Sergueï Markedonov est chef du département des relations internationales à l'Institut d'analyse politique et militaire (Russie).
Vendredi, le ministre du Développement économique et ex-ministre de la Défense de Géorgie, Irakli Okrouachvili, a présenté sa démission. Il n'a dirigé le ministère géorgien du Développement économique que pendant une semaine.
"Par sa démission, Irakli Okrouachvili a montré qu'il était prêt à mener un jeu politique indépendant. Le ministre de la Défense est un poste clé lorsque la ligne stratégique du pays est de rétablir son intégrité territoriale, alors que le poste de ministre du Développement économique est pareil à celui du ministre de l'Agriculture à l'époque de l'URSS", a fait remarquer le politologue.
Selon Sergueï Markedonov, Okrouachvili ne tient sans doute pas du tout à intervenir en sauveur de l'agriculture géorgienne, mais se propose de toute évidence de jouer son propre rôle politique indépendant".
"Il est difficile de prédire dès à présent s'il y ira loin. C'est que les premières réactions de l'ancien ministre d'Etat de la Géorgie pour le règlement des conflits, Gueorgui Khaïndrava, avaient été, elles aussi, très émotionnelles de sorte que beaucoup avaient espéré à l'époque qui se mettrait en tête de l'opposition, et encore plus tôt, la démission de Salomé Zourabichvili avait été accompagnées de manifestations de masse et permettait, elle aussi, d'espérer que Mme Zourabichvili deviendrait peut-être une vedette de la politique géorgienne. Quoi qu'il en soit, il n'en est rien. Pour ce qui est d'Okrouachvili, qui vivra verra", a noté l'expert.
Or, Sergueï Markedonov n'exclut pas qu'Okrouachvili passe dans l'opposition au président de la Géorgie.
"Il a sa cote de popularité. Irakli Okrouachvili reste l'un des hommes les plus riches de Géorgie. Il est toujours très respecté au sein des structures de force du pays. Tout cela joue incontestablement en sa faveur. Si Saakachvili commet des erreurs, Okrouachvili pourra bien essayer d'en profiter", est l'avis du politologue russe.
Somme toute, est persuadé Sergueï Markedonov, cette démission ne promet rien de bon tant à la Russie qu'à l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, car "le passage éventuel d'Okrouachvili dans l'opposition risque de radicaliser encore plus Saakachvili".
(L'Abkhazie et l'Ossétie du Sud sont des républiques autoproclamées sur le territoire de la Géorgie - ndlr.)
