La situation au Proche-Orient au coeur des futures négociations Prodi-Moubarak en Egypte

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ROME, 20 novembre - RIA Novosti. Le premier ministre italien, Romano Prodi, va effectuer lundi et mardi une visite en Egypte où il aura des négociations avec le président Hosni Moubarak, de source officielle.

Les négociations entre Romano Prodi et Hosni Moubarak porteront principalement sur la situation au Proche-Orient.

"Il s'agira de ces défis et thèmes majeurs auxquels l'attention de la communauté internationale est attirée ces derniers temps. La priorité y sera accordée aux questions de la paix et de la stabilité au Proche-Orient, à commencer par le problème palestinien dans le règlement duquel l'Egypte joue un rôle très important. Quoi qu'il en soit, nous allons aussi nous entretenir du Liban, de l'Irak, de l'Iran et du Darfour, ainsi que du dialogue entre l'Europe et les autres pays de la Méditerranée, sans parler déjà de nos relations bilatérales", a déclaré Romano Prodi dans une interview accordée au journal italien La Repubblica à la veille de cette visite en Egypte.

Le chef du gouvernement italien a souligné que l'Italie cherchait à renforcer le rôle de l'Organisation des Nations Unies et de l'Europe dans la région. Et d'ajouter que c'est justement grâce à leur participation que le règlement de la crise de l'été dernier au Liban a été possible. "Nous entendons poursuivre ce travail et ce, pour créer les meilleures conditions pour la reconstruction du pays et le règlement de ces collisions politiques fondamentales qui affectent le Liban lui-même et ses relations avec les Etats limitrophes, et avant tout Israël et la Syrie", a raconté M. Prodi.

"L'important y est de mener le dialogue en sorte que tous les préjudices en soient exclus", a estimé le premier ministre italien, tout en signalant que, dans bien des cas, les leaders des pays de la région ne communiquent tout simplement pas entre eux.

"Il faut profiter du moment quand tous sont unanimes quant à la nécessité de régler la crise libanaise sur la base de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU et d'élargir la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et ce, pour s'occuper par la suite de la question palestinienne qui ne souffre aucun délai", est persuadé M. Prodi.

Selon ce dernier, il est nécessaire de revenir au dialogue, d'aider le président palestinien à recevoir enfin un gouvernement d'union nationale.

De son côté, le président de l'Egypte, Hosni Moubarak, a déclaré, dans une interview au quotidien italien Corriere della Sera, qu'après sa récente rencontre avec le chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, il avait toutes les raisons de supposer que "les Palestiniens étaient proches de conclure un accord sur la mise en place d'un gouvernement d'union nationale qui puisse bénéficier d'une reconnaissance internationale et mettre fin à l'actuel blocus", gouvernement qui soit ouvert aux négociations avec les Etats-Unis, l'Union européenne (UE), l'ONU et la Fédération de Russie.

"Tous les groupements palestiniens doivent intervenir à partir d'une seule et unique position et ce, au nom des intérêts de leur propre peuple aux souffrances duquel un terme doit être mis", a souligné M. Moubarak.

Et d'ajouter que si le gouvernement palestinien approuve tous les accords signés auparavant par l'Autorité palestinienne, cela signifiera automatiquement la reconnaissance de l'Etat d'Israël, ce qui constitue, à son tour, une condition sine qua non pour les Israéliens.

Romano Prodi a signalé la préoccupation de l'Italie face à la situation en Afghanistan. "Nous devons y réorienter en quelque sorte nos priorités stratégiques, tout en attachant de plus en plus d'importance aux aspects économiques et au redressement du pays. Nous nous rendons bien compte de l'impossibilité de résoudre les problèmes de ce pays au moyen des opérations militaires", a poursuivis le chef du gouvernement italien.

Quoi qu'il en soit, a déclaré M. Prodi, on ne peut pas "reculer" en Afghanistan. "Nous n'avons guère l'intention de rendre l'Afghanistan au pouvoir tyrannique des talibans ni de permettre aux terroristes et aux trafiquants de drogue de faire la loi dans ce pays", a souligné M. Prodi.

Abordant le problème des relations entre les pays d'Occident et l'islam, le premier ministre italien a prôné le dialogue. "On doit se connaître mieux les uns les autres, multiplier les échanges d'étudiants, d'enseignants et d'universités, intensifier la coopération économique. Il faut mener un vrai dialogue car j'ai bien l'impression que la plupart des problèmes auxquels nous sommes confrontés à présent sont dus au fait que, dans bien des cas, le dialogue est tout bonnement inexistant", a estimé le chef du gouvernement italien.

Pour sa part, le président de l'Egypte a relevé que la situation en Irak serait également évoquée aux négociations.

"Si les forces de la coalition se retirent de ce pays dès à présent, la situation n'y manquera certes pas de s'aggraver. Si les troupes y restent, la résistance se poursuivra... Le rétablissement de l'armée et des forces de sécurité irakiennes, tout comme la réconciliation nationale, pourraient évidemment ouvrir la voie au retrait progressif des troupes étrangères et au règlement de la crise actuelle", est l'avis de Moubarak.

Le président égyptien s'est aussi prononcé pour la poursuite des négociations avec l'Iran sur l'actuelle crise nucléaire, tout en soulignant que l'unique moyen de désamorcer cette crise passe par un dialogue et lui seul.

"Si l'on décide d'y recourir à la force militaire, je crains que cela ne débouche sur des conséquences bel et bien catastrophiques qui puissent bien déborder le cadre du Golfe et même celui de toute la région du Proche-Orient", a dit M. Moubarak.

Ce disant, le président de l'Egypte a tenu à rappeler que l'exploitation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques est garantie par tous les pays signataires du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). "Le Proche-Orient doit devenir une zone libre de toute arme de destruction massive (ADM), et une politique de "deux poids, deux mesures" n'y est pas de mise, tout comme l'utilisation de cette situation à des fins politiques est parfaitement inacceptable", a déclaré Hosni Moubarak.

Parlant de la lutte contre le terrorisme international, le président de l'Egypte a tout particulièrement insisté sur la nécessité "d'actions concrètes" dans cette lutte.

"C'est la raison pour laquelle j'exhorte déjà depuis de longues années à la convocation d'une conférence internationale sur cette question sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies. La lutte contre le terrorisme ne sera couronnée de succès que quand nous nous mettrons enfin à analyser sérieusement et sans tarder les origines de ces injustices qui provoquent et attisent le mécontentement populaire, tout en offrant des prétextes et des justifications au renforcement du terrorisme international", a conclu le président de l'Egypte.

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