estime le politologue.

Le Conseil populaire du Turkménistan n'a pas dépassé ses prérogatives, en proposant mardi la candidature du président turkmène par intérim, Gourbangouly Berdymoukhammedov, à la présidence du pays, est persuadé le chef du secteur de l'Asie Centrale et du Kazakhstan à l'Institut des pays de la Communauté d'Etats indépendants (CEI), Andreï Grozine.

"La présentation de Berdymoukhammedov à titre de candidat, parmi d'autres, au poste présidentiel va, effectivement, à l'encontre des normes constitutionnelles (le président par intérim ne peut pas être candidat à la présidence). Seulement, en vertu de la législation turkmène en vigueur, le Conseil populaire possède les plus hautes prérogatives législatives au Turkménistan. Aussi, est-il habilité à apporter des amendements à n'importe quelle loi, y compris à la Constitution en vigueur", a fait remarquer l'expert.

Et d'ajouter: "Au Turkménistan, le culte de la loi ou de la Constitution n'existe pas, on y est, en règle générale, plutôt pragmatique en la matière". "Quand il faut, on corrige les lois, si besoin est, on en prend compte, et parfois, on préfère tout simplement les remplacer ou les contourner", a dit Andreï Grozine.

"De tous les candidats dont les noms ont été prononcés aujourd'hui à la session extraordinaire du Conseil populaire, c'est justement Gourbangouly Berdymoukhammedov qui a sans doute le plus de chances de gagner et ce n'est pas que cet homme soit particulier et très différent des autres, mais sa candidature sera incontestablement soutenue par le ministère de la Sécurité nationale, par le ministère de l'Intérieur, par le ministère de la Défense et le Service de garde personnelle du président du pays", a relevé le politologue.

Selon Andreï Grozine, la future politique intérieure et extérieure du Turkménistan ne sera pas trop différente de la ligne pratiquée auparavant par le feu Turmenbachi.

"Nul doute que des déclarations seront faites sur la nécessité d'une réforme, tant dans la politique que dans l'économie, mais tous cela ne niera pas complètement l'héritage du Turkmenbachi", est-il persuadé.

Il y a quelques heures la session extraordinaire du Conseil populaire a clôturé ses travaux à Achkhabad qui s'étaient poursuivis pendant plus de quatre heures.

Le Conseil populaire se réunira le 14 février prochain pour entériner les résultats des élections présidentielles au Turkménistan. Conformément à la loi constitutionnelle sur le Conseil populaire, toutes les décisions adoptées part cet organe sont publiées le lendemain dans les médias.

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