Scaramella empoisonné, car bien renseigné sur les liens de sociétés italiennes avec le KGB

S'abonner
L'Italien Mario Scaramella, hospitalisé depuis vendredi à Londres, a affirmé mardi être victime d'un empoisonnement au polonium, car il en savait trop sur les liens entre de grandes compagnies italiennes et le KGB.
ROME, 5 décembre - RIA Novosti. L'Italien Mario Scaramella, hospitalisé depuis vendredi à Londres, a affirmé mardi être victime d'un empoisonnement au polonium, car il en savait trop sur les liens entre de grandes compagnies italiennes et le KGB.

"On m'a chargé de reconstituer les opérations financières et la stratégie économique de certaines compagnies italiennes de première importance qui ont largement investi dans les pays de l'Est", a-t-il déclaré dans une interview publiée mardi par le quotidien italien La Stampa.

M. Scaramella s'est toutefois abstenu de citer les compagnies en question "dans l'intérêt de l'enquête".

"Tout ce que nous avons pu découvrir est regroupé dans des milliers de documents. Certains sont très précieux, d'autres le sont moins, mais tous sont à la disposition de la commission Mitrokhine", une commission du Sénat italien chargée d'enquêter sur les activités présumées des services secrets de l'ex-URSS en Italie, a-t-il dit.

"Si quelqu'un souhaite trouver les causes de ce qui se passe actuellement, toutes les réponses sont là", a insisté cet ancien consultant de la commission Mitrokhine.

Dans une interview publiée mardi par un autre quotidien italien, La Repubblica, M. Scaramella a dit: "Tous les documents dont je parle sont à la disposition de la commission et donc du parlement italien".

Des experts italiens, citant les fragments d'une lettre électronique de M. Scaramella adressée à son avocat Sergio Rastrelli, estiment qu'il s'agit de machinations complexes réalisées par des compagnies italiennes pour accéder au marché russe. Ils pointent du doigt, notamment, l'existence d'une société financière autrichienne contrôlée par des hauts responsables du KGB.

Le parquet de Rome a demandé lundi au Sénat italien de lui présenter tous les dossiers assemblés par Mario Scaramella pour la commission Mitrokhine dirigée par le sénateur de Forza Italia, Paolo Guzzanti.

La presse italienne a publié la semaine dernière le décryptage des enregistrements de plusieurs entretiens téléphoniques entre MM. Scaramella et Guzzanti. Il suit de ce décryptage que M. Scaramella a été chargé de rassembler un dossier compromettant sur les liens présumés du KGB avec le premier ministre Romano Prodi.

Le président du Conseil italien s'est alors dit prêt à déposer une plainte en justice contre MM. Scaramella et Guzzanti pour "atteinte à sa dignité de citoyen et de représentant des intérêts de l'Etat".

Mario Scaramella est actuellement hospitalisé à l'University College Hospital de Londres après la découverte dans son corps de traces de polonium-210. Il était l'une des personnes rencontrées le 1er novembre dernier par l'ex-agent secret russe Alexandre Litvinenko décédé le 23 novembre des suites d'un empoisonnement présumé au polonium.

Interviewé dimanche dernier par la télévision italienne, M. Scaramella a indiqué que la dose de polonium détectée dans son organisme dépassait de cinq fois le seuil mortel. Les médecins britanniques ont pour leur part rassuré que le patient se sentait bien.

Dans son interview à La Repubblica, M. Scaramella a tenté d'expliquer ces informations contradictoires: "On m'a dit que Litvinenko était mort d'une dose de polonium qui dépassait de cent fois le seuil mortel. Ensuite, on m'a dit que mon corps contenait vingt fois moins de polonium que celui de Litvinenko. J'ai fait moi-même le calcul et décidé que ma dose de polonium dépassait de cinq fois le seuil mortel. Aujourd'hui, on me dit que puisqu'il n'y pas de symptômes d'empoisonnement, je devrais attendre les nouvelles analyses. Dans tous les cas, personne ne peut me dire ce qui va m'arriver à l'avenir".

Dans le même temps, l'avocat de M. Scaramella, Sergio Rastrelli, a affirmé mardi à une radio italienne que son client pourrait quitter l'hôpital mercredi.

Expliquant pourquoi il avait eu un rendez-vous avec Alexandre Litvinenko le 1er novembre, M. Scaramella a dit vouloir montrer à l'ex-officier des services secrets deux documents. "L'un d'eux contenait des informations alarmantes générales, le second relatait en détail une liste de personnes à éliminer", parmi lesquelles figuraient la journaliste Anna Politkovskaïa, l'ex-dissident Vladimir Boukovski, le sénateur Paolo Guzzanti et lui-même, a-t-il indiqué.

"Les meurtriers nous imputent à nous tous des liens avec Boris Berezovski (entrepreneur russe en exil à Londres poursuivi par la justice russe)", a précisé l'Italien. "Mais dans mon cas, ce n'est pas vrai, je n'ai jamais eu de contacts avec Berezovski. Je ne le connais pas personnellement, même si j'ai entendu parler de lui. Si je ne me trompe, le sénateur Guzzanti n'avait pas non plus de prises de contact avec lui", a indiqué M. Scaramella.

M. Scaramella avait expliqué plutôt que l'ex-agent russe l'aidait dans son enquête dans le cadre de la commission Mitrokhine.

Exilé en 2000 en Grande-Bretagne, Alexandre Litvinenko est décédé le 23 novembre à l'hôpital de l'University College de Londres. Les médecins ont découvert dans son corps des traces de polonium-210, une substance radioactive hautement toxique. L'enquête sur la mort de l'ex-agent russe a été confiée à la cellule antiterroriste de Scotland Yard.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала