CONGO : LE PRESIDENT EST ELU, QU’EST-CE QUI ATTEND LE PAYS ENSUITE ?

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La Commission électorale indépendante de la république démocratique du Congo a mis presque trois semaines à dépouiller le scrutin du deuxième tour des présidentielles qui ont eu lieu le 29 octobre.
La Commission électorale indépendante de la république démocratique du Congo a mis presque trois semaines à dépouiller le scrutin du deuxième tour des présidentielles qui ont eu lieu le 29 octobre. Le chef d’état actuel, Joseph Kabila, 35 ans, a été déclaré vainqueur de l'élection. Il avait obtenu un peu plus de 58% des voix. Son adversaire Jean-Pierre Bemba avait reçu 42% des voix. La différence entre les candidats constituait plus de 2,6 millions de voix. Joseph Kabila a gagné dans 10 provinces sur 11 du pays. Au premier tour, le 30 juillet, il avait reçu 7,5 millions de voix, au second – 9,4 millions. Quelques jours avant la diffusion des résultats du vote au premier tour, Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba ont signé un mémorandum où ils juraient d’accepter la victoire de l’adversaire et de ne pas entamer des actions mettant en doute les résultats du vote…
La Cour suprême de Justice (CSJ) chargée du contentieux électoral doit approuver les protocoles de la Commission électorale indépendante et annoncer le bilan officiel des élections le 30 novembre. Selon les règles, avant ce jour, le candidat malheureux a le droit à un recours contre ces résultats. Jean-Pierre Bemba a profité de ce droit et il a présenté à la Cour Suprême toute une liste de violations lors du suffrage dans certaines circonscriptions. Selon ses estimations, Kabila aurait reçu 1,4millions de voix en plus. La Cour suprême s’est trouvée dans une situation délicate. Quoique Kabila soit en avant par rapport à Bemba même si les accusations sont justifiées, elle est obligée à revérifier les résultats ou à annuler les élections. « Si cela a lieu, écrit notre observateur Alexeï Grigoriev, la RDC risque de se retrouver au seuil d’un chaos politique que le pays connaissait depuis les 40 années de son histoire postcoloniale, lorsque l’indépendance du pays fut déclarée le 30 juin 1960. » Le rejet par Bemba des résultats du vote risque de provoquer de nouvelles vagues de violence dans le pays, a dit l’archevêque sud-africain Desmond Tutu, Prix Nobel, à Bruxelles lors des Journées du développement, organisées par l’Union Européenne. « Il fallait être fou pour ne pas s’inquiéter », a-t-il dit. « Toute chose de ce genre peut exacerber la situation déjà difficile. J’espère beaucoup qu’ils vont accepter puisque la plupart des observateurs internationaux disent que les élections ont été libres et équitables », a-t-il ajouté. Un groupe important d’observateurs de l’UE a déclaré qu’il n’y avait pas de raison de parler des divergences significatives entre les résultats du deuxième tour des élections annoncés par la CEI et les données recueillies par les observateurs eux-mêmes. Dans le pays et au-delà de ses frontières, dans des capitales africaines et européennes on se rend compte : l’échec des élections qui devaient couronner une période de transition et apporter la paix et la concorde à la population comptant 60 millions, serait désastreux pour la RDC. L’Union Européenne a déboursé au moins 400 millions d’euros pour les élections. Pour assurer la sécurité et prévenir des désordres éventuels, Bruxelles a envoyé un contingent européen, 2200 personnes. Le Conseil de Sécurité de l’ONU a entrepris de gros efforts, ayant déployé 17,6 mille casques bleus dans les régions les plus « explosives ». Aux permanences électorales, 60 mille personnels des forces de l’ordre qui en comptent 80 mille, ont été mobilisés, ainsi que des unités de l’armée nationale. Pour la communauté africaine et une partie de communauté européenne, les élections au Congo – c’était une question de principe. La plus grande tâche aujourd’hui, c’est de ne pas permettre que les partisans du vice-président Bemba obligent la Cour Suprême à revoir les résultats. Tout le monde comprend qu’une telle décision est grosse de conséquences désastreuses pour le pays, dont le territoire est égal à celui de toute l’Europe Occidentale. La violence peut éclater à nouveau au Congo. Après le premier tour des élections, Kinshasa a déjà subi un état de siège lorsque les partisans de Bemba ont attaqué les forces de l’ordre. Seules, les forces européennes EUFOR ont su normaliser la situation dans la capitale du pays. Les chefs de l’EUFOR ont annoncé qu’ils étaient prêts à tout faire pour prévenir une nouvelle montée de tensions et de violence. Pourtant, cette menace existe car l’ancien vice-président accuse son rival des résultats truqués et veut les contester. Le président Joseph Kabila est intervenu à la télé nationale pour appeler la population à reconnaître le bilan des élections. Compte tenu du haut pourcentage des partisans de Bemba, il a proposé à celui-ci de former un gouvernement de coalition. On saura dans les journées squi nous séparent du 30 novembre, lorsque la Cour Suprême devra diffuser officiellement les résultats du vote, si la cérémonie de l’inauguration du président Joseph Kabila aura lieu comme prévu le 10 décembre ou si le Congo devra s’attendre à une nouvelle vague de conflits. Paradoxe : tout dépend des ambitions d’une seule personne – Jean-Pierre Bemba. On ignore ce qu’il fera si la décision de la Cour Suprême ne l’arrange pas.



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