RUSSIE-FRANCE : LE PARTENARIAT ENERGETIQUE

S'abonner
Nous poursuivons par un commentaire de Valentin Dvinine, qui analyse les rapports entre la Russie et la France en matière de ressources énergétiques.
Nous poursuivons par un commentaire de Valentin Dvinine, qui analyse les rapports entre la Russie et la France en matière de ressources énergétiques.
La tradition veut qu’on jette en décembre un regard rétrospectif sur les événements les plus mémorables de l’année qui s’achève. L’Agence France Presse vient de le faire, et parmi les premiers événements de sa « rétrospective internationale » elle a cité la coupure de gaz, imposée par la Russie à l’Ukraine, menaçant l’approvisionnement européen. Bien que le conflit gazier entre ces deux pays, dont les raisons sont purement économiques, n’ait pas eu le moindre impact sur les livraisons du gaz russe aux pays de l’UE, le thème de la menace à ces pays de la part de GAZPROM a été soulevé à longueur d’année par les médias européens, dont français. Même après que Moscou et Kiev ont entièrement réglé leurs rapports en cette matière.
Ainsi, dans son numéro du 19 septembre dernier le journal français « La Tribune » écrivait que l’ Europe doit craindre le puissant GAZPROM qui, selon les auteurs de l’article Emmanuel Greenspan et Jean-Christophe Ferraud, est capable d’avaler sans le remarquer n’importe quelle compagnie énergétique européenne, à commencer par le futur groupe « Gaz de France-Suez ». Fin novembre, le journal parisien « Le Monde » s’est opposé pour sa part à l’accès de la compagnie russe GAZPROM au marché de distribution de gaz français, qui risque, selon le journal, de conduire à une envolée de prix pour les consommateurs.
Le fait que le commentaire de rédaction du journal aussi solide publie de telles affirmations ne peut ne pas surprendre. Il ne faut pas être un spécialiste en économie pour comprendre que plus il y a de produits sur le marché, et moins ils deviennent chers et les prix plus stables.
Heureusement, écrit Valentin Dvinine, à la différence de certains journalistes, les décideurs européennes apprécient la situation et les perspectives de la coopération énergétique avec la Russie de façon plus réaliste. Il y a 3 semaines, aux termes d’un accord, signé à Moscou entre GAZPROM et la compagnie italienne ENI, le consortium russe fournira directement du gaz au marché italien. L’accord prévoit en échange la reconduction des contrats de livraison du gaz russe en Italie jusqu’en 2O35.
Il est également prévu de proroger la coopération de GAZPROM avec Gaz de France pour le même délai et aux mêmes conditions. C’est ce qu’a déclaré dernièrement au journal « Les Echos », organe des milieux d’affaires français, le vice-président du Conseil d’administration de GAZPROM Alexandre Medvédev. Notre pays assure depuis 3O ans les livraisons du gaz à la compagnie française, et la fiabilité du partenariat énergétique avec GAZPROM est à la base de la volonté de la France d’augmenter les importations du gaz russe, y compris les livraisons directes aux consommateurs français.
La production propre de Gaz de France ne représente aujourd’hui que 1O% du gaz qu’elle commercialise, et la part de la Russie dans ces livraisons est de 25%. C’est beaucoup moins que chez le consortium allemand « Ruhrgaz », qui importe de la Russie via GAZPROM 4O% du gaz consommé dans le pays. Néanmoins, même ces 25% du gaz russe dans le volume global des ventes de Gaz de France provoquent chez certains médias français des reproches concernant une trop grande dépendance vis-à-vis de la Russie.
Est-ce vraiment ainsi ? Pour évaluer objectivement la situation, poursuit Valentin Dvinine, il faut connaitre non seulement la part des livraisons russes dans le volume global de cette source d’énergie, consommée en France ou dans les pays d’Europe, mais aussi la part que représentent les exportations du gaz russe en Europe dans le montant de sa production en Russie.
Des chiffres concrets à ce sujet ont été cités au Forum international « L’énergie et la géopolitique », qui s’est tenu fin novembre à Nice. Il s’est avéré que la Russie exporte en Europe 67% de son gaz. Commentant ces chiffres, le secrétaire général de l’Académie des sciences de Russie Valéri Kostiouk a déclaré à Nice que la Russie dépend davantage de ses consommateurs européens qu’ils ne dépendent de leurs fournisseurs. Tels sont les faits, et l’on ne pourrait en disconvenir.
Qui et dans quel but met en effervescence les milieux publics européens, notamment français, par des élucubrations sur « l’expansion énergétique » de GAZPROM ? L’information, parue à la mi-novembre dans la version américaine du « Financial Times », met cette question en lumière. Selon le journal, l’OTAN craint que la Russie ne mette en place une sorte d’OPEP gazier, susceptible de renforcer les leviers de pressions de Moscou sur l’Europe. Dans ce contexte, écrit le journal, le comité économique de l’OTAN a dernièrement envoyé aux ambassadeurs des 26 pays membres un rapport confidentiel, qui affirme que la Russie s’emploie à créer un cartel gazier avec la participation de l’Algérie, de la Libye, de l’Iran et de plusieurs autres pays, afin d’utiliser sa politique économique pour atteindre des objectifs politiques. Sans se contenter de publier cette information, le journal annonce qu’il avait demandé des explications à Moscou. Et qu’en réponse à la question posée, le premier sous- secrétaire de presse du président russe Dmitri Peskov a déclaré : « Je pense que les auteurs de ces affirmations ne comprennent pas le fond de la position de la Russie en matière de sécurité énergétique. L’interdépendance des producteurs et des consommateurs est notre thèse principale. Nous dépendons dans la même mesure des consommateurs européens ».
Je ne pense pas que d’autres explications soient nécessaires. N’est-ce pas ?
Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала